Les ruelles : voie de transit ou milieu de vie ?

ruelle

Une nouvelle triste dans l’arrondissement du Sud-Ouest à Montréal, impliquant un enfant de 6 ans percuté sur le trottoir par un automobiliste sortant d’une ruelle, a ramené une certaine lumière sur les ruelles montréalaises et l’enjeu de la sécurité. Et ici dans le Vieux-Limoilou, l’enjeu demeure-t-il d’actualité ?

À Montréal, la nouvelle a vite fait réagir : des parents ont marché pour réclamer des ruelles plus sécuritaires. Dimanche dernier, le chroniqueur Stéphane Laporte a publié, dans La Presse +, une jolie ode aux ruelles en tant que milieu de vie. De leur côté, les élus de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal ont réagi rapidement et de façon impressionnante : le maire a annoncé de nouvelles mesures pour sécuriser les ruelles grâce notamment à l’implantation de dos d’âne « himalayens ».Le sujet des ruelles a maintes fois été abordé par l’équipe de Monlimoilou.com. L’an dernier, nous avions même lancé une initiative, en collaboration avec Votepour.ca, pour créer une signalisation propre pour les ruelles du quartier, visant à souligner le caractère familial, naturel, cyclo-piétonnier et festif des ruelles. Ça se voulait un jalon dans la longue entreprise « d’appropriation citoyenne » des ruelles comme milieu de vie pour tous. S’ajoutait à cela une mine d’informations sur les ruelles sur Jaimemaruelle.com

Pas un cas isolé

Les événements récents à Montréal – et deux petits incidents vécus dans mon quartier – m’amènent à revenir sur le sujet. La semaine dernière, je circulais à pied avec les enfants sur une ruelle parallèle à l’école Saint-Fidèle. Je vois soudainement un véhicule traverser la ruelle devant nous – à une vitesse trop élevée – pour court-circuiter la lumière de la 4e Avenue/12e Rue. Au volant : une mère de famille, pressée d’aller chercher ses enfants au service de garde, et, question de faire la totale, en train de parler au cellulaire au moment où elle utilise la ruelle comme moyen de transit. J’ai eu beau lui faire des signes à l’effet qu’elle allait trop vite, elle ne m’a jamais vu.Autre récit, quelques jours plus tard : plusieurs enfants jouent dans une ruelle parallèle à la 4e Avenue. Un automobiliste sort de sa cour et cherche à rejoindre la rue. Il avance tranquillement vers l’intersection de la ruelle et le voyant arriver, les enfants commencent à se tasser (comme ils le font généralement dans une telle situation). Au lieu d’arrêter pour leur laisser le temps de se tasser, l’homme se permet plutôt de poursuivre vers les enfants, en freinant ensuite subitement rendu très près d’eux – causant ainsi grands cris d’enfants et frayeurs chez les parents.

À qui la responsabilité ?

Bien sûr, ce ne sont que des anecdotes. Bien sûr, il n’y a pas eu d’accident (fort heureusement). Par contre, si vous discutez avec des parents et citoyens du Vieux-Limoilou, ils ont à peu près tous leur propre histoire à raconter liée à la sécurité et l’usage des ruelles. Quand même des parents du quartier ou des résidents d’une ruelle ne constatent pas la dangerosité de leur comportement, que doit-on ou peut-on faire de plus ? À qui revient la responsabilité d’assurer la sécurité des piétons et cyclistes empruntant les ruelles ? À la Ville ? Aux uniques résidents de ses ruelles ?Ce genre d’histoires renvoient toujours à la même nécessité : le besoin d’aménagements permanents pour ralentir et diminuer la circulation. Pour le moment, certaines ruelles sont dotées de dos d’âne (et l’effet est généralement immédiat), mais ce n’est pas le cas partout. Suzanne Verreault, conseillère municipale du quartier, pourrait-elle en faire une priorité dans le cadre de la réforme envisagée du programme de revitalisation des ruelles (qui semble avoir stagné…) ? À mon humble avis, on en arrive de plus en plus à la nécessité de bloquer une entrée de ruelle, comme on le voit maintenant fréquemment à Montréal, pour bloquer la circulation de transit, sans empêcher pour autant les résidents d’accéder à la ruelle (par les autres entrées). Et si on le fait en plus en ajoutant de la verdure (bacs à fleurs), on fait d’une pierre deux coups.Comme mon collègue Érick Rivard l’a déjà dit, une ruelle est l’exemple même d’une « chaussée partagée ». La grande majorité des automobilistes savent fort pertinemment qu’ils doivent y rouler à une vitesse très basse et en faisant très attention aux enfants, piétons, cyclistes et chats y circulant. Pour les rares imprudents, on constate malheureusement que la sensibilisation a ses limites. Pour eux, un rappel, encore et toujours : les ruelles ne sont pas des voies de transit, ce sont des milieux de vie. Et pour le long terme, on se souhaite des aménagements permanents.P.S. : Les affichettes « J’aime ma ruelle» sont toujours en vente aux endroits suivants : Café Sobab, La Folle Fourchette et Yannick Fromagerie. Ils seront aussi en vente au Grand Bazar des ruelles, le 11 juin prochain.

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