L’opticien solidaire

L’histoire de Simon Dufour ressemble à celle de plusieurs jeunes de notre génération : un long voyage à l’étranger (plus d’un an en Amérique latine), une réflexion profonde sur son futur et son rôle dans la vie et, à son retour au Québec, une envie de contribuer à l’édification d’une société plus juste.Le principe est assez simple : Simon Dufour, opticien “ambulant”, offre des lunettes à un prix deux à trois fois inférieur à celui des opticiens traditionnels et ce, en éliminant les frais fixes rattachés à une boutique (loyer, matériel, personnel de soutien, marketing etc.)Avant de rencontrer Simon Dufour afin de choisir votre monture, il sera important de faire un examen de la vue chez un opticien traditionnel et d’exiger une prescription (légalement, les opticiens sont obligés de la fournir).Par la suite, rendez vous dans un des organismes partenaires de M. Dufour, notamment au Patro Roc-Amadour, au Centre Mgr Marcoux ou à la Bouchée généreuse. La liste complète et l’horaire des lieux de consultation est accessible sur le site web marchanddelunettes.org.

Un marchand de lunettes qui s’inspire de l’économie sociale et solidaire

Quand je lui demande ce qui l’a motivé à se lancer dans cette aventure, il me répond simplement « pour rendre les lunettes accessibles à tous.» On l’oublie peut-être, mais la perte de vision n’est pas couverte par l’assurance-maladie et très peu de gens ont une assurance privée qui couvre ces frais. Bien sûr, une partie importante de sa clientèle est composée de prestataires de l’assistance-sociale ou de l’assurance-emploi, mais le service est ouvert à tous. Dans les faits, une famille de classe moyenne peut difficilement payer trois à quatre paires de lunettes si plusieurs membres de la famille doivent les renouveler tous les deux ans.

L’autre partie de ma clientèle, ce sont les gens qui ne se préoccupent pas de la marque ou des modes que peuvent traverser les lunettes » me confie t-il.

En plus de tout cela, M. Dufour reverse un montant fixe sur chaque paire de lunettes vendue à plus de vingt organismes communautaires. Donc, en plus de payer moins cher, vous encouragez indirectement des organismes qui œuvrent pour l’amélioration de leur milieu.

Et pour les sceptiques…

Je suis membre de l’Ordre des opticiens d’ordonnance, je dois respecter certaines règles (…). Au début, les gens étaient un peu sceptiques, mais le bouche à oreilles a fait son œuvre, grâce à la proximité du milieu communautaire, et les gens ont commencé à me faire confiance.  (…) J’ai d’ailleurs été victime de mon succès :  après un certain temps, des clients venaient me voir en pensant que les lunettes étaient déjà pré-montées pour eux et qu’elles étaient gratuites! »

Il faut aussi le préciser: les lunettes sont fabriquées au Québec, dans des laboratoires de la région de Montréal – et non pas en Chine comme celles que l’on retrouve sur certains sites web.Impressionné par l’engagement et de M. Dufour et sachant qu’il ne venait pas de Québec, je lui ai posé la question :

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– Et pourquoi Québec?- Il existe déjà un opticien communautaire à Montréal, avec qui j’ai collaboré, et j’avais envie d’offrir le même service ici. »

Il a donc déménagé tout récemment à Québec, avec conjointe et bébé, afin de se consacrer à temps plein à son emploi. Même s’il vit présentement dans la proche banlieue de Québec, il se dit très attiré par Limoilou et les quartiers centraux. Qui sait, vous le croiserez peut-être prochainement dans les rues du quartier. Si vous voyez quelqu’un avec deux mallettes pleines de montures, c’est l’opticien “solidaire”!Notons que ses services sont disponibles dans plusieurs quartiers de la ville, notamment Saint-Roch et Saint-Sauveur.