Le bulletin météo de Limoilou en musique
Vendredi, 24 juin, 20h17. Plus je me rapproche de la 5e Rue, plus la musique s’intensifie. J’entends les premiers mots du chanteur, entre deux mélodies : « On m’dit que j’ai souvent l’air bête… ». Je souris, tout en perdant le reste de la phrase : l’artiste m’est déjà sympathique par cet aveu.
Maintenant à quelques mètres de la scène dressée à l’intersection de la 3e Avenue et de la Canardière, je vois que la foule se fait discrète – en nombre et en réactions. Foutue météo, qui noie des performances galopantes comme celle de Dany Placard. Au moins peut-il compter sur un fan fini (dans tous les sens du terme), qui se démène furieusement devant la scène, sous l’œil des policiers. J’ai mal à ma Saint-Jean.
Samedi, 25 juin, 15h23. C’est une Limoilou plutôt morne que Webster tente de raviver du haut de son balcon. Bienvenue à Balconville, nouvelle et heureuse initiative de Limoilou en musique qui transforme le mobilier typique du quartier en scène de spectacle. Webster, je ne sais pas si c’est parce qu’il vient de Limoilou, mais qu’est-ce qu’il a l’air à l’aise sur un balcon, les pieds dans le vide, à interpeler les filles sur la rue, à féliciter les skateux qui risquent quelques sauts sur la rampe, à faire de la pub aux commerces du coin. C’est bien simple : tout son être respire Limoilou; entre deux slams, il livre même une rapide leçon d’histoire sur le quartier.
L’accueil demeure timide comme le soleil, mais moi j’achète. Quant aux autres, ils achètent plutôt du côté du Grand Bataclan – bijoux, sacs à main, foulards, vêtements et autres objets d’artisan –, ou du côté des stands à bières et à hot-dogs.
Samedi, 25 juin, 16h09. La 3e Avenue a pris des couleurs, sous la craie des enfants et les bombes d’aérosol des artistes. On peut compter sur l’AutocArt des arts visuels pour colorer cette journée grise. Un poisson mauve, un papillon vert, un oiseau bleu; ne manque qu’un éléphant rose. Peut-être ce soir, au spectacle de Gatineau ou de Pépé et sa guitare.
Samedi, 25 juin, 20h33. Pas d’éléphant rose, mais un fun noir comme le ciel. Il faut lui donner ça, à Gatineau : il laisse la météo aux autres. Pas besoin d’une foule de nouvel amphithéâtre pour imploser sur scène. C’est qu’il est déluré et racoleur, le chanteur; sous le coup de la séduction ou d’un trip psychédélique, le public esquisse un set carré. Autant dire qu’il est fin prêt à recevoir Pépé et sa guitare, et c’est parti pour la nuit, voire jusqu’à l’année prochaine.
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