Critique d’une « ratée » nostalgique | 29 septembre 2011 | Article par Viviane Asselin

Robert Charlebois. 28 septembre 2011.

Critique d’une « ratée » nostalgique

Je suis nostalgique d’un temps que je n’ai pas connu. Qui n’a peut-être pas même existé sous cette forme que j’imagine – pleine d’espoir, d’effervescence, d’exaltation, d’insolence.

Mais lorsque j’écoute Robert Charlebois nous décocher ses iconiques Lindberg, Je reviendrai à Montréal, Entr’ deux joints, Les ailes d’un ange, Tout écartillé, il me semble entrapercevoir ce que ça devait être, dans le temps… Il faut dire que hier, sur la scène Sylvain-Lelièvre, Charlebois paraissait rocker comme au premier jour, avec le même aplomb et le même plaisir. Mais avec, peut-être, une nouvelle profondeur de la part de celui qui constate néanmoins le passage du temps.

L’année passée, Gilles Vigneault, cette année, Robert Charlebois : tout un doublé pour le festival Limoilou m’en chante! En seulement deux ans d’existence, il aura réussi à réunir les maîtres des deux courants musicaux qui marquèrent la Révolution tranquille : les poètes-chansonniers et les artistes de la contre-culture – pas moins poètes à leur manière, à entendre des textes comme Québec Love et Mon pays ce n’est pas un pays c’est un job. Une poésie urbaine toute en joual, à laquelle aura notamment contribué Réjean Ducharme, parolier aussi éclatant de talent que d’absence.Charlebois était à peu près seul sur scène – trois multi-instrumentistes, une vingtaine de guitares, un piano à queue –, mais il traînait tout un monde avec lui : Ducharme (Dix ans), donc, mais aussi Pierre Calvé (Vivre en Amérique), Alfred Jarry (Terre-Love), Saint-Augustin (Ne pleure pas si tu m’aimes), jusqu’à un clin d’œil jazzé à l’hôte de la soirée et du festival, Sylvain Lelièvre, « qui aurait sûrement apprécié » Satisfaction!.

Chose certaine, le public, lui, a apprécié : deux rappels qui, par la générosité de Charlebois, auront duré presque aussi longtemps que le spectacle lui-même.

Pierre Jobin.
Crédit photo: Jean Cazes

À entendre l’instigateur de Limoilou m’en chante, Pierre Jobin, présenter en début de soirée les invités qui défileront du 28 septembre au 1er octobre, on a l’impression que ce festival est avant tout une histoire d’amitié : avec les artistes, avec la musique francophone, avec le public. Au train où vont les choses, ce sera une belle et durable amitié.

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Au programme des prochains jours, à la salle Sylvain-Lelièvre du Cégep Limoilou, 20 h : 29 septembre : Salut Sylvain! (gratuit), suivi d’un cabaret30 septembre : Bruno Brel (Belgique) et Michel Bühler (Suisse), suivis d’un cabaret1er octobre : Marième (gratuit)