Nos bâtons de hockey n’étaient jamais très loin

Photo : Non protégée, source inconnue.

Ma mère me répétait souvent de ranger mes bâtons de hockey au sous-sol. « Ça traîne dans le tambour tout le temps, hiver comme été ! », me disait-elle.

Mais je n’étais pas capable de lui obéir, car on pensait hockey toute l’année. C’était un sport quatre saisons.On jouait au hockey à longueur d’année. L’hiver, bien sûr, sur une des patinoires du voisinage, mais aussi au printemps, dans la sloche et les flaques d’eau, et même en été, quand il ne faisait pas trop chaud, on jouait à deux dans une cour en gravelle. L’un était gardien et l’autre lui envoyait ses fameux slap-shots, la « garnotte », comme on disait. Ça faisait mal quand le goaler recevait la balle accompagnée d’une volée de petites pierres concassées. Ouch !La plus grande cour était située un peu en dehors de notre territoire, près de la  3e Avenue. Nous, nous étions de la 4e. La gang de la 3e n’a pas pris de temps à nous évincer de son fief. Il y avait des règles non écrites à cette époque, une sorte d’identification territoriale. Chacun chez soi. Nous avons dû regagner nos terres en courant, la peur au ventre…Quand j’étais seul, surtout le dimanche, c’est le hangar du voisin qui bloquait mes foudroyants lancers frappés. Une sorte de balle au mur, quoi ! On m’avait dit que ça aiguisait les réflexes, sauf que le voisin se lassait vite d’entendre le bruit de la balle sur son hangar de tôle et il me criait d’aller jouer ailleurs.Mais c’est à l’automne que l’appel du hockey était le plus fort. Les cartes de joueurs arrivaient chez Madame Guay, sorte de dépanneur de l’époque, signalant que la vraie de vraie saison approchait. C’était le signal que l’on attendait. On jouait alors dans la rue, après l’école, jusqu’à la brunante. C’était notre camp d’entraînement.Puis, la première neige tombait, annonçant que bientôt on quitterait la rue pour du vrai hockey, en patins, avec une rondelle, sur une des patinoires environnantes.Ma mère ne pourrait plus me dire de serrer mes bâtons.À lire aussi : Hockey au pied du Château Frontenac : une histoire presque vraie….