En raison des fortes pluies de la semaine dernière, le piano jaune du stationnement pour piétons doit malheureusement prendre sa retraite et quitter le chemin des nombreux passants qui lui ont donné une fin de vie exceptionnelle. Retour sur le destin d'un succès fulgurant.
Le piano est mort, vive le piano!
En raison des fortes pluies de la semaine dernière, le piano jaune du stationnement pour piétons doit malheureusement prendre sa retraite et quitter le chemin des nombreux passants qui lui ont donné une fin de vie exceptionnelle. Retour sur le destin d’un succès fulgurant.
Au commencement
Lors de l’élaboration du projet de Limoilou dans la rue, j’étais responsable de trouver un piano pour le stationnement pour piétons. Jour après jour, je farfouillais les petites annonces à la recherche de la perle rare. Les pianos se ressemblaient tous, âgés, massifs, plutôt banals et ennuyants. Je cherchais quelque chose à l’image du quartier, quelque chose d’original. Un bon matin, j’ai vu apparaître une nouvelle annonce. Nicolas et Amélie, charmant couple de Limoilou, aimeraient se départir de leur petit piano bleu ciel pour qu’il se refasse une vie dans un nouveau foyer.
Je savais que c’était le bon. Différent, d’une allure flamboyante, je voyais déjà le petit piano venir faire vibrer les planches du stationnement pour piétons. Après une inspection minutieuse et un accordement en règle, le diagnostic fut donné : on le prend. D’un commun accord, on le ressuscita en jaune.
Une fin de vie exceptionnelle
Le reste de l’histoire du piano, ce fut les Limoulois qui lui donnèrent. L’instrument fut adopté par les pianistes du quartier, au grand plaisir de qui venaient écouter ou chanter avec les musiciens. Une troupe de réguliers avait même pris l’habitude de s’y installer par les soirs de beau temps pour festoyer avec les pianoteurs. Chanteurs, tapeurs de mains et même danseurs étaient au rendez-vous pour célébrer le piano public, auquel on découvrit une force de rassemblement intergénérationnelle. Jeunes et moins jeunes se côtoyaient, s’échangeant, d’une part, les souvenirs de la grande époque de la chanson française, de l’autre, les nouveautés du rock indépendant et des nouvelles figures de la chanson québécoise. Entremêlez à tout cela des concerts improvisés, classiques et jazz, un public assidu sur les balcons environnants et une couverture médiatique dans toute la région, et vous aurez le portait d’un piano qui aura eu, on peut le dire, une fin de vie exceptionnelle.
Malheureusement, nous le savions déjà, les chances de survie d’un piano public exposé aux intempéries sont très limitées. C’est que, malgré la toile qui le protégeait normalement et tous les efforts pour le couvrir rapidement lors des averses, il a eu droit à toute une rincée lors de l’orage violent du 31 juillet. De plus, le piano étant en contre-plaqué, il n’a pas su digérer l’accumulation d’eau et s’est mis à gonfler, tellement que le clavier a commencé à gondoler et les marteaux, à décoller. Le diagnostic de notre accordeur et réparateur, Simon, fut définitif : c’est terminé.
La suite
Nous faisons ici un appel au public. Considérant la popularité et le bonheur engendré par le piano jaune, nous aimerions trouver rapidement un successeur pour le remplacer. Nous cherchons donc un piano droit, fonctionnel, en bon état, pouvant être accordé de manière adéquate et qui résistera jusqu’à la fin de l’été. Passez le message! Dans la foulée, il faut aussi retirer le piano jaune du stationnement pour piétons. Y a-t-il une âme charitable dans la salle? Votre aide serait appréciée, manifestez-vous!
Le piano est mort, vive le piano!
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