Hockey au pied du Château Frontenac : une histoire presque vraie…

Décembre 1958. Notre équipe de la paroisse s’appelait pompeusement les AS de Saint-Fidèle. Et non, nous n’étions pas le club école des fameux AS de Québec qui jouaient à cette époque dans la Ligue de hockey du Québec.

Source inconnueNotre club de niveau Pee-Wee était formé d’une dizaine de joueurs. Notre entraîneur, M. Paré, organisait des joutes « à l’extérieur », comme il aimait le mentionner, l’extérieur étant simplement une partie dans une paroisse voisine ou dans un autre quartier de Québec.Le 15 décembre, M. Paré nous annonça que le prochain gros match à l’extérieur serait dans une semaine, contre le Canadien du quartier Champlain, et que nous jouerions sur la patinoire située au pied du Château Frontenac.- Wow, on va jouer sur la patinoire du Château, à la haute ville, M. Paré ?- Non,  ben non, à la basse-ville, au pied du Château…- Pourquoi jouer là, coach, demandai-je ?- On joue là parce que c’est nous le club visiteur, voyons !Je ne compris pas l’explication du coach, mais comme il avait toujours raison, j’acceptai sans rechigner sa décision. Personne dans l’équipe des AS de Saint Fidèle n’aurait osé contester M. Paré.Le dimanche 22 décembre, dix ti-gars vêtus du chandail vert et rouge des AS accompagnés par un vieux monsieur portant le coupe-vent des AS prirent l’autobus numéro 5, direction boulevard Champlain, au pied du Château Frontenac.En arrivant à la patinoire, Paul Labrie, le « bolé » de notre équipe, s’écria :-  Les gars, on est au Cap Blanc. Les tuffs du Cap Blanc, vous connaissez ?  Y vont venir nous battre ; ma mère m’a déjà dit de faire attention. Moi j’m’en retourne chez nous !On avait tous entendu parler du Cap Blanc, de ses tavernes, de ses bagarres entre marins, car ce coin de la ville était situé près du port. Que de légendes urbaines à propos du Cap Blanc. Nos mères nous interdisaient de nous y rendre parce que le danger était partout. Il y avait même des filles de mauvaise vie et des maisons peu recommandables, sans oublier ces jeunes voyous qui faisaient la loi. Un quartier à éviter…-  Voyons les gars, dit M. Paré.  On n’est pas au Cap Blanc, on est à côté du Cap Blanc ; bref, pas loin mais assez loin. C’est quoi ça, avoir peur des tuffs  du Cap Blanc ?  On joue au pied du Château Frontenac : regardez, les gars, si c’est beau ?Vrai que c’était un endroit superbe entre le Cap Diamant et le fleuve. Les sages paroles  du coach et ses connaissances de la géographie nous rassurèrent, et même le « bolé » à Labrie accepta d’enfiler ses patins.Les Canadiens du quartier Champlain jouant à domicile – un avantage certain – et étant plus rapides que nous, nous écrasèrent par la marque de 8 à 1. Les petits AS furent battus par les joueurs portant le chandail bleu-blanc-rouge.  Et les bums du Cap Blanc n’y furent pour rien, sauf que…Je me suis longtemps demandé si au fond de nous, les légendes urbaines et les peurs racontées par nos mères n’avaient pas influencé notre jeu. Ça se pourrait bien…

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