Le contraste était frappant. D’un côté, des êtres aussi fixes que leur regard, affichant une sereine indifférence qui leur conférait une certaine noblesse. De l’autre, une population de cris, de pleurs, de flashs, lâchée lousse dans la nature. Entre les deux, les murs des vivariums ; heureusement, car des serpents venimeux en liberté auraient certes causé plus d’embarras que des enfants surexcités par l’exposition Venin.Ils étaient nombreux à s’être déplacés à Expocité (9 au 12 mars) pour jeter un œil aux créatures exotiques du Little Ray’s Reptile Zoo. Certains s’y trouvaient par amour, d’autres par une curiosité qui, pour quelques-uns, n’était pas exempte d’une certaine peur. Car si les exclamations impressionnées fusaient spontanément, on pouvait apercevoir à l’occasion des visages effrayés ou dégoûtés. Notamment ce petit garçon qui refusa de toucher l’araignée poilue que la guide lui tendait, mais qui se précipita sur la grosse tortue qui tirait sa bosse plus loin.L’événement misait certes sur le spectaculaire, avec son cobra royal, ses grenouilles dorées, ses tarentules, ses scorpions, son alligator et son lionceau, mais il comportait également un volet informatif. La visite permettait non seulement de faire connaissance avec les particularités de diverses espèces, mais aussi de s’instruire sur l’abc du venin, de sa sécrétion jusqu’à ses effets mortels. Rien de bien joyeux, diront certains, et pourtant : les mines réjouies témoignaient du plaisir éprouvé. Il faut dire que l’intérêt se portait moins sur les panneaux d’informations que sur les entortillements du python de Seba.Ce que l’exposition omit de souligner mais qu’elle révéla toutefois avec force, c’est la fascination que peut exercer le regard magnétique des serpents sur les enfants. Des scientifiques affirment que cette opération de charme est équivalente à celle mise en œuvre par les serpents pour dominer leurs proies qui, subjuguées, se livrent alors irrésistiblement. Les vivariums empêchant de tels rapprochements, les enfants en auront été quittes pour ramener de doux souvenirs de cette singulière exposition.