Novembre 1956. Les chars d'assaut soviétiques envahissent Budapest et mettent fin au rêve de libération du joug soviétique que les Hongrois entretiennent depuis à peine 10 jours...J'ai 10 ans à l'époque et franchement, mes pensées sont loin de la Hongrie. J'en ai entendu parler comme ça aux nouvelles de Radio-Canada ou dans les journaux (ci-contre, L'Action catholique du 6 novembre 1956), mais tout cela est bien loin de mes préoccupations...Un samedi matin, j'apprends que mon père doit prendre livraison d'une importante commande d'épicerie qui doit être livrée à Lévis. Cette commande a été faite Chez Nolin (coin 4e Avenue et 12e Rue) et mon père a obtenu que M. Nolin utilise son station-wagon qui sera rempli à ras bord. Je peux faire partie du voyage. C'est un cadeau du ciel...C'est à la toute fin que je suis mis au courant de la raison de ce voyage "extraordinaire". Mon père travaille au Canadien National. Il est responsable de l'approvisionnement des trains de voyageurs en partance de Québec pour Montréal, l'Abitibi ou Chicoutimi. Il a reçu un mandat spécial : fournir en denrées un train rempli de réfugiés hongrois qui ont fui leur pays et veulent s'établir ici au Canada. Ils sont arrivés par bateau à Halifax et y ont pris le train. Lévis est un arrêt obligatoire sur le long chemin qui les mènera vers l'Ouest canadien. Le gouvernement leur vient en aide... Et le les vois, à travers les fenêtres des wagons, le regard vide, fascinés par ce nouveau monde de richesses qu'ils découvrent.Ce n'est qu'une anecdote dans la vie d'un p'tit cul... Mais c'est avec le recul que cette petite histoire prend toute son importance. "C'est vrai, ça m'rappelle...".[ À lire aussi : Souvenirs d’enfance (4) : La messe de 9 heures. ]