Pointe-aux-Lièvres : être ou ne pas être un écoquartier, là est la question
Le développement immobilier de la Pointe-aux-Lièvres se réclame du titre d’« écoquartier », mais en est-il réellement digne ? Pour l’heure, non, répond Érick Rivard, architecte, et c’est au prix de certains changements en profondeur qu’il pourra véritablement le devenir.
Mardi, le collaborateur de Monlimoilou était l’invité de Dominique Lelièvre à l’émission On refait la une, sur les ondes de CKRL. Interrogé sur la légitimité de parler d’écoquartier en référence au grand projet de la Ville de Québec du côté de la Pointe-aux-Lièvres, Érick Rivard a d’emblée établi qu’il était prématuré de se prononcer à ce stade-ci du développement :
C’est très difficile d’analyser, sur la base de seulement trois projets d’architecture [Pal6 (ci-contre), Habitus et Origine], l’aboutissement de cet écoquartier, qui va probablement prendre plus d’une décennie encore avant d’en voir toutes les ficelles se mettre en place. »
Certes, le site présente un potentiel indéniable, notamment par sa situation géographique qui en fait la porte d’entrée nord du centre-ville, et par la proximité de la rivière Saint-Charles qui offre un « espace vert de très grande qualité » aux futurs résidents.
Autoroute Laurentienne : barrière infranchissable
Mais l’autoroute Laurentienne vient gâcher le tableau, observe l’architecte. Barrière urbaine infranchissable, source de pollution sonore et visuelle, obstacle aux déplacements actifs sécuritaires : « C’est presque illogique de penser de voir un écoquartier naître sur les abords d’une autoroute », estime Érick Rivard.Ainsi, en dépit de l’annonce récente de l’élargissement de la Laurentienne, le spécialiste en design urbain ramène l’idée de boulevard urbain, qui pourrait prendre naissance à partir de la sortie Soumande. Abaissement de la limite de vitesse à 50 km/h, ajout de quelques feux de circulation pour favoriser la traversée des piétons, et le tour serait joué :
Ça ne changerait presque rien au niveau des habitudes des automobilistes », argue-t-il.
Transport en commun : service déficitaire
Autre pièce manquante du casse-tête, à l’heure actuelle : l’accessibilité au transport en commun, alors que le site est pauvrement desservi en la matière. Pour Érick Rivard, il y a place à amélioration avant de prétendre au titre d’écoquartier, dont les modèles exemplaires ne lésinent pas sur la qualité du service :
On ne parle pas juste d’un bus qui peut passer aux 10-15 minutes, on parle d’un bus qui passe à toutes les 3-4 minutes et qui permet, finalement, de relier les pôles principaux de la ville. »
En l’occurrence, la solution passera peut-être par le Service rapide par bus (SRB) annoncé par la Ville… pour 2025.
Vie de quartier : identité à construire
Si, donc, il existe des solutions à portée de main pour pallier certaines lacunes de la Pointe-aux-Lièvres, il sera autrement plus complexe de répondre aux exigences d’ordre social qui caractérisent la vie de quartier.
Quand on parle d’un écoquartier, c’est, à la base, un quartier qu’on vise à créer. Ce qui présuppose un sentiment d’appartenance, une certaine identité, même, et une cohésion sociale, qui [sont] extrêmement difficiles à créer, qui pren[nent] des années à se mettre en place », fera valoir l’architecte au micro de CKRL.
D’ici 2020, la Ville de Québec aura investi près de 20 millions $ dans la revitalisation du secteur de la Pointe-aux-Lièvres, selon les chiffres de Radio-Canada. Une somme suffisamment imposante pour qu’on s’interroge sur les conditions de succès du projet d’écoquartier, croit au final Érick Rivard.https://soundcloud.com/ckrl891/pointe-aux-lievres-pas-tout-a-fait-un-ecoquartier?in=ckrl891/sets/on-refait-la-unePour écouter l’intégralité de l’entrevue sur Soundcloud.
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