À ce tire, Louis-David dit qu’historiquement, à New York, les noms de tag étaient souvent associés aux noms des rues et avenues d’où venait le graffiteur, par exemple Phil48 (Phil, 4e Rue, 8e Avenue). De plus, il existerait un grand respect entre les graffiteurs pour ne pas empiéter sur le travail des autres. Vous tenterez de le remarquer: il est très rare de voir un tag déborder inutilement sur un autre tag. Bref, on ne se formalise pas trop de vandaliser la propriété d’autrui, mais on fait attention au passage de ses confrères. Étrange paradoxe.
Du vandalisme à l'art
Pour Louis-David, ses premières expériences, comme plusieurs, n’étaient que de simples tags sur les murs. Ça n’avait rien à voir avec l’art, ce n’était que du vandalisme. Une fois l’adrénaline du tag passée, il a voulu apprendre à faire ce qu’on appelle dans le jargon du throw up ou fill in, c'est-à-dire remplir de grosses lettres avec de la couleur pour former des mots. Ça lui a pris une ou deux années avant de maîtriser la technique. Puis c'est devenu répétitif, voire lassant. S'interrogeant sur différents processus de création à l’aérosol, il a décidé de pousser le concept du graffiti plus loin.Aujourd’hui, Louis-David utilise beaucoup de matériaux recyclés, comme de vieilles cannes de peintures récupérées à l’écocentre, ainsi que des aérosols spécialisés à faible débit spécialement conçus pour le graffiti. En plus d'être étudiant à la maîtrise en arts à l'Université Laval, il participe régulièrement à la création de murales, et ce, même à l’international. D’ailleurs, lors de l’entrevue, il revenait tout juste du Mexique.
Pour lui, l’art du graffiti apporte une vision très locale à la culture, un aspect qu'il retrouve difficilement dans les modèles à penser des grandes écoles de beaux-arts. Voyager pour aller peindre en compagnie d’autres artistes de partout dans le monde lui permet de découvrir des éléments culturels très pointus.