« Être jumeau, c’est vivre son enfance au pluriel »

Auteur de D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs, Denys Hawey partage pour nos lecteurs ses souvenirs de jeunesse. Cette fois, cela c'est passé dans le Vieux-Limoilou un certain 11 septembre…

« Être jumeau, c’est vivre son enfance au pluriel » | 6 juin 2021 | Article par Monlimoilou

Mosaïque de Denise et Jean-Pierre Hawey avec les jumeaux Richard et Denys.

Crédit photo: Archives de la famille Hawey

Auteur de D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs, Denys Hawey partage pour nos lecteurs ses souvenirs de jeunesse. Cette fois, cela c’est passé dans le Vieux-Limoilou un certain 11 septembre…

Ma conjointe me fait souvent remarquer que, lorsque je raconte des événements vécus dans ma jeunesse, je ne les raconte jamais dans la forme du « je », mais plutôt en utilisant le « nous ».

Effectivement, je suis né jumeau, quelques minutes après mon frère, Richard. Nous sommes nés un 11 septembre, en 1954.

Denise, en convalescence à la maison, suite à la naissance des jumeaux.
Crédit photo: Archives de la famille Hawey

Près d’un demi-siècle avant la catastrophe du 11 septembre 2001, avant la destruction des tours jumelles, le 11 septembre 1954, c’était le tour de la catastrophe des jumeaux Hawey!!

Mes parents ne l’avaient pas trouvée drôle. Ma mère, Denise Lemire, avait failli y laisser sa peau. On lui avait administré les derniers sacrements à plusieurs reprises dans les jours qui avaient suivi.

La jeune femme entêtée s’était auparavant fait dire qu’elle ne pourrait jamais avoir d’enfants. On lui avait expliqué qu’elle avait l’utérus inversé. Ce n’était pas bien connaître Denise que de lui dire, à 21 ans, qu’elle devait mettre un « X » sur la maternité.

Denise avait donc analysé la situation et elle avait imaginé un plan :

« Si nous faisions l’amour et que, dès après, je me positionnais la tête en bas et les pieds en l’air, sur le mur, il y a de fortes chances qu’après m’être relevée, la semence trouve son chemin. »

Contre toute attente, Denise s’était retrouvée enceinte, quelques mois plus tard!

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Le problème, c’était que son gynécologue n’avait pas inscrit cette particularité à son dossier. Quand Denise s’était présentée à l’hôpital Saint-François d’Assise pour accoucher, le toubib était occupé à recevoir des amis dans sa résidence secondaire de Lac-Beauport.

L’attente avait été interminable, jusqu’à ce qu’on réalise la complexité de la situation et qu’on se retrouve en sérieux déficit sanguin. Déjà « nous » avions vu le jour et mon père, Jean-Pierre, s’était fait annoncer qu’il se retrouverait très probablement à la fois veuf et père de deux garçons.

Époque oblige, les religieuses lui avaient fait valoir deux options : ou bedon, il prenait une hypothèque à vie pour payer les frais médicaux, ou bedon, il obtenait qu’une cinquantaine de personnes acceptent de donner de leur sang, ce qui effacerait sa dette. Après plus de 200 donneurs, les religieuses avaient supplié mon père de passer le mot dans son réseau social qu’on ne pouvait plus accepter de donneurs.

Legs pour ses deux enfants et leurs propres enfants, D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs a fait l’objet d’un article sur Monlimoilou. Son histoire de famille et de vie de jeunesse, racontée en 426 pages enrichies de photos, est disponible exclusivement à la Librairie Morency.

Souvenir précédent : Notre enfance à Limoilou.

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