Copenhaquébec : la fin d’un rêve…
Un service rapide par autobus (SRB) à Québec, voilà un beau projet visionnaire pour le développement durable de la ville. Par contre, désolé, je n’y crois pas du tout. Je prédis qu’il sera remplacé par une amélioration des parcours 800, ou quelque chose comme ça. C’est que ma capacité à rêver Québec a été complètement anéantie durant les dernières années. Comment cela a-t-il bien pu arriver ?Originaire de Saint-Étienne-de-Lauzon, un village de la Rive-Sud de Québec, je suis allé vivre à Montréal à la suite de mes études. Je voulais goûter le rythme et l’aventure d’une grande ville en mouvement. Et puis, en 2010, vint le plan de mobilité durable de Québec. J’en ai été tout simplement estomaqué et cela m’a incité à venir vivre à Québec de nouveau. Ce n’était pas rien : sur papier, Québec, avec Limoilou en son cœur, allait devenir un Copenhague nord-américain.Pourtant, cinq ans plus tard, je regarde par la fenêtre de mon bureau et je ne vois toujours pas de Copenhaquébec à l’horizon. Je ne vois toujours pas de ville moderne axée sur l’environnement, la mobilité et l’échelle humaine. Tout ce que je vois, c’est toujours et encore Québec. Cinq ans plus tard, j’ai perdu tout enthousiasme et je dois maintenant me résoudre à croire que nous serons toujours à la traîne, quelque part perdus dans le modèle de développement des années 1990.Qu’est-ce qui a réduit à néant mon enthousiasme, porté par mes nombreux rêves de Copenhaquébec ? Est-ce le tramway qui devait assurer un développement moderne et durable ? Mis à la poubelle, trop cher. Les deux projets innovants d’écoquartiers ? Ils peinent toujours à lever de terre et le transport en commun structurant ne s’y rendra pas avant un minimum de dix ans. Le démantèlement de l’autoroute Laurentienne en boulevard urbain ? Oubliez ça. La place publique et l’intégration structurante de l’amphithéâtre ? La place attendra, et pour l’intégration, tant pis, un grand stationnement fera l’affaire. Le développement accéléré du réseau cyclable ? À peine quelques kilomètres de réalisés et on coupe en plus dans les budgets. L’ouverture d’une usine de biométhanisation et la cueillette des déchets alimentaires partout dans la ville ? L’usine est repoussée encore aux calendes grecques.Le leitmotiv semble évident : non ou toujours plus tard.
Fausse route
Pendant ce temps, pendant que Copenhaquébec disparaît peu à peu, la « vraie » ville de Québec, elle, continue de rester en vie. Tout d’abord, il y a le grand développement urbain autour de Lebourgneuf et du nord des Galeries de la Capitale. De grands boulevards automobiles impraticables pour un piéton, jonchés de tours à condos, sans services de proximité. Ensuite, du même souffle, on nous dit que Québec est prête pour une densification monstre de 65 étages, mais qu’elle doit aussi absolument sacrifier ses dernières terres agricoles, ses îlots de fraîcheur, pour y construire une petite ville qui ne sera même pas aménagée autour d’un axe structurant de transports en commun. Le tout à l’auto, encore et toujours. Finalement, on salue l’élargissement des autoroutes et on phanpharonne (association libre de pharaon et fanfaron) devant un amphithéâtre qui aura coûté 230 millions de plus qu’à Winnipeg.Qu’on s’entende bien, je ne suis ni un extrémiste, ni un écologiste radical, ni un réactionnaire ; je suis un simple citadin qui aime voir les façons de faire de demain se réaliser, qui peine à suivre le rythme des décisions de la Ville et qui est amèrement déçu par ce qu’il voit. Je continue à croire que le plan de mobilité durable est exactement ce dont la ville a besoin. Et j’aimerais croire à l’avènement à Québec d’un service rapide d’autobus d’ici dix ans, mais mon optimisme a ses limites.Mais bon, ce n’est pas grave, on pourra toujours se consoler en admirant la construction du Phare de Québec, chacun arrêté sur l’autoroute, chacun assis dans sa voiture, chacun pris dans le trafic. Pour le reste, j’y croirai lorsque je l’aurai vu.
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