Élections 2015 : Rencontre avec Bladimir Laborit (Forces et démocratie)
En route vers le scrutin fédéral du 19 octobre prochain, Monlimoilou.com va à la rencontre des candidats de la circonscription Beauport-Limoilou, question de mieux connaître leurs engagements et leurs réflexions sur des dossiers incontournables. Aujourd’hui : Bladimir Laborit, candidat pour le parti Forces et démocratie (FD).
Le plus important pour moi, c’est d’être redevable aux Québécois. Tout ce que j’ai gagné dans ma vie, je l’ai gagné ici. Ça, c’est vital pour moi. Je crois à la nation québécoise autant que je crois en moi-même », indique le candidat de Forces et démocratie, Bladimir Laborit.
Il y a huit ans, il arrivait au Québec, question d’y faire sa vie. Pour connaître mieux le système politique et les lois en vigueur au pays, il complète des études universitaires en sciences politiques.Côté couleur politique ? Il spécifie rapidement qu’il est nationaliste. S’il se lance en politique, c’est avec le désir de participer, de s’engager pour sa société – et non par opportunisme – et à ce titre, il promet d’ailleurs de remettre 10 % de son salaire à un organisme communautaire de Beauport-Limoilou, s’il est élu. Au-delà des partis souverainistes, il s’est retrouvé chez Forces et démocratie, une formation politique qui a l’esprit d’une coalition, qui évite la sacro-sainte « ligne de parti ».
Les valeurs de Forces et démocratie rejoignent les valeurs des Québécois et Québécoises, autant que celles du Bloc québécois ou du Parti vert », indique-t-il.
Il retient tout particulièrement l’objectif de sa formation : rééquilibrer les forces en faveur des régions. « C’est un parti qui a vu que, dans le système actuel, les régions ont été oubliées », précise-t-il. Une perspective qui, pour lui, donne un autre éclairage à certains débats dont le déroulement est teinté par la partisanerie – celui de l’abolition du Sénat, par exemple : selon lui, « bien utilisé », celui-ci pourrait servir le système, les régions.
Je ne crois plus aux politiciens. Je crois aux projets de société qui sont portés par des députés qui ne sont pas des poteaux, qui ont la force nécessaire pour se battre pour leur région, pour leur coin de pays », lance-t-il.
Pouvez-vous nous présenter ce qu’est, pour vous, Beauport-Limoilou ?
C’est le noyau de mon existence, c’est mes amis, c’est le centre de plus de 3 % de l’immigration au Québec, spécialement des Africains. C’est aussi les Colombiens, les Cubains. C’est des personnes de partout, d’Amérique du Sud, d’Europe. Limoilou, c’est aussi mes grands amis québécois, qui n’ont pas de famille à Noël et que j’accueille chez moi. C’est aussi le reflet de ma propre existence. C’est aussi l’histoire, ce mélange d’émotions perdues et d’émotions à aller retrouver. C’est aussi une bonne part de la population qui vit dans la pauvreté. C’est des personnes qui sont presque abandonnées, qui ont des problèmes de logement, auxquelles le gouvernement chante la pomme depuis des années en disant qu’on va régler les problèmes de pauvreté – ce qui, d’ailleurs, n’est pas dû au travail du député, il ne faut pas blâmer les députés, non, c’est la faute aux partis fédéraux, tout le monde le sait… Le député ne peut rien faire : peu importe qui sera élu, il ne pourra rien faire, vraiment rien faire… La ligne de parti l’empêche de le faire… Si les députés veulent s’approcher vraiment de la région, il ne faut pas s’accrocher à la ligne de parti – il faut juste tendre l’oreille, ou lire des documents comme le diagnostic produit par l’ATI Limoilou. Toutes les statistiques sont dedans ! »
Quels sont vos lieux « coup de cœur » du quartier, ceux que vous aimez fréquenter ?
