Des fouilles archéologiques en cours entre les 3e et 4e Rue
Depuis le 15 mai, des étudiants en archéologie de l’Université Laval sont à la recherche de vestiges d’une maison de l’ancien quartier ouvrier d’Hedleyville, dans le stationnement situé derrière le Tim Hortons de la 3e Avenue.
Croisé en compagnie de ses élèves, Réginal Auger est l’un des deux professeurs responsables de la fouille pour le chantier-école de l’Université Laval. Créée en 1982, cette activité vise la formation de 1er et de 2e cycle en archéologie sur des terrains de la Ville, « avec qui nous travaillons en collaboration ainsi qu’avec le ministère de la Culture et des Communications », souligne-t-il.
Dans le passé, nous avons fouillé dans l’îlot des Palais et l’îlot Hunt, des sites très riches liés au Régime français. Ma collègue, Allison Bain, avait le désir d’explorer cette fois en dehors du Vieux-Québec — comme ici à Limoilou, au 19e siècle, au début de l’aire de l’industrialisation…
L’intrigant chantier-école de Limoilou, qui suscite tant de curiosité des passants, cherche de façon plus poussée à documenter les diverses phases d’occupation du site. Dans la mire, plus particulièrement : la demeure de la famille du marchand de bois William Hedley Anderson, de même que la phase de transition du quartier passant de rural à urbain.
Le Hedleylodge
Durant cinq semaines, entre la 3e et la 4e Rue, 14 étudiants s’affairent ainsi à reconstituer une parcelle du quotidien de citadins à l’aube de la révolution industrielle.
Parmi ces élèves, identifiables à leur casque rouge, trois stagiaires à la maîtrise : Thiefaine Terrier, Juliette Houde-Therrien et Raphaelle Lussier-Piette. Ces dernières expliquent que l’objectif numéro un de la fouille est de délimiter l’emplacement exact de la demeure de M. Hedley Anderson, cela à grand renfort de cartes géographiques et de plans d’archives. Érigée au milieu du XIXe siècle, cette maison a été convertie en auberge, le Hedleylodge, quand des lots de son vaste terrain ont été loués puis occupés par d’autres habitations lors de la création d’Hedleyville vers 1870.
Juliette Houde-Therrien décrit en détail la fouille de l’une des deux sections, celle du côté de la 3e Rue :
On voit ici le sable, dans ce qu’on appelle le vide sanitaire. Quand on a un jour nivelé le sol, on l’a probablement rempli pour le stabiliser. Ça fait aussi une belle distinction avec l’argile, le vrai sol, tout autour.
Sa collègue fait aussi observer que le site a été endommagé, sans doute quand il a été transformé en stationnement. Ce qui n’empêche pas l’équipe de faire de belles trouvailles en cours de route…
On s’attendait à trouver des murs, mais on a constaté qu’ils ont vraiment “mangé” les fondations. On se retrouve en quelque sorte avec “une empreinte en négatif”, une trace fantôme de la maison. […] Nous avons des artefacts, des traces matérielles de l’occupation, comme des pipes ou des fragments de porcelaine. Régulièrement, des étudiants les rapportent aux laboratoires d’archéologie pour fin d’analyse.
Près de la 4e Rue, au fond de l’autre parcelle de fouille, Juliette Houde-Therrien nous montre un drain « constitué d’un bois qui ne pourrit pas à l’eau, marquant peut-être l’entrée de la maison », fait-elle observer. Une flaque d’eau à ses pieds indique vraisemblablement le niveau de la nappe phréatique que l’équipe aurait d’ailleurs vu fluctuer au rythme des hautes marées du printemps.
Au passage, Réginald Auger aura un bon mot sur la Société historique de Limoilou, qui a offert son aide dès qu’elle a eu vent du projet, en février. « Limoilou est un quartier riche en organismes qui contribuent à l’appartenance au milieu, et c’est d’autant plus important pour nous ! »
Journée portes ouvertes ce dimanche
Le 11 juin, de 10 h à 17 h, une visite du chantier-école Anderson est organisée par les étudiants en archéologie, qui se feront un plaisir de faire part de leurs autres observations et découvertes.
Pour nous, dit le professeur Auger, c’est très valorisant de partager avec la population, mais c’est aussi très important pour nos étudiants, car ce sont de belles expériences de communication. » « Entre-temps, poursuivra Juliette Houde-Therrien, nous sommes ouverts à toute information de gens ayant peut-être connu la maison au cours du XXe siècle : témoignages oraux, photos, etc.
Ajoutons enfin qu’une page Facebook est consacrée au projet, à terme le 16 juin.
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