Les chroniques de Marjorie (3) – Les 5 sens à Limoilou
L’Ouie
Pelles, bulldozers et autres monstres du bitume ont pris possession de ma rue. La semaine, c’est bruyant, mais dès que vendredi 16 h a sonné, ça devient la rue la plus tranquille du quartier ! Aucune voiture. Le silence quasi complet. C’est la campagne, ou la lune. Je vous jure, sans le bruit incessant des voitures, on découvre d’autres sons. Saviez-vous que les oiseaux limoulois ne chantent pas seulement à 5h du matin le dimanche pour vous réveiller le lendemain d’une solide cuite ? Saviez-vous que le vent signale sa présence en ville, comme en campagne, en chiffonnant les feuilles et que cela créé un bruit fort intéressant du genre crrrichhhhhhhhhhhh, mais doux ?
La Vue
Avec le retour du printemps, les cordes à linge ont repris du service. Des bas, des bobettes, des guenilles, des brassières, des t-shirts, des jupes, alouette ! J’adore voir les vêtements ou les draps pendouiller au dessus des ruelles. Je me plisse les yeux et en y pensant fort, fort, fort, j’arrive à sélectionner l’option “grayscale” de mes cônes et bâtonnets. Ce qui fait que je me retrouve automatiquement en 1961, où sur plus de 64 000 habitants, ils étaient près de 25 500 enfants à courir dans les ruelles de Limoilou. En 2006, ils étaient moins de 5000. Aujourd’hui, ce sont les chars qui courent les ruelles.
Le Goût
Les gars de la construction qui travaillent dans ma rue ont goûté aux frites de Chez Moka (4e avenue, coin 11e rue). Verdict: les meilleures après celles du Casse-croûte Richard à l’Ancienne-Lorette. Étant moi-même originaire de ce fabuleux coin de pays, je m’objecte avec véhémence. Richard a changé ses frites ET son Interfromage* ce qui constitue l’un des plus grand crime de la gastronomie populaire. Non mais, c’est comme si votre mère changeait sans prévenir sa recette de sauce à spag !*description du burger : sous une nappe de fromage jaune repose une boulette de steak haché affublée de trois “nonion rings” au milieu desquels quelques crottes de fromages sont emprisonnées. Ça aussi c’est un crime.
Le Toucher
Touch me, suppliait Samantha Fox.Lettre à Samantha
Samantha, tant qu’à passer sur Québec, certains coiffeurs de Limoilou se seraient fait un plaisir de te couper la frange! Si je me fie aux affiches qu’arborent les vitrines de plusieurs salons, il y a quelques experts pour ton style de coupe dans le coin.
Lettre aux barbiers
En ce qui concerne les dits posters, n’y touchez surtout pas, ils ont passé à travers l’opération recyclage de la mode. En 2009, les années 80-90 sont “in” à mort. Bientôt, les filles de Brébeuf se bousculeront au portillon ! Vive le spray net.
L’Odorat
Je vous invite aussi à effectuer une opération de recyclage de mots en lisant ou relisant ma précédente chronique qui faisait état du caractère olfactif du quartier. J’y parle de pets, et les pets c’est tout le temps drôle !
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