Le parc Cartier-Brébeuf. C’est la réunion de tous ! Le Domaine Maizerets aussi, mais le parc Brébeuf, c’est mon parc préféré. C’est le parc que j’utilise pour marcher avec mon chien, pour réfléchir, pour aller un peu vers l’histoire, me souvenir d’où je viens, qui je suis, où je vais, ce que je veux… D’échanger avec mes concitoyens… Et aussi le coin entre Limoilou et Beauport… Un coin dur dans la région, celui où il y a le plus de pauvreté et de violence. Mais je n’ai jamais souffert, je n’ai jamais été agressé, au contraire ! Quand je travaille avec les jeunes, les parents sont tellement contents que je sois là. J’y suis au travail entre 14 h et 22 h, ou parfois 14 h et 7 h le matin… C’est mon deuxième coin préféré. Et j’aime beaucoup Beauport aussi ! Mais je préfère ce coin-là. Il me touche beaucoup. »
Quel bilan faites-vous du travail du député Raymond Côté, lors du dernier mandat ?
Je ne veux pas parler des députés en général, mais je vais répondre à la question parce que vous l’avez posée. Moi, je considère tout le monde comme des amis, comme des compatriotes, je n’ai pas d’ennemis. Je crois qu’il a fait ce qu’il a pu, mais la ligne de parti ne permet pas plus. Et il ne pourra pas faire mieux, car la ligne de parti ne changera pas tout d’un coup. Les positions pancanadiennes des partis ne sont pas nécessairement faites en fonction du Québec. C’est des promesses lancées dans les airs ! Ils ne vont rien faire. Ils n’ont rien fait d’ailleurs – ça fait 50 ans qu’ils ne font rien. Ce n’est pas le NPD, les conservateurs, les libéraux. Il n’y a personne qui fera quelque chose ! Et pourquoi je pense que Forces et démocratie va faire quelque chose ? Parce que moi, je vais donner mon argent, et parce que Forces et démocratie, on est créé pour changer la façon de faire les choses au pays, pour arriver à créer une équité entre les provinces. »
Quel est, selon vous, le dossier prioritaire pour la circonscription Beauport-Limoilou ?
La lutte à la pauvreté et l’environnement ! On n’a pas un développement économique durable sans un développement social durable. Si on lutte contre la pauvreté, on lutte en faveur du développement durable, de l’écologie, de l’environnement, et on élimine des problèmes de santé… C’est toute en continuité, tout s’enchaîne ! »
Pouvez-vous nous détailler d’autres de vos priorités ou engagements ?
- Santé. « C’est vital, la pauvreté et la santé sont liées. J’ai beaucoup de misère quand je vois que dans mon assiette, j’ai tout ce que je veux, et qu’il y en a d’autres qui ne l’ont pas. »
- Réviser les politiques canadiennes quant à la lutte à la pauvreté.
- Soutien à l’immigration. « On ne peut pas se fermer à l’immigration aujourd’hui, c’est vital ! » « Il faut réviser les règles quant à la reconnaissance des diplômes des immigrés, des préalables, des crédits, pour permettre l’accès au travail plus facilement ! »
Manque d’arguments scientifiques au Port de Québec
Ce que Bladimir Laborit déplore, quant au Port de Québec, c’est l’absence de consultation concernant le projet d’agrandissement, au fil des différentes étapes de développement du projet… « Ça, c’est vraiment dangereux ! » souligne-t-il.Il déplore également l’absence d’argumentaire scientifique relativement aux initiatives du Port. « On peut faire mieux que ça… » « Je crois qu’actuellement, il y a beaucoup de mensonge, de manipulation de l’information, de désinformation. Et le monde est écoeuré… »La pollution de l’air ?
On peut l’arrêter, on peut l’éviter, dans la mesure où on va chercher l’avis de spécialistes reconnus et qu’on l’applique. En tant que député, ce n’est pas à moi de dire quoi faire, mon rôle est de faire connaître les besoins de la population. »
Questions thématiques
Le candidat de Forces et démocratie a ensuite été invité à se prononcer sur différentes thématiques, afin de rappeler ses préoccupations ou celles de son parti.Sur la thématique de la culture et des loisirs, il cite en exemple un événement comme MondoKarnaval, qui favorise le rassemblement des citoyens et citoyennes de toutes cultures dans le quartier, un événement « nécessaire et intéressant ». Il suggère également de jouxter d’autres événements propres à la culture d’ici – une journée dédiée, par exemple, à la culture québécoise sous toutes ses formes : musique, poésie…
Pourquoi on ne fait pas partout un festival Félix Leclerc ou Gilles Vigneault, de temps en temps, des événements pensés en fonction de nos valeurs ? » suggère-t-il.
