J'avais envie de sortir de Limoilou. De la 3e, de Saint-Roch. Je pourrais vivre dans le Vieux-Limoilou sans jamais mettre les pieds dans d'autres quartiers de la ville, tellement tout mais TOUT y est à portée de la main. Récit d'un rallye vélo avec Boris de Monsaintsauveur.com.
Face à face Saint-Sau Limoilou : Première partie
J’avais envie de sortir de Limoilou. De la 3e, de Saint-Roch. Je pourrais vivre dans le Vieux-Limoilou sans jamais mettre les pieds dans d’autres quartiers de la ville, tellement tout mais TOUT y est à portée de la main. Récit d’un rallye vélo avec Boris de Monsaintsauveur.com.
La Taverne Jos Dion, la grotte de la Vierge un peu décriss, les restos asiatiques, les petites maisons cordées mangées par le soleil caniculaire. L’asphalte ostentatoire. L’image de Saint-Sauveur bâtie dans ma tête au fil du temps. Je voulais voir plus, revoir, revisiter. Agrandir ma CARTE POSTALE dans mon encéphale.
Je prends la piste cyclable sur le bord de la rivière Saint-Charles, tourne sur Bigaouette et traverse le boulevard Charest. Je n’ai jamais traversé le boulevard Charest en vélo. On est lundi. J’ai couru vite après le travail pour enfiler mon casque. À mon arrivée chez Boris, déjà ça clash. Sa cour est jardin, légumes et vigne à raisins. Je respire en masse du vert, me surprends à penser que ça ne sent pas l’usine.
Bien vite on saute sur nos vélos. Boris me guide, c’est l’heure du souper, peu de voitures sont dans le chemin. Parce que pour le vélo, les rues de Saint-Sau, ce n’est pas jojo ! On passe devant la caserne. Je regarde les noms des rues : Mazenod, Père-Grenier, Marie Louise, de Jumonville, pas de au coin de la 3 et de la 6, de la 2 pis de la 8, des rues comme Raoul-Jobin, qui nous amène au parc Dollard-des-Ormeaux, secret bien gardé, avec ses dix terrains de volley, ses brins de jeunesse tout en bras et tout en jambes, bronzés et toutte tchekés, le paradis pour les 18-25 voulant rencontrer l’âme soeur en dehors du réseau des bars. Il ne manquait que le Playing with the boys de TOP GUN en fond sonore ! Le parc Dollard avec sa piscine à chérir, quand toutes les autres sont pleines à rebord, ses jeux d’enfants, son skate-parc, qui n’est pas juste un terrain de baseball seul sur son boulevard, quand on est sur Charest, le soleil couchant dans le pare-brise.
On pédale jusqu’au complexe militaire de Saint-Malo, voisin du parc industriel et ses défuntes usines d’armements qui vrombissaient au son des machines pendant la Deuxième Guerre mondiale. Puis jusqu’au coteau Sainte-Geneviève, cette falaise, ce roc, que sais-je, je ne suis pas géologue, je ne savais même pas qu’elle avait un nom, cette falaise, avec ses escaliers qui vont de la Haute-Ville à la Basse-Ville, de la Basse-Ville à la Haute-Ville, avec ses sportifs confirmés ou du dimanche, dévalant les marches, près de la GROTTE de la Vierge, toute rénovée depuis ma dernière visite il y a trop d’années, quand on avait peur de se prendre une seringue dans le pied à tous les dix centimètres, avec ses petites portes secrètes, sa bouteille de vin en offrande sur l’autel, et son bout de prière écrit à la main sur un papier qui ressemble à un carton de cigarette, qu’on a lancé par-dessus la clôture, pour rétablir j’imagine le cours des choses.
Le distributeur de chips reconverti en distributeur de Tide au lavoir, l’école de danse, magnifique grosse bâtisse rouge sur Langelier, les portes en coin, architecture typique du quartier, l’ancienne rue Sainte-Thérèse du Carnaval – je dois absolument lire LES PLOUFFE de Lemelin pour me plonger dans le Saint-Sauveur ouvrier ravagé par les incendies, fourmilière plus populeuse qu’aujourd’hui, un vrai village alors que le reste de la ville était pour plusieurs un lointain écho, voir un absolu inconnu ! Aujourd’hui Saint-Sau est multiethnique. On y trouve toujours des vrais de vrais, des familles qui y sont depuis plusieurs générations. Comme Limoilou, un sentiment d’appartenance brille souvent de mille feux.
Nous revenons chez Boris, j’ai faim, un délicieux BBQ nous attend, nous avons évité la pluie, on parle de nos quartiers autour d’une bouteille de vin. Au moment du départ je prends un Harlequin à la lueur d’une lampe solaire, dans la niche à livres de Boris. Je remercie Boris et sa blonde pour la belle soirée, j’embarque sur mon vélo, il vente et j’ai froid mais je m’en fous. Au parc Victoria, deux filles avec leurs casques à grosses oreilles boxent dans la nuit.
- À suivre : visite de Boris dans Limoilou
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