Dernièrement, le quartier Limoilou, et plus particulièrement le secteur Lairet, ont été le théâtre d’événements très violents: meurtres, agression à l’arme blanche, cas de violence conjugale. Doit-on pour autant craindre de vivre dans le quartier?
Qui a peur de Limoilou?
Dernièrement, le quartier Limoilou, et plus particulièrement le secteur Lairet, ont été le théâtre d’événements très violents: meurtres, agression à l’arme blanche, cas de violence conjugale. Doit-on pour autant craindre de vivre dans le quartier?
De tels faits divers sont toujours fortement médiatisés et, apparemment, cela donne aussi l’occasion à certains de casser du sucre sur le dos de la basse-ville, question d’ajouter au sensationnalisme.
Évidemment, tous ces crimes demeurent dramatiques pour les victimes et leur entourage et loin de moi l’intention de minimiser la gravité de ces gestes. Il s’agit certainement de situations traumatisantes pour les personnes touchées, mais de là à dire que Limoilou est devenu dangereux? Que c’est un quartier à éviter?
C’est du moins ce qu’on pourrait croire à entendre les commentaires des lignes ouvertes de différentes stations de radio ou lus sur plusieurs médias sociaux. Limoilou serait devenu le ghetto où il ne faut plus sortir, et encore moins habiter. Certains parents y affirmaient même ne pas se sentir à l’aise de laisser leur progéniture jouer au parc. Pourtant, ce n’est pas le discours des parents croisés dans la cour de l’école Sainte-Odile cette semaine.
Propriétaire de l’épicerie de la Place des Chênes depuis 31 ans, Anita Manek a vu Sainte-Odile se transformer au fil des années. «Avant, il y avait beaucoup de personnes âgées, maintenant, ça rajeunit, ça bouge», dit-elle, ajoutant que la victime de la dernière tentative de meurtre était une cliente qu’elle connaissait bien. Derrière son comptoir, elle entend bien sûr de nombreux commentaires de clients qui trouvent que le quartier ne change pas pour le mieux, mais pour sa part, malgré la tristesse des derniers événements, elle ne pense pas que le secteur soit pour autant devenu plus risqué.
Qu’en dit la police?
Une impression que confirme Catherine Viel, agente aux communications au Service de police de la Ville de Québec. «C’est de façon hors du commun que ces événements se sont passés dans le même quartier, mais ce n’est pas parce que Limoilou est devenu plus dangereux», assure-t-elle. Elle souligne qu’il s’agit d’actes isolés sur des personnes ciblées et que la plupart de ces crimes ont été résolus. On ne parle pas d’agression gratuite, au hasard, en pleine rue. D’ailleurs, il y a quelques années, elle soulève que d’autres secteurs, comme Sainte-Foy, avaient connus plus d’homicides.
Difficile de comparer, car les statistiques les plus récentes disponibles sur le site Internet de la Ville de Québec datent de 2011 et englobent tout le territoire, mais du côté du Service de police, on assure qu’il n’y a pas de hausse des crimes et des interventions policières dans le quartier. En fait, le seul record de Limoilou concerne les vols de vélos. Mme Viel admet toutefois que les quartiers centraux brassent un peu plus que la banlieue, entre autres à la sortie des bars, mais dans l’ensemble, Québec demeure une ville sécuritaire.
Facile, donc, de stigmatiser Limoilou? Sa réputation de quartier «rough» semble avoir la vie dure. N’oublions pas non plus que l’arrondissement La Cité-Limoilou est le plus densément peuplé, avec à lui seul plus de 21% de la population totale de Québec.Un crime, c’est toujours un crime de trop, peu importe où il se produit. S’il ne faut pas se mettre de lunettes roses, il faut tout de même éviter les conclusions faciles. Après tout, des drames conjugaux, il y en a aussi derrière les belles portes closes des banlieues flambants neuves.Mais pour ma part, c’est quand les enfants cesseront de jouer au parc que je m’inquièterai.
Soutenez votre média
Contribuez à notre développement à titre d'abonné.e et obtenez des privilèges.