Jeune famille cherche propriété en ville (3) – Le stationnement
Depuis novembre dernier, je suis officiellement en recherche d’une propriété dans le Vieux-Limoilou. Plus de huit mois après le début de nos recherches, j’ai envie de partager avec vous le fruit de nos investigations et de témoigner de ce que ce processus révèle sur le quartier en 2014. Aventures en cinq temps sur le thème de l’accession à la propriété.
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Parmi nos critères de recherche pour une propriété, la présence d’une cour extérieure était une condition essentielle. Or, on a rapidement été frappés par cet argument systématiquement utilisé par des vendeurs ou des agents: «En plus, vous avez un/deux/trois espace(s) de stationnement dans la cour.» Ce à quoi on répondait invariablement: «Ok, mais la cour, est-ce qu’on peut y laisser notre enfant jouer? Est-elle bien aménagée?» Et là, la réponse n’était pas toujours évidente…Alors qu’on avouait notre intention d’utiliser la cour à des fins récréatives, un vendeur est même allé jusqu’à nous suggérer de réserver une section pour louer le stationnement à des banlieusards travaillant au centre-ville! Que révèle cette quasi-obsession, présente dans le marché immobilier et réelle pour beaucoup de gens, pour le stationnement? Difficile à dire, mais ce que je sais, c’est qu’aussitôt qu’on parle d’enlever un ou deux espaces de stationnement sur rue, certaines personnes s’enflamment comme si on leur avait enlevé un droit ou une liberté fondamentale…
Des cours extérieures sous-exploitées?
Pourtant, le quartier est dans l’ensemble bien pourvu en matière de cours extérieures. À cet égard, les habitants des quartiers voisins de Saint-Jean-Baptiste, Saint-Roch et Saint-Sauveur regardent parfois le Vieux-Limoilou avec une certaine envie: les ruelles cachent souvent de grandes cours arrières à la disposition, la majorité du temps, des gens qui habitent au rez-de-chaussée. C’est d’ailleurs là, à mon humble avis, un des grands paradoxes du Vieux-Limoilou: le quartier dispose grosso modo d’un environnement physique agréable offrant de nombreuses possibilités, mais plusieurs propriétaires préfèrent laisser leur cour à l’abandon ou en gravier/asphalte pour la/les voiture(s).Or, de mon expérience personnelle – qui est anecdotique, j’en conviens -, je n’ai jamais eu de difficulté à trouver du stationnement dans les rues du Vieux-Limoilou. Je trouve même que les Limoulois sont parfois un peu «paresseux» à cet égard: les autos sont généralement stationnées avec un espace assez important entre elles, gaspillant un ou deux espaces de stationnement par segment de rue. Cette relative nonchalance tend à montrer que les places ne manquent pas dans le quartier.En plus, dans une bonne partie du quartier, une vignette permet de stationner à coup sûr d’un côté de la rue, et ce, pour un maigre 80$ par année. Même multiplié par 20-25 ans (la durée moyenne d’une hypothèque), le montant demeure peu élevé par rapport au coût que représentent les espaces de stationnements dans une cour (l’espace coûte cher dans les quartiers centraux…). Sans pouvoir chiffrer avec exactitude ce montant, on peut l’estimer à environ 15 000-25 000$ pour une habitation classique du Vieux-Limoilou.
Le stationnement, un espace sacré?
Récemment, Le Devoir relatait une histoire à Montréal où une jeune famille ne pouvait démolir un garage dans sa cour – et gazonner l’espace – sans devoir créer à nouveau un nouvel espace de stationnement. Absurde, d’autant plus que la famille en question ne mettait pas sa voiture dans cette cour. Saviez-vous que la réglementation prévoit exactement la même chose à Québec? Vous ne pouvez pas, règle générale, démolir un espace de stationnement existant sans le remplacer: il y a, dans les règles d’urbanisme, des normes minimales de stationnement – plutôt élevées par ailleurs – à respecter.Or a-t-on besoin de le rappeler: une auto est immobile 95% du temps. Le meilleur endroit pour elle demeure la rue, là où elle ne prend la place de personne. À nous les cours arrières pour le barbecue, le potager, une patinoire, recevoir les amis et laisser les enfants jouer et courir. Vivre en ville avec une cour, c’est possible, mais le potentiel dans le Vieux-Limoilou est clairement sous-exploité. Suggestion de compromis: mieux aménager l’espace, car les cours arrières sont souvent assez grandes pour accueillir un jardin, un patio/terrasse tout en ayant de la place pour une ou deux voitures![ À lire: les billets 1 (La quête) et 2 (Voir le quartier autrement) de la série ]
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