Dans la foulée de la version bonifiée de son Programme d’intervention et de revitalisation des ruelles du Vieux-Limoilou, la Ville de Québec a donné à Votepour.ca le mandat d’accompagner les résidents de la ruelle située dans le pourtour de l’école Saint-Fidèle afin de réaliser une « ruelle-démonstration ». Rencontre avec l’équipe de conception afin d’en savoir plus sur le projet et son avancement.
La ruelle est située entre la 11e et la 12e Rue, entre la 3e et la 4e Avenue. Un choix stratégique alors qu'elle regroupe une belle multiplicité d'acteurs – citoyens, commerçants, établissement scolaire –, ce qui permettra d'en explorer tout le potentiel à la lumière des possibilités offertes par le Programme d'intervention modifié. Celui-ci se trouvera ainsi exemplifié dans cette ruelle de démonstration, que les résidents du quartier pourront découvrir en fin d'été.
Déjà, plusieurs rencontres ont été effectuées, sous la supervision de Votepour.ca, en collaboration avec la Ville de Québec. Question d’informer les citoyens d’abord, puis de les solliciter – tant pour leurs idées que pour leur participation active, au sein d’un comité de projet. Les divers usagers de la ruelle ont également été interpellés.
Interroger les usages
Ateliers, échanges, discussions… L’initiative s'est amorcée par des interrogations, afin de s’assurer que le projet serait en adéquation avec les besoins et réalités de ses usagers immédiats.
À ceux-ci, d'abord, on a demandé : quelles sont les dynamiques propres à la ruelle ? Quels moyens de transit doivent y être maintenus ou renforcés ? Quelle vision ont-ils de la ruelle ?
L’idée est de développer des interventions à partir des habitudes des gens. Si les gens s’en servent d’abord pour le stationnement, par exemple, alors c’est ça qui doit être le point de départ de la conception », précise Marc Jeannotte, cofondateur de Votepour.ca.
Ensuite, il s’agira de voir si les aménagements proposés ont les effets escomptés, relativement aux usages actuels de la zone ciblée. Quel impact y a-t-il sur la circulation si l’on bloque un accès à la ruelle ? Ou si l’on réduit la superficie offerte au transit automobile sur les artères qui la composent? À partir d’aménagements temporaires, certaines hypothèses pourront être facilement testées.
Par exemple ? Un tube plastique peut être placé dans une zone ciblée pour un verdissement. « Si, lors de déplacements ou en se stationnant, des résidents touchent le tube, c’est peut-être qu’il y a un problème quant à l’espace choisi », illustre M. Jeannotte.
Si l’objectif est d’atténuer la circulation automobile, il faudra alors préconiser des aménagements allant en ce sens. Si l'on veut créer un espace de vie, de socialisation dans la ruelle, il faudra plutôt cibler la meilleure zone d’ensoleillement pour des aménagements.
Et ensuite, il s’agira de voir quels usages mettre en priorité dans cet espace : agriculture urbaine, compost, espace pour pique-niques...
Mettre à profit les élèves de l’école Saint-Fidèle

Déjà, le projet est bien amorcé. Deux ateliers de cocréation ont été réalisés autour de la ruelle. L’un en fin d’année scolaire, mené avec 75 élèves de l’école Saint-Fidèle.
L’identité de cette ruelle est liée à la présence de la cour d’école, des enfants. Il fallait se questionner sur leur rapport avec cet espace, même si, en tant qu’élèves, ils ne peuvent que voir la ruelle, mais pas aller y jouer », explique Sébastien St-Onge, consultant en environnement et urbanisme et coordonnateur du projet pour Votepour.ca.
Deux dessins ont ainsi été demandés aux élèves : un premier détaillant la ruelle telle qu’elle est actuellement et leur perception de celle-ci ; un second présentant leur « ruelle de rêve ».
Parmi les éléments qui en sont ressortis : la clôture, omniprésente dans la cour de l’école.
Elle revenait constamment dans leur imaginaire. Il nous est clairement apparu que celle-ci doit constituer une interface entre la ruelle et la cour d’école.
Cocréation avec les résidents du secteur
La seconde rencontre de cocréation concernait les résidents du secteur.
Parmi leurs constats ? Ils souhaitaient limiter la circulation de transit. Bonifier le sentiment d’intimité de la ruelle. Transformer l’espace en milieu de vie plutôt qu’en lieu de déplacement. Entre autres éléments.
Et dans un contexte comme celui-là, il faut dire également que faire le choix de fermer certains espaces à la circulation automobile va représenter un gain d’espace important pour la ruelle comme milieu de vie », fait valoir Marc Jeannotte.
Il s’agira donc d’abord de bien qualifier les espaces, leurs usages. Ensuite, de faire le choix esthétique et pratique, en matière de végétation, notamment. « Est-ce qu’on cherche des éléments qui sont faciles à entretenir, par exemple ? » poursuit le cofondateur de Votepour.ca.
Il faut dire d’ailleurs que l’adhésion – à long terme – de ces résidents sera cruciale pour le maintien et la pérennité de l’initiative.
La Ville de Québec, par le biais de son programme révisé, offre un levier pour mettre de tels aménagements en place, mais il reste que la principale condition de succès liée à de tels aménagements, c’est l’adhésion des résidents de l’endroit. Est-ce que dans trois, quatre, six ans, ils continueront à l’entretenir, à l’utiliser ? » lance-t-il.
Esprit de démonstration
Actuellement, les curieux peuvent aller consulter des panneaux, placés dans les environs de la ruelle-démonstration, afin d’en connaître les paramètres.
Il faut que les gens abordent le projet qu’on mène à travers leur filtre, qu’ils voient s’il y a des choses qui leur parlent dans les préoccupations et possibilités qu’on met de l’avant, si le travail qu’on fait peut être adapté, en tout ou en partie, à leur milieu de vie », observe Sébastien St-Onge.
En parallèle, l’équipe de Votepour.ca documente l’ensemble du processus réalisé avec les résidents du secteur touché par la ruelle de démonstration sur le portail Web jaimemaruelle.ca.
Les résidents du Vieux-Limoilou seront également invités à venir découvrir les réalisations et aménagements effectués dans la « phase un » du projet dès la fin de l’été.
Favoriser la participation citoyenne
Connu surtout pour son travail de consultations publiques, qu’est-ce qui a amené Votepour.ca à solliciter le mandat d’accompagnement de la ruelle de démonstration ?
Notre mission, c’est de partir de la participation citoyenne pour aller vers la mobilisation citoyenne », explique Marc Jeannotte.
Après avoir fait connaître leurs visées et préoccupations dans le cadre d'une consultation antérieure menée par Votepour.ca à la demande de la Ville de Québec, les citoyens sont donc maintenant appelés à se mobiliser autour de ce projet qui, d'ailleurs, valorise leur expertise – « après tout, chaque citoyen est un expert de son milieu de vie », remarque Sébastien St-Onge.
Pour l’organisme, la ruelle reste un « objet de design » fort intéressant.
Comparativement aux rues, où tout est très normé, avec la ruelle, tu as un espace où c’est possible d’aller expérimenter – aux côtés de la Ville et des citoyens – pour voir quel usage faire de l’espace, comment l’organiser », conclut-il.