Colis 22 : un thriller à vélo dans Saint-Sauveur, Saint-Roch et Limoilou
Les quartiers de Saint-Sauveur, Limoilou et Saint-Roch figurent parmi les secteurs de Québec mis en scène par Marsi dans sa bande dessinée Colis 22, un thriller à vélo publié l’automne dernier à La Pastèque.
Colis 22, c’est un thriller sans prétention autre que celle de faire passer un bon moment. Pas de message, si ce n’est, justement, celui de montrer Québec. D’ailleurs, j’aime bien dire que Québec est l’un des personnages principaux de l’histoire », explique l’auteur, qui avait offert précédemment Miam miam fléau également à La Pastèque.
Pourquoi Québec ? Parce que Marsi aime cette ville, et qu’il aime rendre la ville sur papier, tout simplement. « C’est bien dommage qu’elle soit si peu exploitée au cinéma et à la télé », ajoute-t-il. Pour lui, la capitale est inspirante, sa géographie, exceptionnelle. « La Haute-Ville et la Basse-Ville se côtoient et donnent une perspective sans cesse renouvelée à chaque détour de rue », fait-il valoir.Pour Colis 22, il a choisi de l’utiliser comme décor à un récit d’action. Et certains des quartiers de cette Haute et Basse-Ville s’y prêtent bien…
Ses côtes, ses points de vue, ce resserrement que l’on retrouve dans ses rues et ruelles, tout contribue à donner à Québec, s’il le faut, un aspect tragique. Tout dépend du contexte. Voyager à travers la ville exacerbe les émotions. Gravir ses pentes ou ses escaliers donne au sentiment d’urgence sa pleine valeur. L’effort à fournir surenchérit sur la peur. De même, dévaler les côtes ou déambuler dans ses dédales rajoute à l’inquiétude. »
Sans oublier ce qu’il décrit comme un « sentiment de dominance » qui culmine avec la présence de quelques grands édifices : colline parlementaire, Château Frontenac. « Si je me laissais aller aux impressions loufoques, j’y verrais, dans ces lieux, un semblant de manoir perché sur la colline lointaine, l’ensemble baigné sous un éternel orage. Limoilou, dans tout ça, est un retranchement. Une sorte d’avant-poste où nos héros reprennent leurs forces. Au-delà du barrage psychologique de la rivière, ils y sont à l’abri. »Au fil des pages de Colis 22, il cherche à mettre la ville en scène dans son quotidien. « Je ne veux surtout pas oublier que l’un des buts premiers de Colis 22 est de rendre la ville dans son quotidien. J’utilise, entre les pans de l’histoire, des transitions qui cherchent à décrire ces lieux : les ponts, les avenues commerciales, les escaliers extérieurs, les églises, etc. Bref, nombre d’éléments qui traduisent bien ces quartiers de Limoilou, Saint-Sauveur et Saint-Roch. »
Lieux emblématiques
Dans sa bande dessinée, lieux réels côtoient commerces inventés. Question de bien ancrer son récit dans la réalité de Québec, Marsi a choisi des immeubles à occuper pour y installer ses échoppes, ses appartements, ses protagonistes.L’appartement d’un des personnages se situe sur la 5e Rue, à Limoilou, avec l’église Saint-Charles « qui en impose en bout de rue ». « Faut-il croire, qu’à mon âge, la rectitude catholique m’influence encore, mais ce bâtiment me rappelle sans cesse cette foi absolue à laquelle il était nécessaire de se soumettre ! », lance Marsi. La boutique de Sergio d’Io, Bicyclettes Komette, est en fait ce bâtiment qui fend le flot de la 3e Avenue, coin Canardière.
Anciennement un vidéoclub, maintenant une crèmerie, je l’ai choisi parce qu’il a longtemps été en vente. J’ai alors imaginé que Sergio d’Io l’avait acheté ou loué pour en faire son commerce. Pour moi, cet édifice a quelque chose de frondeur, de provocant. Il fait face au centre-ville telle une vigie ! »
Dans Saint-Sauveur, il imagera un casse-croûte, Chez Raoul. « Lui se trouvait, en fait, sur Saint-Vallier. Encore là, j’ai choisi un commerce en vente qui a été démoli par la suite pour faire place à un édifice-condos. J’aime ces bineries chez lesquelles on se retrouve pour discuter ou papoter tout simplement. Pluton l’utilise comme une cache parce qu’il s’y sent anonyme bien qu’en même temps, un peu chez lui et donc, en sécurité. »
Recherche visuelle
Question de s’assurer de l’exactitude des lieux choisis, une recherche visuelle s’est rapidement imposée. Beaucoup de photos prises. Beaucoup de référence à Google StreetView. Beaucoup d’allers-retours pour saisir l’évolution de tel immeuble, de tel secteur.
C’est dans des cas pareils que l’on s’aperçoit qu’une ville se transforme sans cesse et que l’édifice ou le terrain vacant d’hier même est déjà en chantier le lendemain pour faire place à l’indispensable qui, je le signale, s’avère souvent être le condo. Il y a quatre ou cinq cas notables dans Colis 22. C’est pour cette raison que je situe l’album en juin 2010. Pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté », explique Marsi.
Et le tout dessiné d’abord en miniature, Marsi préférant travailler en petit plutôt qu’en grand format. « Bon, OK, je le dis… ça fait moins de lignes à tracer », lance Marsi en riant. « Cela dit, somme toute, et puisque je suis encore capable de m’astreindre à ce format, je persiste. Mais, je me dis souvent qu’il serait raisonnable de faire autrement. Aussi, comme j’aime dessiner un peu n’importe où, le miniature me permet de bouger plus facilement. »
Soutenez votre média
Contribuez à notre développement à titre d'abonné.e et obtenez des privilèges.