Ils étaient une centaine à s’être présentés ce jeudi 13 octobre au Centre communautaire Jean-Guy-Drolet. Des citoyens de Limoilou, certes, mais également de Saint-Jean-Baptiste, Saint-Sauveur, Maizeret ou encore Lairet. Tous sur place pour faire part de leurs craintes et inquiétudes quant à la restructuration proposée des limites de quartiers dans le cadre d’une consultation publique organisée par la Ville de Québec.Sur place, le conseiller municipal Sylvain Légaré, responsable du dossier. Avant de donner la parole aux résidents des quartiers concernés, un petit résumé de la proposition, des intentions de la Ville. « Revoir ces politiques-là, une fois de temps en temps, c’est bien et c’est bon ». Pour l’administration municipale, trois objectifs : simplifier l’administration des Conseils de quartier, créer un lien étroit entre la population, les conseils et les élus, et, enfin, moderniser le règlement, dont la dernière version remonte à 2003.
Aujourd’hui, notre ville a changé et ne se gère plus de la même façon. Aujourd’hui, je suis devant vous avec des idées, sans projet de règlement, en amont de tout cela », indique-t-il.
L’invitation est lancée. Quelques personnes font déjà la file, derrière le micro. Il faut dire que, dès le départ, le ton était donné : un citoyen, entré portant une pancarte illustrée d’un « Touchez-pas à mon Limoilou » avait été reçu par nombre d’applaudissements. Première à prendre la parole, Lyne L’Africain, présidente du Conseil de quartier Lairet, se questionne quant à l’intérêt même de cette démarche de consultation :
Ce qu’on veut, c’est le statut quo. Que vous laissiez tomber votre projet et que vous vous concentriez sur d’autres enjeux peut-être plus prioritaires, comme la sécurité ».
Tel qu’anticipé, c’est la question des limites des différents quartiers de l’arrondissement La Cité-Limoilou qui a retenu l’attention des gens présents.
Un quartier, ce n’est pas une limite administrative, c’est une entité spatiale qui suscite l’appartenance », lance Catherine Leblanc, du Conseil de quartier Saint-Sauveur. « On ne peut pas enlever la rivière Saint-Charles du quartier Limoilou! », ajoute Érick Rivard, du Conseil de quartier Vieux-Limoilou.
Autant chez les représentants des différents conseils que chez les citoyens, l’incompréhension était palpable.
J’ai l’impression que cette démarche a été entreprise sans tenir compte du fait que les quartiers ont une vie, une histoire. Je crains que tout ça ait un effet démobilisateur chez les gens qui s’identifient à leur quartier », observe Olivier Tremblay, résident du quartier Montcalm.
Ils étaient également nombreux à prendre position sur le sentiment d’appartenance généré par les divisions actuelles. Serait-on aussi attaché au quartier Sylvain-Lelièvre ou aux Faubourgs qu’au Vieux-Limoilou ou à Saint-Jean-Baptiste? Quelle pourrait être la dynamique d’un quartier, comme les Faubourgs, séparé en trois parties par une rivière et une falaise?
Quel lien peut exister entre une partie du Vieux-Limoilou, le quartier Saint-Roch et le quartier Saint-Jean-Baptiste? Quel lien logique peut faire en sorte que les citoyens se sentent davantage concernés dans cette division, sentent que leurs avis seront mieux pris en compte? », fait valoir Serge Roy, résident de Saint-Jean-Baptiste. « Qu’on veuille changer l’identité d’un quartier pour une technicalité, je trouve ça aberrant! », ajoute François Lebel, de Limoilou. « J’ai vécu dans Saint-Jean-Baptiste pendant 16 ans. J’ai aussi habité dans le Vieux-Québec. Maintenant, je suis à Limoilou depuis 12 ans. Je peux vous dire que chaque quartier a sa problématique, ses forces, ses faiblesses », estime Danielle Coulombe. « Nous voulons conserver notre nom, nos limites et nos Conseils de quartier », poursuit Anne Loiselle, du Conseil de quartier Vieux-Limoilou.
À travers les multiples interventions, une grande préoccupation quant à l’avenir de cette institution que sont les conseils de quartier était également ressentie.
Je regarde la carte que vous proposez, et je me dis qu’en réalité, ce que vous suggérez, c’est l’abolition des Conseils de quartier pour les rendre compatibles avec les limites des districts. En fait, vous les remplacez par des Conseils de district », remarque Serge Roy. D’autres, s’interrogent quant à l’impact du projet sur la vie démocratique, sur les décisions à prendre. « Je me sens mal placée pour prendre position sur un enjeu de proximité qui concerne Lairet si j’habite dans le Vieux-Limoilou », remarque Krystel Doucet, du Conseil de quartier Vieux-Limoilou.
Quoi qu’il en soit, la première étape de consultation, pour La Cité-Limoilou, est terminée. Maintenant, les citoyens et organismes ont jusqu’au 31 octobre pour faire parvenir leurs mémoires. Cela, selon l’échéancier de la Ville de Québec, en route vers une adoption du nouveau règlement par le Conseil municipal prévue pour novembre ou décembre 2011. Et, en mars 2012, l’élection des membres des Conseils de quartier correspondant aux nouveaux territoires. Dans la mesure où la consultation aura été positive? La question a été lancée par Pierre Trahan, ancien administrateur du Conseil de quartier Lairet :
Ce soir, vous nous avez souvent répété que vous étiez redevable à vos électeurs. Est-ce que vous vous engagez à rendre public le résultat de cette consultation et à respecter les choix des citoyens »? « Oui », de répondre, tout simplement, le conseiller municipal Sylvain Légaré.
[ À lire aussi, dans Le Carrefour de Québec : Conseils de quartier : Limoilou s'oppose à la modification des limites et La Ville a tort. À consulter également : Conseils de quartier : une réduction nuisible? (fin d'une série de 3 articles). ]