Déclin commercial de la 1re Avenue (1) : La dynamique urbaine en cause?

Entre la 4e et la 18e Rue, la 1re Avenue bat de l’aile. Au début de l’automne 2011, en l’espace de quelques semaines, plusieurs commerces ferment tour à tour. Alors qu’on observe une vitalité constamment renouvelée sur la 3e Avenue, sa voisine, elle, semble avoir quelques difficultés à tirer son épingle du jeu. Regard sur les dynamiques urbaines du quartier Limoilou en compagnie du géographe Rémi Guertin.D’emblée, une chose est claire : actuellement, le cœur du Vieux-Limoilou, c’est la 3e Avenue et non la 1re. “Il faut dire que celle-ci est, essentiellement, sur une ligne périphérique : elle est décentrée face au reste du quartier ».Une position difficile à tenir, donc. Surtout que la 3e Avenue subit aussi l’influence positive du chemin de la Canardière.

Cette artère permet une ouverture de la 3e vers les secteurs Maizerets ou Maufils. On peut ainsi faire un saut sur la 3e Avenue avant de continuer son trajet, ce qui a une influence sur la fréquentation des commerces », estime Rémi Guertin, auteur de l’essai Québec, la capitale sans ville, aux éditions Trois-Pistoles.

La vaste majorité des institutions du Vieux-Limoilou sont également présentes sur la 3e Avenue. Sur la 1re Avenue, il faut attendre les environs de la 13e Rue pour commencer à en retrouver : église, centre communautaire, hôpital, bureau d’arrondissement. Un déséquilibre institutionnel qui, dans l’axe discuté aujourd’hui, favorise largement la 3e Avenue.

À cela, il faut aussi ajouter le succès retentissant de la 3e Avenue ces dernières années. Restaurant, cafés, boutiques : les gens sont de plus en plus attirés par l’offre commerciale de l’artère, ce qui incite, également, d’autres échoppes à s’y installer.  La hausse de fréquentation a amené une multiplication des destinations sur la 3e et, parallèlement, créé un cercle vicieux sur la 1re : plus elle se vide, moins les gens sont poussés à y aller et plus elle se vide encore. C’est ce qu’on appelle un phénomène d’emballement, c’est-à-dire que si une rue est en demande, elle le sera encore plus et, inversement, si une artère s’érode, elle s’érodera davantage », explique Rémi Guertin.

Aussi, alors qu’il était possible dans les années 1960 de faire vivre deux artères à saveur commerciale dans le quartier, la situation est bien différente 50 ans plus tard. À l’époque, le quartier était plus densément peuplé. « Puisqu’il y avait plus de gens, il pouvait y avoir une certaine vitalité autant sur la 1re que sur la 3e ». En 2010, même si le secteur demeure dense, la présence de familles moins nombreuses ou la transformation d’appartements en condos auront tout de même suffisamment diminué le nombre des Limoulois et Limouloises pour avoir un impact sur la dynamique urbaine du secteur.Pistes de solutions?Reconnaissant cela, est-ce possible de renverser à court terme la tendance sur la 1re Avenue? « Non », répondra tout simplement le géographe.

En matière de développement urbain, il vient un moment où il vaut peut-être mieux encourager une position qui est désirée plutôt que de forcer le développement d’un secteur dont personne ne veut. »

Pour lui, c’est à long terme qu’il faut envisager l’évolution de l’artère. Il s’agit de voir ce qui peut tenir le coup à court terme, en attendant de voir vers quoi tend la dynamique urbaine. Faut-il transformer les locaux commerciaux en résidentiel? Ou plutôt y favoriser l’installation d’organismes communautaires, avec des loyers abordables?

Au final, il faut pouvoir identifier les raisons pour lesquelles la 1re avenue ne marche plus. De cette compréhension, peut-être que la seule solution, à court terme, sera de porter l’artère à bout de bras en attendant que la dynamique urbaine lui soit de nouveau favorable. Et peut-être que certaines conditions ne reviendront plus et il faudra envisager un changement de vocation. Après tout, une ville, ce n’est pas de la pâte à modeler, c’est quelque chose qui nous échappe toujours un peu; c’est un phénomène auto-organisé qui présente une autonomie par rapport à nos prétentions urbanistiques.»

[ À surveiller : au cours des prochaines semaines, MonLimoilou.com vous proposera quelques articles qui viendront animer et ponctuer cette réflexion. ]

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