Le Parc Ferland autrefois

Le parc Ferland doit son nom à l’abbé Joseph-Arthur Ferland, fondateur de la première Oeuvre des Terrains de Jeu (OTJ) à Québec.L’école secondaire Jean-de-Brébeuf, que j’ai fréquentée, a été construite à la fin des années 1950. Avant cette construction, le parc Ferland occupait toute la place entre la 14e Rue et la 18e Rue, le long de la 8e Avenue.

Le parc Ferland des années 1950

Le parc comprenait alors deux niveaux. Au sud, deux terrains de balle molle, des balançoires, des glissoires, un court de tennis et une pataugeuse que l’on appelait «bain de pied».Vers le nord, on montait une petite côte et on trouvait un chalet (qui servait aussi de chambres des joueurs de hockey en hiver), deux grandes piscines le long de la voie ferrée (une pour les femmes et l’autre pour les hommes), deux autres terrains de balle (dont celui près de 18e Rue qui possédait des estrades) et un deuxième court de tennis.

L’OTJ

C’est l’Oeuvre des Terrains de Jeux (OTJ) qui ouvre le parc Ferland en 1933.

L’Oeuvre des Terrains de Jeux (OTJ), comme son nom l’indique, s’occupe de procurer des activités de loisir aux jeunes. L’OTJ, comme la plupart des patronages, vise à contrer les effets, jugés néfastes, de la ville sur la jeunesse ouvrière. Elle s’adresse aux jeunes de 3 à 18 ans», peut-on lire dans Naître et grandir à Québec.

L’Oeuvre offre des loisirs «chrétiens» aux jeunes et appuie l’effort paroissial en matière de loisirs, croyant ainsi sauvegarder les valeurs spirituelles de la famille. Elle se pose en «aidant des familles débordées. C’est l’ancêtre du Service des loisirs de Québec: ainsi, en 1966, l’OTJ sera intégrée au nouveau Service des loisirs et parcs de la Ville de Québec.»

L’été au parc

Au début des vacances scolaires, ma mère, qui pensait bien faire, m’inscrivait à l’OTJ. C’était gratuit. Je redoutais ce moment où je devais me rendre au chalet du parc pour obtenir ma carte de l’OTJ. Ça voulait dire: vivre les vacances dans un groupe dirigé par un gardien de parc, un ado plus âgé qui jouait, tant bien que mal, le rôle de moniteur. Les gardiens dirigeaient leurs «troupes» à coups de sifflet. Que c’était agressant!Une journée au parc était comme une journée scolaire avec un horaire précis. Que c’était structuré! Le matin, divers jeux comme le souque à la corde, la course, le ballon chasseur, les sauts en hauteur. L’après-midi, des contes, du dessin, du bricolage, du chant et parfois de rencontres avec le curé pour des prières. Après tout, l’OTJ offrait d’abord et avant tout des loisirs chrétiens. Et j’oubliais, filles et garçons ne se côtoyaient pas. Que non! Ça aurait pu être dangereux pour le salut de notre âme…La seule activité qui me plaisait, c’était le bain de 17h00 dans la grande piscine. Mais pour pouvoir y accéder, il fallait accumuler des points aux diverses activités de l’OTJ pour avoir notre laissez-passer. Que de moments ennuyants pour pouvoir profiter d’une baignade d’une heure!Après deux étés pénibles à l’OTJ, j’ai annoncé à maman que s’en était fini. Je reprenais ma liberté. Je reprenais mes droits sur le parc.

Le parc en hiver

En hiver, deux grandes patinoires pour le hockey et pour le patinage libre: le «rond à patiner» près de la 14e rue était réservé les samedis et dimanches après-midi au patinage, disons, plus artistique. On chaussait nos patins dans un petit bâtiment près de la patinoire et on s’élançait sur la glace, emportés par des airs de musique classique diffusés par deux gros haut-parleurs. Bien évidemment, la fameuse Valse des patineurs revenait sans cesse, en boucle. Quoi de plus entraînant et de plus approprié. Un classique s’il en est un! C’est en écoutant cette pièce musicale que nous partions à la conquête d’une jolie patineuse avec qui on ferait des rondes et des rondes, main dans la main, sur la surface glacée en espérant obtenir la permission de reconduire la belle sagement chez elle et qui sait, la revoir.Que de souvenirs de notre jeunesse au parc Ferland. On disait simplement «On vas-tu au parc?» et toute la bande d’amis comprenait. On enfourchait nos bicycles et vitement le parc Ferland. On flânait, on s’amusait, on inventait des jeux, on se chicanait pour un rien et on se réconciliait. On fumait en cachette, on préparait nous mauvais coups… et parfois on tombait en amour.Nos mères savaient toujours où nous trouver: «Ils sont encore au parc, voyons!» disaient-elles. Et c’était vrai.

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