Élections 2015 : Rencontre avec Dalila Elhak (Parti vert)

dalila-helhakEn route vers le scrutin fédéral du 19 octobre prochain, Monlimoilou.com va à la rencontre des candidats de la circonscription Beauport-Limoilou, question de mieux connaître leurs engagements et leurs réflexions sur des dossiers incontournables. Aujourd’hui : Dalila Elhak, candidate pour le Parti vert du Canada.

Mère monoparentale de trois enfants, diplômée en journalisme et en sciences politiques, travailleuse autonome, propriétaire d’une garderie en milieu familial… Tant d’éléments par lesquels on peut présenter la candidate du Parti vert du Canada, Dalila Elhak. Ce qu’elle préfère ? « Citoyenne », tout simplement. « J’ai les mêmes préoccupations que n’importe qui ! » ajoute-t-elle.Après plusieurs années au Canada, au Québec, à tenter de trouver sa place, elle perd tout – aux côtés de plusieurs autres familles immigrantes du quartier – alors qu’un incendie dévore l’immeuble à appartements qu’elle occupe.

Après l’incendie, les gens du coin nous ont aidés d’une façon incroyable, à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Toute cette générosité m’a permis de recommencer ! » indique-t-elle.

Déçue de l’engagement des politiciens sur les dossiers qui lui importe, Dalila Elhak s’implique plus que jamais. « J’ai essayé d’être un peu partout. » Groupes communautaires, démarches et actions à caractère politique, mise en place du Conseil panafricain de Québec, et plus. « Je me suis dit qu’il fallait que je participe à la vie sociale, par tous les moyens qui me sont offerts. »Intéressée par la politique, dépitée par les propositions ou les actions des différentes formations en place, elle se dirige vers le Parti vert d’Elizabeth May.

J’ai vu le côté humain de Mme May. Son programme est là ! Ça donne la chance à tout le monde de participer. Elle commence par les autochtones, par les démunis : tout le monde a une place ! »

Le nerf de la guerre, pour Mme Elhak, c’est de faire les choses différemment. Et de poursuivre son engagement dans sa communauté, bien au-delà du 19 octobre, peu importe le résultat du scrutin : « Même dans la rue, je dis aux gens : “Oubliez les élections, moi, je vais rester à long terme !”. »Pouvez-vous nous présenter ce qu’est, pour vous, Beauport-Limoilou ?

D’abord, c’est un secteur où il est agréable de vivre et je suis contente de faire partie de ses citoyens. Si on parle économiquement, gens de Beauport sont plus propriétaires, la pauvreté se situe plus dans le secteur Limoilou… Les situations sont différentes. La seule chose qui les rassemble, c’est la pollution, avec l’agrandissement du Port de Québec, et les enjeux économiques. La situation économique des résidents de Beauport est meilleure que celle de ceux de Limoilou. Aussi, il y a beaucoup d’humanisme, d’aide entre les personnes… Et le fait qu’on est proche du centre-ville amène beaucoup de jeunes familles à acheter maisons ou condos… Et tous ces gens ont leur place pour faire un changement ! Après tout, ils respirent tous le même air pollué. »

Quels sont vos lieux « coup de cœur » du quartier, ceux que vous aimez fréquenter ?

On ne peut pas oublier la 3e Avenue. Et j’aime beaucoup mon coin, ici, le chemin de la Canardière… Je vois le secteur avec l’œil de l’entrepreneur, je cherche comment améliorer les choses, et le Centre Mgr Marcoux a beaucoup de potentiel : l’emplacement, la bâtisse… Mais ce n’est même pas utilisé à 2 % de la manière par laquelle, moi, j’envisagerais de l’utiliser. Ça pourrait être un centre d’affaires, avec présence d’organismes financiers, où l’on pourrait effectuer des rencontres avec de jeunes entrepreneurs… Il faut chercher les entrepreneurs en nous, car c’est nous qui allons créer nos emplois, au lieu d’attendre que quelqu’un nous engage ! C’est comme ça qu’on va diminuer la pauvreté et le chômage. »

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Quel bilan faites-vous du travail du député Raymond Côté, lors du dernier mandat ?

Un échec total. Et c’est tout à fait normal : il a une formation pour être archiviste… c’est sûr qu’il n’est pas là en ce qui concerne le leadership ! Il montre qu’il est là, il se fait prendre en photo. Mais M. Côté, il n’a rien fait d’autre à part avoir son salaire. Lorsque j’étais sinistrée, ça m’a pris beaucoup de temps d’attente pour avoir un rendez-vous avec lui – je n’étais pas sur la liste des victimes de l’incendie, j’ai dû appeler les médias pour dire que j’existe… C’est comme ça que les gens ont su que j’étais là-dedans et mes enfants aussi… M. Côté, il n’est pas fait pour être en politique. J’ai vu une belle démarche de Philippe Couillard, qui prend les candidats qui sont des journalistes : ils ont la gueule pour pouvoir défendre les gens ! Ils sont capables d’aller chercher l’information, ils sont capables de parler, car la communication, ça compte beaucoup – il faut après tout consulter les citoyens, les mettre en position de prise de décision. Si les citoyens ne sont pas là, ils se sentent oubliés… Ils n’ont plus confiance. »

Quel est, selon vous, le dossier prioritaire pour la circonscription Beauport-Limoilou ?

C’est sûr que c’est le Port de Québec. C’est un enjeu majeur. »

Pouvez-vous nous détailler d’autres de vos priorités ou engagements ?

