À la conquête du pont Dorchester (1 de 2) : état des lieux
Il est large, bétonné, asphalté, et il est un incontournable pour des milliers de piétons et de cyclistes chaque semaine. Pourtant, le pont Dorchester n’est pas ce qu’on pourrait appeler un lieu, et encore moins un espace public ; il gagnerait à s’inspirer d’ailleurs…
Dans la ville, si le « lieu » est un espace appropriable, source d’identité et où les rencontres et les échanges sont facilités, alors, le pont Dorchester est plutôt un « non-lieu » : un espace de transit interchangeable qui cultive l’anonyme et que l’on n’habite pas. Des recherches très intéressantes sur la notion de « non-lieu », par Marc Augé, sont abondamment utilisées en design urbain pour étudier l’espace public collectif.Construit dans sa forme actuelle dans les années 1960, en même temps que le bétonnage massif de la rivière Saint-Charles, le pont Dorchester apparaît aujourd’hui comme un élément délaissé, au milieu d’une rivière qui a été peu à peu réaménagée. Sa conception, sans aucune subtilité, ne remplit qu’une seule fonction : permettre la traversée. Avantageusement localisé dans la continuité de la 3e Avenue et de la rue du Pont, le pont Dorchester offre des vues impressionnantes sur la rivière et la silhouette urbaine, mais n’est pourtant pas un lieu agréable. Malgré un achalandage incessant, aucun espace n’est dédié à l’arrêt, la pause ou la contemplation. Le lieu est exposé aux grands vents, on y passe rapidement.Il s’agit pourtant d’une porte d’entrée importante aux deux quartiers centraux, Limoilou et Saint-Roch.
Quelques exemples inspirants
Aussi le pont peut-il devenir bien plus qu’une simple traversée morose. On recense plusieurs constructions de ponts multifonctionnels habités et animés comme à Paris ou Prague, ou encore quelques exemples de ponts marchands comme le pont du Rialto à Venise. Depuis peu, plusieurs projets de réfection ou de construction de nouveaux ponts à travers le monde tentent de réinventer la traversée. Après tout, la traversée d’une rivière est unique et devrait aussi amener une intervention unique.
Le Continental Avenue Bridge à Dallas, inauguré en 2012, dépasse la conception traditionnelle du pont piéton et agit comme une véritable extension du parc urbain. Les piétons peuvent s’y arrêter, des éléments de mobilier urbain définissent des zones ombragées et on y retrouve même un parc pour enfants et des buvettes.À Providence au Rhodes Island, la communauté a été engagée dans un large processus participatif qui visait à définir les besoins pour le nouveau pont.
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