
1938. C’était l’époque où il y avait plus de commerces de fourrure que de dépanneurs. Probablement la même époque où les enfants se cachaient sous les manteaux de fourrure des matantes, déposés sur le lit ou dans le bain lors de réunions familiales. Je n’ai pas pensé le demander à Christian Falardeau lors de notre récente rencontre : se blottissait-il dans la chaleur de ces poils doux, lui, le passionné de fourrures de grand-mère en fils?
Car c’est bien d’une histoire de passion qu’il s’agit. À l’origine, la passion d’un grand-père pour son artisane de femme, à qui il offre un commerce de fourrures au coin de la 4e Avenue et de la 5e Rue à Limoilou. Reconnaissante, elle baptise le nouveau magasin d’après son généreux mari : Fourrures Roméo Falardeau. Les affaires démarrent lentement – le métier doit s’apprendre –, mais la mode est en leur faveur.Surtout, ils ont l’avantage de la relève. Si, au fil des années, le quartier assiste tour à tour à la fermeture de ses nombreux commerces de fourrure, c’est moins la conséquence de difficultés financières, comme on pourrait le penser, qu’en raison de l’absence de successeurs. « Aucun marchand de fourrure n’a fait faillite; il n’y avait tout simplement pas de relève », précise Christian Falardeau. Après avoir agi comme livreur et tailleur, il reprend, à l’instar de son père Jules en 1971, les rênes de l’entreprise familiale en 1989.Nouveau propriétaire, et nouvelle superficie : la même année, le petit commerce de la 5e Rue déménage un peu plus haut sur la 3e Avenue, dans les locaux des Fourrures Leclerc et Poitras, qu'il rachète par la même occasion. La capacité d’entreposage passe de 350 manteaux à quelque 2500. Avec la compétition qui disparaît – Fourrures Arthur Jobin, Fourrures Jos Lachance..., qu’il se trouve à acquérir presque un à un –, l'entreprise limouloise gagne en clientèle. À sa troisième génération, on peut dire qu’il a, à cette époque, le vent… dans le poil.
À suivre demain :Les Fourrures Roméo Falardeau : ... à aujourd'hui (2 de 2)