Jours de cirque : que la fête commence!
Cette année, en raison de leur grand nombre, les étudiants de la formation professionnelle de l’École de cirque de Québec proposent deux spectacles dans le cadre de Jours de cirque. Le cirque, l’art qui les contient tous, explore plus particulièrement l’esthétique de la vidéo pop dans Déflaboxe (30-31 mai), et celle de la peinture dans Peindre la nuit (31 mai–2 juin). Celui-ci joue dans les teintes clair-obscur qui émerveillent doucement, celui-là dans le tape-à-l’œil qui amuse vachement.À preuve, cet avertissement du début, qui annonce un spectacle pour adolescents en crise identitaire, qui ne convient pas aux parents frus, et pour lequel il faut « fermer nos cellulaires, pas les mettre en veille, lol ». Prélude incongru à l’image de ce qui suivra : un Grease du 21e siècle, un Glee du cirque, où paradent des jeunes tout sourire qui jouent à faire la fête (un contre-emploi), dans une mise en scène époustouflante de Jean-Pierre Cloutier. Cette fête grisante constitue le fil conducteur qui nous mènera d’un duo de nerds à vélo, qui voudraient bien faire partie des cools, à un quatuor de mains à mains aux prises avec des divans encombrants, en passant par un acrobate ivrogne et des machos en talons hauts. Le jeu des artistes, les interactions, la musique (Bang Bang, Spoutnik, Cinquième Symphonie, années 1980…), les accessoires : on se laisse volontiers distraire par tous ces flaflas scéniques, au détriment, parfois, de ce qui aurait dû être le clou du spectacle : les performances. Mais Cloutier a pris partie pour l’histoire, le tout cohésif, le travail collectif; les rires et les applaudissements lui auront donné raison.En comparaison, Peindre la nuit adopte un rythme plus lent et décousu, une esthétique plus sobre et conventionnelle, à l’image d’un sommeil peuplé de doux rêves. Le spectacle commence d’ailleurs avec une acrobate insomniaque qui se bat avec son matelas et ses draps; finalement endormie, elle deviendra un accessoire dans le numéro de mât suivant. Cet appel au sommeil donne le ton à la première partie, qui ne semble pas parvenir à susciter l’enthousiasme du public, timide dans ses applaudissements. Il faut attendre la deuxième partie pour que la salle s’anime davantage, à la faveur de performances bien maîtrisées, doublées de concepts parfois ingénieux. Notamment cette artiste qui combine ganse et peinture, barbouillant la toile blanche au sol à l’aide d’une éponge dégoulinante de peinture noire qu’elle tient dans ses mains ou dans ses pieds alors qu’elle virevolte dans les airs. La nuit prend enfin des couleurs, et ce, jusqu’au numéro final de banquine, de mains à mains et de planche sautoir, où les efforts de chacun sont mis simultanément en valeur. Cette performance en groupe, après un parcours plus individuel, paraît leur faire particulièrement plaisir; ça rit, ça danse, et le public y répond en tapant des mains. À la descente du rideau, on entend les finissants se réjouir, avec raison, du résultat de trois années d’acharnement…Jours de cirque se poursuit jusqu’au 10 juin.
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