Dans le registre de la famille, il estime qu’il se passe quelque chose de « merveilleux » à Beauport-Limoilou, une intégration des immigrants adaptée au milieu, jouxtée à l’arrivée de jeunes familles.Sur la question environnementale, outre le Port de Québec, pour lui, le plus important, c’est de « performer localement, mais penser globalement » : « Ça, c’est la façon de faire du développement durable ! » ajoute-t-il. Il rappelle également l’importance de la conscientisation, de la sensibilisation, quant aux thématiques environnementales.Sur le plan économique, il préconise un meilleur soutien à l’industrie manufacturière, autant que l’ajout de mesures pour favoriser une diversification de l’économie et la hausse des exportations.
Questionnements citoyens
Le candidat de Forces et démocratie a ensuite été questionné sur différents dossiers ou enjeux à caractère local, choisis à la lumière des préoccupations énoncées par les lecteurs et lectrices de Monlimoilou.com. Voici les réponses de Bladimir Laborit sur les éléments qui n’avaient pas été abordés aux points précédents :
- Accès au fleuve : « Je crois qu’il faut travailler beaucoup là-dessus. Énormément. Mais attention, il faut le faire de façon adéquate : il faut créer des projets en fonction des besoins de la population. »
- Transport ferroviaire et port pétrolier : « Je suis pas d’accord avec ça pour le moment. Je vais lire, je vais écouter les scientifiques, je vais entendre les opinions de ceux qui sont préparés à répondre, et je vais écouter la population. Ensuite, je serai en terrain connu : je ne suis pas là pour dire quoi faire ou comment faire ! Mais, pour l’instant, je crois qu’on devrait faire attention avant de prendre une décision… Mais, à ce moment, je suis contre, car on n’a pas d’analyse scientifique. »
- Parc Cartier-Brébeuf : « Revitalisation assez réussie, sans oublier qu’on peut toujours faire mieux ! Moi, je l’adore. Je n’habite pas loin et je m’y promène souvent, tous les après-midi, avec mon chien. »
- Sécurité pour les cyclistes et piétons : « Il faudrait faire attention ! La signalisation n’est pas toujours correcte, les cyclistes vont parfois trop vite… Mon voisin est tombé, il s’est blessé, a eu quatre mois de convalescence… Il faudrait améliorer la signalisation, attirer l’attention là-dessus. »
- Participation fédérale aux grands dossiers d’urbanisme : « C’est pourri ! Le fédéral va descendre quand c’est en fonction de ses besoins, pas en fonction des besoins des régions. C’est pour ça que c’est important de décentraliser le pouvoir fédéral, qui est trop fait en fonction des besoins nationaux… Oui, on va te donner l’argent, on a l’enveloppe, mais il faut que ce soit fait comme ça, que ce soit dépensé comme ça… Ce n’est vraiment pas correct, honnêtement. »
Et le mot de la fin ?
Je ne me présente pas en politique fédérale pour avoir un salaire, pour travailler en fonction d’une ligne de parti ou d’une idéologie déterminée. Je ne crois pas aux idéologies. Je crois en l’amitié, en l’amour, en la collaboration, en la science, au respect des valeurs et aux Québécois et Québécoises qui m’ont aidé. Le reste, je n’y crois pas. Je ne crois nullement pas aux politiques fédérales : celui qui veut voter pour moi peut voter, celui qui ne veut pas voter ne vote pas… Et, comme l’a dit Martin Luther King : “À la fin, ce n’est pas les arguments de mes ennemis qui me dérangent, c’est le silence de mes amis”. »
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