Mc Grou : portrait d’une muraliste
Elle attire de plus en plus l’attention avec ses toiles, et surtout ses murales. L’artiste émergente de Limoilou nous raconte sa jeune carrière tout en livrant un plaidoyer sur la pratique du street art pour embellir la ville.
« Les arts, ça fait partie de moi ! » lance d’entrée de jeu Marie-Claude « Mc » Grou, qui a grandi à Québec dans un univers créatif en héritant des talents de sa mère, Joanne Gauthier, elle-même artiste-peintre reconnue.Mc Grou a développé sa passion tout en cumulant un DEC en arts visuels au Cégep Limoilou, puis un BAC en communication publique complété en 2012. « Un parcours tortueux », confie-t-elle avec candeur, « m’aventurant dans ce domaine d’études à l’Université Laval peut-être “au cas où” pour être sûre de gagner des sous ». Son choix sera pourtant déterminant pour sa carrière d’artiste…
Inspirations d’Europe
Pour la première fois en 2013, Mc Grou expose ses toiles. Sur la 3e Avenue, dans le local alors vacant de la Folle fourchette, juste avant d’effectuer à l’automne un stage en journalisme radio à Limoges, en France.
J’ai voyagé à Paris, Londres, Berlin, Dublin… Des villes où on pratique depuis 50 ans le street art, qui transforme des rues en véritables musées à ciel ouvert, gratuits pour tous ! J’ai alors vraiment réalisé que c’était ça que je voulais faire dans la vie… »
Janvier 2014. De retour d’Europe, Marie-Claude aménage un atelier provisoire, sur la rue Arago, où elle commence à s’épanouir dans son art tout en travaillant en restauration.
J’ai vraiment lancé ma carrière le jour où les gars de La Planque, qui ouvrait sur la 3e Avenue, m’ont donné mon premier projet de murale intérieure, au sous-sol de leur restaurant. Ils avaient vu ma première exposition, juste en face, l’année précédente. […] Je tiens encore à les remercier ! »
Du même coup, Mc Grou crée à quelques pas sa première murale extérieure pour la boutique Article 721. Une oeuvre qui témoigne, explique-t-elle, du profond sentiment d’appartenance d’une Limouloise pour son quartier d’adoption.Cumulant divers autres projets, mais soucieuse de parfaire ses connaissances pour travailler sur des grands murs, l’artiste entreprend des cours de peinture en bâtiment, qu’elle a complétés en mai dernier. « Depuis, le bouche-à-oreille fonctionne très bien, et je vis pleinement de mon art ! » témoigne-t-elle avec assurance.
Le stencil et l’aérosol
Citant des artistes internationaux tels Julien « Seth » Malland et Swoon comme inspiration pour sa technique, Mc Grou enchaîne :
Un autre que j’adore, que j’ai vu à Londres, c’est Roa. Sinon, un artiste inspirant, bien de chez nous, de Québec, Patrick Beaulieu et sa ligne Avive. […] J’ai appris en autodidacte le stencil et l’aérosol. […] Avant d’entamer une œuvre sur place, je me fais un plan avec mes fabrications en carton, un travail qui a sa part d’improvisation et qui requiert beaucoup de patience. […] Je m’intéresse aux formes et aux compositions, j’aime les couleurs et le noir et blanc, surtout en combinaison. Mes thèmes : le regard des femmes, des animaux, des félins en particulier. […] L’art de la rue étant sans ligne de conduite, j’aime travailler en toute liberté, tout en étant ouverte aux idées parce que ma démarche est en constante évolution. »
Aujourd’hui, Mc Grou se démarque non seulement en redonnant des airs de noblesse au graffiti pour des commerces, des institutions et des maisons privées, mais aussi en produisant des toiles lors d’événements publics.L’une d’elles représentant Nicolas Marcoux, propriétaire d’Objet-Mobilier, a été dévoilée le 3 juillet dernier pour l’Encan en ville de la boutique. Deux semaines plus tôt, l’artiste avait illustré les façades du « stationnement pour piétons » (bas de page). Du côté de Saint-Roch, elle a également participé à l’événement « Attention : peinture fraîche ! » de l’an dernier.En Haute-Ville, Mc Grou s’est entre autres distinguée avec ses murales intérieures au bistro L’Atelier, sur Grande-Allée, et les deux portes de garage de la rue Fraser qu’elle a rafraîchies.Par ailleurs, au début de l’automne, Mc Grou a travaillé sur un projet bien personnel à Limoilou : la murale de la ruelle au coin de la 11e Rue et de la 2e Avenue. Enfin, le Pub universitaire (ci-contre) affiche ses deux plus récentes oeuvres de grande envergure.
Québec, « sur la map » ?
Invitée à commenter la place de l’art urbain à Québec, Marie-Claude abonde en réflexions :
Le regard de la société sur le street art évolue, et c’est pourquoi les propriétaires de maisons comme les commerçants sont de plus en plus ouverts à embellir leurs murs. »
Mc Grou estime que les municipalités qui encouragent les artistes de rue développent une identité locale plus forte en s’adressant non seulement aux résidents, mais aussi aux touristes de passage.
Un peu partout dans le monde, on organise des tours guidés pour découvrir l’oeuvre des artistes urbains, dans des coins passants comme dans des petites ruelles cachées. C’est une belle façon de visiter une ville, et j’ai l’impression que ça s’en vient, à Québec. […] L’art de la rue intègre petit à petit notre culture populaire, je le vois en particulier à Montréal, et j’encourage Québec dans cette direction. […]. Cette effervescence du street art, je souhaite y contribuer en faisant ce que j’aime, soit m’épanouir à travers mon art », conclut Marie-Claude Grou.
Mc Grou
11e Rue, Québec (418 998-4288)
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