Qualité de l’air dans Limoilou : entrevue avec le ministre Yves-François Blanchet

Yves-François BlanchetC’est au trentième étage du Complexe G que me donne rendez-vous Yves-François Blanchet, le ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, pour discuter de l’épineux dossier de la qualité de l’air et des poussières dans le quartier Limoilou. En entrant dans son bureau, on est immédiatement frappé par la beauté de la vue sur Québec et Limoilou, mais aussitôt que l’on se retourne quelque peu vers la gauche, on se rend compte que le ministre a quotidiennement une vue imprenable et entière sur le port de Québec. Croyez-moi, à partir de cet endroit, impossible d’oublier le dossier de la poussière!Rapidement, nous abordons le sujet de la motion qui a été déposée mardi à l’Assemblée nationale et qui a été refusée par les libéraux. Le ministre croyait qu’il était temps de demander des réponses et de l’action du côté d’Ottawa et de faire respecter nos droits, trouvant inquiétant le prétexte de la juridiction pour empêcher le Ministère de faire son travail.

Imaginons un véhicule d’urgence, un camion de pompier, qui arrive sur place et qu’on lui refuse l’entrée parce que le terrain est de juridiction fédérale, c’est inacceptable », me confie t-il d’emblée.

Selon un article publié dans La Presse, il semblerait que les libéraux trouvaient le ton de la motion un peu trop fort pour l’appuyer. En réponse, le ministre nous affirme qu’elle n’avait pourtant rien de bien «méchante». Voici la fameuse motion :« Que l’Assemblée nationale déplore le manque de collaboration et les entraves imposées par l’administration du Port de Québec et par certaines entreprises à l’encontre des inspecteurs du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, prétextant une juridiction du gouvernement fédéral.  Que l’Assemblée nationale demande au gouvernement du Canada et à l’autorité du Port de Québec de donner immédiatement et sans condition l’accès aux inspecteurs du MDDEFP sur le site du port, afin de protéger la santé et la sécurité des citoyens de Québec et de Limoilou. »Selon le ministre, les libéraux croient au fédéralisme et ils ont confiance qu’Ottawa fera le travail. Il comprend cette ligne de parti, mais précise qu’Ottawa ne fait pas les efforts nécessaires actuellement pour faire avancer le dossier et qu’il est de son devoir de ministre de réagir.

Pourquoi vous impliquer dans ce dossier à ce stade, alors qu’il avait été mené par Agnès Maltais jusqu’à maintenant?

Une grande ville comme Québec profite d’une ministre responsable qui défend plusieurs dossiers à la fois qui concernent différents ministères. Par contre, lorsque les enjeux se précisent, il est du devoir du ministre de prendre le relais. De plus, des interventions dans d’autres dossiers, dont celui de Lac-Mégantic, m’en ont écarté quelque peu. Par contre, le 8 octobre dernier, lorsque deux inspecteurs du Ministère ont dû rebrousser chemin après s’être fait barrer la route et refuser l’entrée au port, c’est là que j’ai voulu prendre définitivement le dossier en main.Le député local a aussi un rôle de chien de garde à jouer. D’ailleurs, je me questionne franchement sur le mutisme du député libéral de Jean-Lesage André Drolet depuis le début de ce débat. Il s’en remet probablement à la ligne de parti. »

Est-ce que le Ministère a une vision globale ou un plan pour l’ensemble des zones mixtes du Québec, résidentielles et industrielles, comme le quartier Limoilou?

Oui, mais il faut commencer par connaître toutes les données scientifiques qui entourent les polluants dans les zones industrielles, c’est la responsabilité et le désir du Ministère. Le Québec a toute l’expertise nécessaire pour mesurer et ensuite analyser ce qui se passe dans les entreprises. Le Ministère a aussi fait preuve d’une très grande transparence. Pour aller plus loin, il faudrait soit engager un grand nombre de personnes nouvelles au Ministère, soit engranger des sommes importantes pour faire faire les analyses par des consultants. Évidemment, au gouvernement et dans l’opinion générale, l’argent est le nerf de la guerre. La solution : ce sera aux entreprises de payer pour cela! Il faudra ensuite s’assurer d’avoir les moyens pour obtenir les clés du cadenas pour entrer quand on veut pour inspecter! »

Qu’est-ce qui arrivera si « monter le ton » ne donne rien, si Ottawa continue à faire la sourde oreille?

On s’en remet à la démocratie. Ce sont les citoyens qui finissent toujours par avoir le dernier mot. »

Quelle réponse donnez-vous à ceux qui vous accusent de vouloir créer des « chicanes » tel qu’entendu lors du débat local à Limoilou?

Mais qu’est-ce que je peux bien faire, je dois cesser mon travail? Je dois demander des comptes à Ottawa si je n’ai pas de réponses, je ne resterai pas là assis les bras croisés, pas question! Je ne baisserai pas le ton tant qu’on n’aura pas la certitude qu’on pourra inspecter sans problème, on ne lâchera pas! D’ailleurs je trouve qu’on utilise le terme chicane à outrance en politique dernièrement.»

Il ajoute que son rôle reste au niveau de l’environnement.

 Si le débat devait se rendre jusqu’à un conflit juridique entre le Québec et Ottawa, ce serait alors à Alexandre Cloutier, le ministre responsable des Affaires intergouvernementale de prendre le relais ».

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À la sortie de cette fructueuse rencontre, j’en conclus que Yves-François Blanchet a su répondre avec beaucoup de patience et de précision aux inquiétudes qui rongent le quartier. De l’autre, il a su aussi être très pédagogue en détaillant le fonctionnement des institutions démocratiques que l’on ne connaît pas nécessairement parfaitement.Chose certaine, avec la vue que le ministre a de son bureau, on peut être sûr qu’il ne quittera pas du regard les activités du Port de Québec.

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