  • La pauvreté.
  • L’emploi.
  • L’entrepreneuriat. « Il nous faut des jeunes qui veulent investir de l’énergie, créer des projets. Quand on crée des projets, on crée de l’emploi, on crée une économie, on crée une société ! »

Le Port de Québec : l’importance d’une expertise neutre

Dans le dossier du Port de Québec, il s’agit, selon Mme Elhak, de se donner les outils nécessaires afin d’aller chercher des données fiables et indépendantes – quitte à engager des organismes externes, « qui n’ont rien à voir avec les gouvernements fédéral ou provincial », afin de réaliser les mesures et de dégager les informations nécessaires. « C’est comme ça qu’on saura comment agir. »

Et il faut arrêter le projet d’agrandissement du Port tout de suite. Il faut arrêter toute cette pollution-là. Il faut essayer de voir, parmi les statistiques qu’on aura, combien de personne souffent du cancer à cause de la pollution, combien d’enfants ont des problèmes de comportement à cause du nickel, car tout le monde sait que le nickel crée des troubles de comportement et d’apprentissage ! Il faut qu’on arrive à savoir tout ça… Je déteste le fait qu’on se laisse faire ! »

La question du transport par train de produits du pétrole à travers les zones résidentielles de Beauport-Limoilou l’inquiète également. « Pourquoi fait-on ça ? Qu’est-ce qu’on attend ? Une autre catastrophe pour agir ? » lance-t-elle.Elle salue également, du même souffle, le travail mené par Colette Roy-Laroche, mairesse de Lac-Mégantic lors de la tragédie ferroviaire de 2013, qui, estime-t-elle, a agi en « mère de famille » à l’égard de sa communauté dans la suite des événements.

Elle a traité les gens comme elle aurait souhaité qu’on la traite, et même peut-être mieux ! Et c’est ça la politique. C’est ça qu’on veut. C’est ce qu’on espère tous ! »

Dans tout ça, elle critique vivement l’opacité et le manque de transparence de l’administration portuaire, réitérant la nécessité d’avoir des données supplémentaires, des analyses neutres, « pour avoir une idée claire de ce qui se passe chez nous » et cela, tant à court qu’à long terme.

Questions thématiques

dalila-helhak-electionsLa candidate du Parti vert du Canada a ensuite été invitée à se prononcer sur différentes thématiques, afin de rappeler ses préoccupations ou celles de son parti.Sur la question des familles, elle rappelle la responsabilité qu’a chacun à se donner des habitudes responsables quant à l’environnement, à une vie « saine et propre ».

Il faut plus de sensibilisation ! Quitte à aller cogner à chaque porte : si vous n’avez pas de bac de recyclage, alors je vous ramène un bac ! Et j’aimerais bien qu’il y ait un programme qui offre la possibilité aux famille d’avoir un crédit d’impôt pour l’achat de robinets écologiques, de voitures plus vertes. Leur demander de faire du jardinage, du compostage… », poursuit Dalila Elhak.

Sur la question du développement durable, elle évoque un projet de « fermes verticales », une approche étagée pour le jardinage, qui pourrait rendre la pratique d’autant plus accessible. « Ça prend pas beaucoup d’espace, et on peut avoir notre nourriture biologique, faite chez nous. Et ça commence juste par un petit investissement. »Elle rappelle que son parti compte faire beaucoup pour les aînés, de manière à leur permettre de vieillir chez eux, dans la dignité.En éducation, elle souhaite voir l’éducation postsecondaire offerte gratuitement, tout en valorisant plus avant les formations de haut niveau et en poursuivant la lutte contre le décrochage. En santé, c’est un accès plus large, pour tous, à de meilleurs soins de santé qu’elle vise.

L’accès aux soins de santé, c’est primordial : on ne peut pas en priver quelqu’un ! » indique-t-elle.

Questionnements citoyens

La candidate verte a ensuite été questionnée sur différents dossiers ou enjeux à caractère local, choisis à la lumière des préoccupations énoncées par les lecteurs et lectrices de Monlimoilou.com. Voici les réponses de Dalila Elhak sur les éléments qui n’avaient pas été abordés aux points précédents :

  • Accès au fleuve : « C’est à nous le fleuve, c’est pas à l’État, c’est pas à un gouvernement ou un parti. »
  • Appui aux groupes communautaires et culturels : La candidate juge nécessaire de continuer à les appuyer, les accompagner et, à travers certains d’entre eux, créer activités ou événements qui permettront d’unir les citoyens et citoyennes, de toutes cultures.
  • Immigration : « Beaucoup, moi incluse, tournent en ronde avant de trouver leur voie. Ça peut prendre du temps. Il faut vraiment encadrer les immigrants qui arrivent ici, les aider à se diriger vers les domaines où il y a une pénurie, leur offrir des formations adaptées. »
  • Parc Cartier-Bréboeuf : « Il y a toujours de l’amélioration à faire : il n’y a rien qui est réussi à 100 %. »
  • Sécurité cyclistes ou piétons : « Les cyclistes ne sont pas en sécurité mais, parfois, c’est eux qui ne cherchent pas à être en sécurité : ils ne circulent pas toujours sur les pistes cyclables. Mais il y a aussi les automobilistes ! Dans les rues résidentielles, je ferais des dos d’âne partout, pour les obliger à diminuer leur vitesse. »

Et le mot de la fin ?

« Je veux juste que tous les citoyens s’impliquent. Tous ceux qui se sentent rejetés par la vie politique, par les politiciens qui sont en place, tous ceux qui veulent changer la circonscription. On peut prêcher par l’exemple ! Nous ici, à Beauport-Limoilou, on peut créer la différence qui peut devenir un exemple cité partout dans la province et dans d’autres provinces ! Il faut juste avoir confiance en nous. Avoir assez de gueule pour défendre nos projets et aller vers l’avant. Et s’ouvrir sur les autres. Et les jeunes ont laissé leur place, ils ont laissé un vide énorme… ce n’est pas en s’abstenant de voter qu’ils vont changer les choses ! »

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