Un train de banlieue nommé Limoilou

Chemin de fer
Chemin de fer dans l’axe du boulevard des Capucins, à la hauteur de la White Birch, direction NO et SE (à droite, vers la gare du Palais). 28 mars 2016.

Alors que les problèmes de congestion à Québec (notamment autour du Centre Vidéotron) font couler beaucoup d’encre, la Ville refuse de voir ou d’étudier tout le potentiel de certaines infrastructures déjà en place, comme les voies de chemin de fer. Un train de banlieue au cœur de la ville et de Limoilou apparaît pourtant comme une véritable option de mobilité durable.

Bien que cette idée fasse son chemin depuis un certain temps au sein de notre équipe éditoriale, c’est Michel Granger, vice-président programmation de Québecor Groupe Sport et divertissement, qui a récemment amené le débat sur la place publique. Malheureusement, l’idée, immédiatement rejetée du revers de la main par le maire Régis Labeaume lui-même, est passée un peu inaperçue à Québec.

Le « fameux » troisième lien entre la Rive-Nord et la Rive-Sud

Pourtant, il s’agit là d’une vraie bonne idée pour offrir des alternatives aux navetteurs Rive-Nord/Rive-Sud, en plus de desservir bon nombre de générateurs de déplacement. À l’heure où plusieurs réclament à grand frais la construction d’un troisième lien automobile entre la Rive-Nord et la Rive-Sud, l’option d’un train de banlieue mérite d’être considérée. Des villes beaucoup moins populeuses comme Mont-Saint-Hilaire, Saint-Jérôme, Candiac, Delson ou Saint-Bruno-de-Montarville ont des gares de train de banlieue qui fonctionnent à plein régime.

train-banlieueLors du chantier Québec 2050, organisé par l’Institut de développement économique de Québec, j’avais personnellement souligné la nécessité de multiplier les modes de transport alternatifs, en évoquant notamment l’idée d’un train de passager journalier sur le Pont de Québec. « Trop difficile à mettre en place », semblait-on dire.Or, le débat sur la propriété du Pont de Québec aurait de quoi faire pencher la balance : dans un contexte où son entretien revient fréquemment à l’avant-scène, nos décideurs publics devraient songer à réorienter cette infrastructure comme un bien public. Après tout, si les contribuables finissent par payer pour l’entretien d’un bien privé, il serait logique d’en retirer des compensations : voilà une piste de négociation intéressante.Un lien ferroviaire entre les deux rives permettrait en outre d’alléger la charge sur les autoroutes et favoriserait une meilleure gestion des accès aux heures de pointe. En ce sens, il serait complémentaire au SRB (Service rapide par bus) projeté, donnant un meilleur accès aux résidents à l’ouest de la rivière Chaudière et en provenance du sud, et desservant des pôles d’emplois qui ne le seront pas par le SRB.

Un circuit déjà intégré à la trame urbaine… et à l’histoire

En étudiant attentivement le tracé actuel de la voie de chemin de fer, on se rend rapidement compte à quel point certaines gares pourraient être positionnées à distance de marche de pôles de déplacement importants de la capitale. Parmi ceux-ci, notons le ministère du Revenu, le Parc technologique et le parc industriel Jean-Talon (plus de 20 000 emplois), le centre commercial Place Fleur-de-Lys, le Centre Vidéotron, le Cégep Limoilou et tous les espaces administratifs situés à distance de marche de la gare du Palais (palais de justice, SAAQ et autres). C’est donc une quantité de navetteurs impressionnante qui pourraient être tentés d’emprunter ce train de banlieue à partir de gares ou de stationnements incitatifs sur la Rive-Sud de Québec (Charny, Saint-Romuald, Saint-Rédempteur ou autre).

Boulevard des Capucins, quartier Limoilou.Par ailleurs, en plus de certaines gares qui sont toujours debout (Sainte-Foy, Charny, etc.), la présence du chemin de fer est liée à l’histoire du développement de Québec et des quartiers comme Limoilou. Par exemple, l’ancienne gare située au coin Des Capucins/Canardière, longtemps en place, desservirait aujourd’hui le Cégep Limoilou, et aussi l’hôpital de l’Enfant-Jésus puisqu’elle permettrait la correspondance avec le parcours 800.Force est d’en convenir : les solutions durables aux problèmes de congestion routière passent par un transport en commun à décliner en plusieurs modèles. Il est inacceptable de penser que ce n’est qu’en 2025 que nous pourrons voir apparaître un mode de transport en commun de grande capacité à Québec.Photo « La Gare Limoilou, dans le Vieux-Limoilou, 4 février 1964 » – Crédit : Jocelyn Paquet, Les Archives du photographe.

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