Juneau, spécialiste de la peinture : un siècle de fidélité à Limoilou

L’année qui s'achève soulignait le 100e anniversaire de la fondation de Juneau. Nous avons rencontré plus tôt, à leur commerce de la 3e Avenue, Isabelle Roy et Serge Fortin pour en savoir plus sur leur parcours depuis qu'ils en ont fait l'acquisition en 1988.

Juneau, spécialiste de la peinture : un siècle de fidélité à Limoilou | 22 décembre 2019 | Article par Jean Cazes

Juneau, sur la 3e Avenue.

Crédit photo: Jean Cazes

L’année qui s’achève soulignait le 100e anniversaire de la fondation de Juneau. Nous avons rencontré plus tôt, à leur commerce de la 3e Avenue, Isabelle Roy et Serge Fortin pour en savoir plus sur leur parcours depuis qu’ils en ont fait l’acquisition en 1988.

Juneau – à l’origine Juneau & Frère -, s’est bâti au fil du temps une solide réputation de spécialiste de la peinture et de la décoration dans la région.

« La peinture, c’est dans l’ADN des Juneau », souligne d’entrée de jeu Isabelle Roy en évoquant des souvenirs que lui ont partagés en particulier Lise Juneau, la petite-fille du fondateur, le tout appuyé des découpures de journaux d’époque conservées à la quincaillerie.

Le plus important entrepreneur peintre à Québec

Joseph-Arthur Juneau

En s’associant en 1919 avec un de ses frères, François-Xavier, Joseph-Arthur Juneau ouvre son premier magasin sur le chemin de la Canardière. Son souhait d’entrepreneur peintre était exhaussé, lui qui avait d’abord pratiqué dans sa maison du Vieux-Limoilou, raconte Isabelle Roy.

En 1936, peu de temps après avoir déménagé sur la 3e Avenue, Juneau & Frère devient une des premières entreprises spécialisées en peinture à Québec à offrir les produits Sico. « Comme nous l’a expliqué Mme Juneau, la notoriété du commerce de Joseph-Arthur, avec l’aide de sa femme, a vraiment débuté à ce moment-là », souligne Serge Fortin. Quelques années plus tard, ses fils Jean-Marie et Armand reprendront Juneau & Frère.

Pendant des décennies, Joseph-Arthur aura non seulement été le plus important entrepreneur peintre à Québec, affirme Serge Fortin, mais il aura aussi développé d’autres expertises telle la pose de feuilles d’or pour la restauration intérieure d’églises :

 « Les frères Juneau, poursuit Isabelle Roy, n’avaient pas des ambitions d’entrepreneurs. Ils se sont consacré davantage à la vente, comme spécialistes de la peinture, en faisant différents mélanges maison, un peu comme des recettes de gâteau, pour satisfaire leur clientèle. »

Du clérical à l’expertise en peinture

En 1988, le couple qui habitait alors Limoilou décide de se lancer en affaires : il achète le commerce de Jean-Marie et Armand Juneau qui avait été mis en vente.

Vite rassurés de la justesse de leur choix grâce aux témoignages reçus par leurs premiers clients concernant la solide réputation de la quincaillerie, Isabelle Roy et Serge Fortin avaient cependant tout à découvrir sur leur nouveau choix de carrière. « On ne connaissait pas grand-chose en peinture », confie Serge Fortin, qui finissait ses études en administration, alors que sa conjointe, elle, vendait des assurances. Durant les six premiers mois, les nouveaux propriétaires ont toutefois eu le bonheur d’être accompagnés par les frères Juneau, toujours dans l’esprit, explique Serge Fortin, de conserver la philosophie de base de l’entreprise : être avant tout des spécialistes de la peinture en s’adaptant aux modes du temps.

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 « Si la feuille d’or était à son déclin à notre arrivée, les faux finis, par contre, revenaient en force. Pour ça, bien avant l’internet, on devait trouver des pinceaux ou autres outils spécialisés qu’il fallait commander en Europe. On allait dans des ambassades à Montréal pour consulter leurs bottins d’entreprises. On a envoyé des lettres, on s’est fait des contacts », témoigne Serge Fortin.

Depuis 1988, le savoir-faire de Juneau, sur la 3e Avenue comme à la succursale du boulevard Pierre-Bertrand, s’est différencié de celui « plus axé sur la vente de masse » des grandes surfaces, insiste Isabelle Roy. En multipliant les essais, elle et son conjoint, devenus à leur tour experts des types et mélanges de peinture, adorent partager leurs connaissances à leur clientèle. Ils leur expliquent les différences entre les peintures intérieures et extérieures, ou par exemple, « les teintures, les enduits d’imitation de plâtre et autres faux finis » dont l’utilisation pour les non initiés est souvent source d’erreur alors que « c’est rarement le produit qui est en cause », soutient Isabelle Roy.

« Nos clients nous consultent pour être sûrs que leur projet marchera, et c’est ce qui nous distingue des généralistes. Même pour les travaux de peinture plus réguliers, notamment pour l’extérieur, parce qu’ils sont tannés de recommencer », précise Isabelle Roy.

S’adapter aux nouvelles tendances

L’avant et l’après
Crédit photo: Juneau

De l’intérieur, Juneau a bien peu changé depuis ses débuts, contrairement à sa façade dont la dernière rénovation remonte à 2016 :

« La vitrine a toujours été un casse-tête pour nous, commente Isabelle Roy. On voulait que l’intérieur du magasin soit davantage visible de la rue. Pour les architectes de Tergos, qui sont aussi très fiers du résultat, ça été un gros défi. La Ville exigeait que l’on garde des touches d’architecture typique à Limoilou. On voulait bien conserver l’enseigne d’origine, mais on a été obligés de la refaire en verre soufflé, comme à la mode du temps. Résultat, on a gagné un prix d’architecture ! »

Outre le personnel de soutien et les étudiants pour la grosse saison estivale, l’entreprise embauche trois personne à l’année qui vaquent au bon fonctionnement du Juneau de Limoilou, dont leur fille Frédérique qui depuis 10 ans, prépare la relève.

Dans un souci d’adaptation de l’entreprise aux nouvelles tendances, Serge Fortin cite entre autres exemple leur gamme d’huiles écologiques. « Pour nous, c’est d’autant plus important que notre clientèle limouloise est très sensible à cette préoccupation environnementale », explique-t-il.

Tout récemment, Juneau a démarré un système de commande en ligne pour faciliter entre autres la cueillette en voiture, à l’arrière du magasin. Enfin, toujours sur leur site Web, Isabelle Roy et Serge Fortin projettent d’enrichir la section « histoire » qu’ils documentent avec l’aide, notamment, de la famille Juneau.

Vous mêmes, conservez des photos, publicités ou autres documents d’archives de Juneau que vous désirez partager avec les clients et la famille du fondateur ? N’hésitez pas à contacter les propriétaires !

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