Cordonnerie Grands-Pas, gardienne de traditions (1 de 2)
Rencontre avec Sylvain Martel et son coéquipier, Laval Perron, respectivement propriétaire et artisan à mi-temps de Cordonnerie Grands-Pas, l’une des dernières cordonneries en ville.
Lors de la fermeture de l’usine à Donnacona, après vingt-six ans à la même place, il a bien fallu que je me revire de bord, confie Sylvain Martel. Je me suis recyclé pour faire de la cordonnerie. À 42 ans, une voix me disait de foncer…»
En 2007, Sylvain quitte sa région pour prendre possession de Cordonnerie Grands-Pas qui appartenait à Laval Perron, son troisième propriétaire. Il a pu dès lors compter sur les quelque vingt années de métier de son fidèle associé pour consolider la boutique.
Pignon sur rue depuis 1952
C’est sous le vocable «Cordonnerie Viateur Duval» que l’entreprise a démarré en 1952, «pas ici, mais au coin de la rue», relate Laval. «La 10e Rue était auparavant plus commerciale», souligne-t-il, donnant comme exemple Demers qui occupait, en face, l’actuel local de la maison des jeunes l’Exode.
Cinq ans après, ajoute Sylvain, M. Duval a déménagé dans l’immeuble actuel qu’il a fait bâtir. Au sous-sol, en plus de la cordonnerie, sa femme avait un salon de coiffure. Ensuite, elle a tout pris ça en main, a fait aussi de la cordonnerie, a engagé un employé, puis a vendu à Fernand Blondeau [photo ci-contre] qui a rebaptisé son commerce Cordonnerie Grands-Pas, nom inspiré d’un personnage du Seigneur des anneaux…»
Laval achètera plus tard la cordonnerie de M. Blondeau. Sous l’aile des deux associés, celle-ci prendra de l’expansion aux dépens de l’ancien salon de coiffure, dit Sylvain:
On a fait un petit magasin. Et on a rentré d’autres services comme la copie de clés et l’aiguisage de couteaux, accentué le dépôt de nettoyeur et le service de couturières…»
Une tradition, des spécialités
Pour les deux comparses, une cordonnerie, au sens traditionnel, c’est avant tout une place de service; un lieu de réparation et de confection. Ils mentionnent notamment la réparation de souliers et de bottes avant tout, mais aussi de sacs à dos et de valises, de même que la confection d’étuis de hache et de couteaux. En somme, expliquent-ils, «tout ce qui est en cuir, en vinyle et en tissu», avec les spécialités propres à Cordonnerie Grands-Pas.«Ce qu’on fait, c’est de l’art», affirme Laval Perron. Un métier de précision qui garde sa touche traditionnelle dans cette boutique aux allures d’écomusée, comme le raconte son principal artisan:
Les anciens cordonniers cousaient à la main et clouaient les semelles. Maintenant, on les colle avant de les coudre. Les moulins étaient à pédales, maintenant ils sont électriques. Je peux prendre une botte avec la semelle finie, et la remettre comme flambant neuve. Il y a juste nous autres qui réparent des bottes de montagne, comme celles portées pour Compostelle, et on change aussi les semelles de bottes de télémark. La réparation des bottes de cow-boy est une autre de nos spécialités. Nous, c’est surtout les chaussures, les bottes, mais on répare aussi les manteaux en cuir, en fonction de nos moulins, ajustés pour ça…»
Et avec l’aide de nos couturières en sous-traitance, ajoute Sylvain, on prend les dépôts, et on donne un service supplémentaire. C’est pratique pour nos clients qui n’ont pas à courir à dix endroits différents…»
Suite et fin ce vendredi
Pour en savoir plus ...
399, ch. de la Canardière, Québec (Québec), G1L 2V1
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