Déclin commercial de la 1re Avenue (2) : point de vue de commerçants (1 de 2)

Coin 12e Rue, face au désormais incontournable Chez Mme Charlotte, Alimentex monte la garde depuis quatre décennies sur la 1re Avenue. Son coloré propriétaire est un pionnier du domaine de l’alimentation naturelle et biologique à Québec. Toujours aussi actif à 85 ans, Henri-Louis Gagnon confie qu’il cherche depuis peu à vendre son commerce en lorgnant surtout des acheteurs européens, histoire de clore sur un bon pied sa fructueuse carrière.

J’ai démarré sur la 1re Avenue en septembre 1969. Ma clientèle en était une de gens ne trouvant pas de solutions à leurs problèmes de santé, raconte celui qui se qualifie dans son franc-parler de rempart contre la médecine chimique. Mes premiers patients venaient de l’Ancienne-Lorette. J’ai donné à l’époque plus de 250 conférences dans la région, surtout aux Cercles des fermières : la santé, c’était surtout une affaire de femmes… De l’autre côté de la rue, il y avait trois commerces dont une pizzeria alors que nous, on vendait des aliments naturels. Avec l’aide de mes enfants, j’ai acheté la bâtisse en 1979, incluant la maison du haut. À la fin des années 1980, à ma plus grosse année, il y a eu jusqu’à 88 000 personnes à la caisse… »

« L’artère la plus importante de Limoilou »Pour Henri-Louis Gagnon, la 1re Avenue, c’est LE cœur du quartier. « La 3e Avenue ne débouche pas, alors que la 1re, elle, se rend jusqu’à Chicoutimi! C’est l’artère la plus importante de Limoilou… » Le volubile personnage évoque sa nostalgie du tramway, les belles années commerciales de la 1re Avenue : « Il y avait ici beaucoup de vendeurs d’automobiles, comme Montcalm et Chrysler… »Depuis quelque temps, M. Gagnon voit bien que le paysage urbain du coin se transforme : en face, une quincaillerie vendue, à côté, le Pavois qui déménage… Le naturopathe n’ose s’aventurer dans une explication savante de cette mouvance. Mais il aborde d’entrée de jeu un sujet délicat : la présence de « poqués de toutes sortes ». Ces derniers nuiraient-ils à l’image de la 1re Avenue? Il n’est pas le seul à le penser. En face, Charlotte Morel accueille depuis 2006 une fidèle clientèle « vendue » à sa cuisine familiale, surtout des employés de l’hôpital Saint-François d’Assise et des visiteurs de l’extérieur de Limoilou. Citoyenne engagée de longue date mais lucide, elle souligne que des clients se méfient d’individus « traînant » dans le voisinage de son restaurant. Ils habiteraient des « maisons de chambres » sur la 1re Avenue.Henri-Louis Gagnon croit d’autre part que la municipalité pose trop d’obstacles aux commerçants. Il évoque entre autres un refus pour agrandir d’un étage.« Aussi, quand j’ai voulu faire des rénovations extérieures, un fonctionnaire de la Ville m’a dit que ça n’avait pas d’allure… J’ai demandé l’avis d’un autre, et pas de problèmes! Par contre, j’ai toujours eu l’argent que je voulais : quand un gars veut progresser, il y a toujours une caisse ou une banque pour l’appuyer. Vous savez, j’ai une maîtrise en sciences commerciales, et dans ma tête, je calcule tout le temps! », ajoute M. Gagnon qui n’a décidément pas la langue dans sa poche. Comme sa voisine d’en face, d’ailleurs : « On dirait que la Ville a décidé qu’elle ne veut plus de commercial sur la 1re Avenue! », tranche Charlotte Morel. La restauratrice suggère que celle-ci devrait subventionner la rénovation des façades et pourquoi pas, allouer un petit budget dans un projet visant à engager sur une base volontaire « ceux qui traînent » pour des petits travaux d’embellissement des abords de l’artère.[ Suite et fin demain. Billet précédent relatif à ce dossier : La dynamique urbaine en cause? ]

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