Tour de 18 étages : « Un projet qui n’a pas sa place à Limoilou »

Mercredi soir, plus d’une vingtaine de citoyens ont dénoncé, au micro du conseil de quartier du Vieux-Limoilou, la démesure du projet de 18 étages d’ACERO Groupe immobilier qui, à leurs yeux, s’inscrit mal dans la trame urbaine et le milieu de vie de Limoilou.

Tour de 18 étages : « Un projet qui n’a pas sa place à Limoilou » | 18 janvier 2018 | Article par Viviane Asselin

Crédit photo: ACERO Groupe immobilier

Mercredi soir, plus d’une vingtaine de citoyens ont dénoncé, au micro du conseil de quartier du Vieux-Limoilou, la démesure du projet de 18 étages d’ACERO Groupe immobilier qui, à leurs yeux, s’inscrit mal dans la trame urbaine et le milieu de vie de Limoilou.

Signe que le projet anticipé sur le site de l’église Saint-François-d’Assise ne laisse pas indifférent, l’assemblée du conseil du Vieux-Limoilou a fait salle comble alors que, à l’ordre du jour, figurait la présentation des « immeubles Hedley ». De ce nom inspiré par l’histoire de Limoilou aux détails des plans élaborés, en passant par les mesures d’intégration au cadre bâti, le président d’ACERO Benoît Raymond a déballé le fruit de ses démarches à la centaine de personnes présentes.

Pour celui qui souhaitait mener cette présentation publique afin d’avoir le son de cloche des citoyens qui auront leur mot à dire sur le changement de zonage espéré, il aura été servi. Les derniers mots n’étaient pas sitôt prononcés que, déjà, la file se formait derrière le micro, pour une période d’échange qui, teintée de réticence et de scepticisme, allait durer plus d’une heure.

Une hauteur inacceptable

Première au banc des accusés : la hauteur de 18 étages, rejetée unanimement, avec tous les inconvénients anticipés — hausse de la circulation, spéculation foncière, baisse de la valeur des propriétés environnantes… Les études d’experts brandies par le promoteur n’auront pas convaincu grand-monde.

Je suis très étonnée qu’on arrive encore, en 2018, avec des projets aussi massifs, qui répètent les erreurs du passé qu’on a connues sur la Colline parlementaire […]. Je ne trouve pas ces projets-là à l’échelle humaine. Ça n’a pas sa place dans un quartier résidentiel comme ici », a lancé une résidente de la rue Normandie en s’attirant les premiers applaudissements de la soirée.

Trois, quatre, voire cinq étages : voilà qui serait un compromis acceptable entre la volonté de densification urbaine du promoteur et la préservation de l’identité et de la qualité de vie du quartier, ont fait valoir quelques voix. Au passage, elles auront aussi réclamé plus de 4 1/2 et de 5 1/2 pour accommoder les familles, ainsi que des prix plus abordables que la fourchette de 900$ à 1600$ annoncée.

Pour un maintien de l’église

D’autres se sont montrés beaucoup moins conciliants, dénonçant le paradoxe selon lequel on démolit une église quasi centenaire en promettant un projet qui fera des clins d’œil à l’histoire. « On n’a pas pris la décision de l’abandonner », a rappelé Benoît Raymond, la fabrique ayant mis la clé dans la porte en 2012 en raison des coûts trop élevés de son maintien, bien avant l’arrivée d’ACERO dans le décor. Mais une restauration du bâtiment à l’abandon ne pourrait-elle pas être envisagée par la Ville de Québec ?

« L’église Saint-François-d’Assise n’a aucune reconnaissance patrimoniale », a d’abord souligné la conseillère municipale de Limoilou, Suzanne Verreault, en précisant, sous les objections de la foule, qu’il revenait au ministère de la Culture d’émettre ce sceau. Puis : « C’est la fabrique qui a décidé de vendre. […] C’est un projet privé, ce n’est pas un projet de la Ville », a-t-elle poursuivi avant d’être interrompue par un citoyen : « Mais c’est votre rôle de faire respecter le zonage ! »

Le temps de remettre les pendules à l’heure — « il va y avoir une consultation [publique] le moment venu pour un changement de zonage » —, et l’échange peut-être le plus envenimé de la soirée cédait sa place à un ton dans l’ensemble courtois, mais non moins convaincu de l’irrecevabilité du projet dans sa forme actuelle.

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Vous avez super bien travaillé. C’est un beau bâtiment, c’est très joli. Je trouve ça génial… mais pas ici. C’est juste ça, l’affaire », a résumé un résident de la rue Leclerc, déclenchant quelques rires.

Limoilou dans l’ombre des tours ?

À cette avalanche de commentaires et de questions, le président d’ACERO y aura répondu en partie, toujours dans un calme exemplaire, tout en réitérant l’objectif premier de l’exercice : « On est actuellement en processus de consultation, ici, ce soir. On prend acte des commentaires et on va évoluer avec ça dans le projet. » Un retour à la table à dessin n’est donc pas exclu.

Cette discussion autour des immeubles Hedley risque par ailleurs de donner le ton à d’autres projets similaires qui se dessinent à l’horizon, dont la conversion envisagée du Centre Horizon en immeuble résidentiel d’une quinzaine d’étages, ainsi que la construction d’un édifice en hauteur au coin des 1re Avenue et 4e Rue. De quoi susciter l’inquiétude d’une citoyenne, mercredi soir : « Est-ce que, au final, Limoilou va être un quartier encerclé par des tours ? »

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