Tramway : la victoire des pense-petit

Image provenant de la vidéo faisant la promotion d'un tramway à Québec
(Photo courtoisie)
On le sentait déjà venir depuis plusieurs mois. Petit à petit, l’administration Labeaume laissait aller des signaux selon lesquels le projet de tramway n’était plus aussi intéressant que lors de l’adoption de son Plan de mobilité durable en 2011.Jeudi, le maire a laissé tomber la phrase qui tue : « Je pense que personne ne sera surpris d’apprendre qu’il n’y a plus de tramway. » Si ce n’est pas tout à fait une surprise, c’est une déception. Énorme. J’étais de ceux qui y croyaient, à ce Plan de mobilité durable, dont la qualité des experts et des recommandations ne faisait pas de doute.Et la pièce maîtresse, c’était le tramway. Lors de la dernière campagne électorale à l’automne 2013, les candidates d’Équipe Labeaume avaient d’ailleurs été interrogées sur le possible trajet du tramway lors du débat organisé par Monlimoilou. Personne, à l’époque, ne disait que le projet allait être abandonné. D’ailleurs, tous les candidats, des deux partis, semblaient convaincus de ses avantages indéniables.

Le financement

Restait la question financière à régler, qui était un enjeu évidemment fort important. À l’époque, le maire Labeaume avait dit que le fédéral devrait être mis à contribution – ça demeure vrai, même s’il ne le dit plus. Le gouvernement en place à Québec depuis avril 2014 répète inlassablement pour sa part qu’il n’y a pas d’argent pour le tramway (ou pour à peu près rien…).Or si on accepte leurs prétentions, on peut quand même espérer que la Ville de Québec mette de l’avant d’autres projets en attendant le moment où l’argent sera « de retour ». Un projet d’une telle ampleur peut être reporté à plus tard. Je croyais d’ailleurs, naïvement, que le maire allait proposer du Service rapide par bus (SRB) avant d’en arriver à un futur tramway, tel qu’il l’avait laissé sous-entendre à quelques reprises. Là, ce n’est même plus ça, c’est juste l’abandon total du tramway.La récente annonce de l’implication de la Caisse de dépôt et de placement du Québec dans le transport collectif à Montréal m’avait pourtant redonné de l’espoir : voilà que le gouvernement reconnaissait que ces types de projets étaient essentiels au développement d’une ville et du Québec. Si c’était bon pour Montréal, pourquoi ce ne le serait pas pour Québec ? Mais le peu d’enthousiasme démontré par le maire pour cette solution était révélateur de ce qui allait suivre…

Les transports collectifs au et à Québec

Investir dans les transports collectifs est à peu près l’investissement public le plus structurant au Québec : diminution des gaz à effet de serre, effet positif sur la balance commerciale, amélioration de la qualité de vie pour de nombreux citoyens, investissement dans une expertise québécoise reconnue, mesure positive pour les plus démunis (qui sont plus dépendants des transports collectifs), diminution de la congestion, etc.Pourtant, depuis l’adoption du Plan de mobilité durable par la Ville en 2011, on entend parler presque exclusivement de mesures défavorables au transport collectif et à la mobilité durable : élargissement d’autoroute (à des coûts faramineux), modification d’une voie réservée au transport en commun au profit du covoiturage, création de nouveaux stationnements au centre-ville, etc. Et la transformation de l’autoroute Laurentienne (de Wilfrid-Hamel au centre-ville) en boulevard urbain ? Et les mesures pour favoriser les déplacements utilitaires des cyclistes et piétons ? Et les investissements majeurs dans le réseau de transport collectif ?Tout cela est franchement déprimant. Limoilou, comme d’autres quartiers centraux, aurait gagné beaucoup d’un tel projet. Il faudra attendre encore combien de temps avant que la Ville se dote d’un réseau de transport collectif performant et favorisant réellement la mobilité durable ? Concluons en citant le Plan de mobilité durable :

Plus un système de transport collectif est lourd (tramway, système léger sur rail, métro), plus il a d’influence sur la trame urbaine et sa densification. On peut ainsi affirmer que les réseaux de transport dits supérieurs organisent le territoire, les autres ne font qu’en accompagner le développement. » (p.69)

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