En cette période de confinement, Monlimoilou réactualise les articles de notre collaborateur et historien Réjean Lemoine qui ont particulièrement retenus votre attention de 2010 à 2014. Ce deuxième article d'une série de huit textes souhaite apporter un peu de légèreté à cette période sans précédent.
Chronique d’une rivière disparue : Les caractéristiques naturelles de la Lairet
En cette période de confinement, Monlimoilou réactualise les articles de notre collaborateur et historien Réjean Lemoine qui ont particulièrement retenus votre attention de 2010 à 2014. Ce deuxième article d’une série de huit textes souhaite apporter un peu de légèreté à cette période sans précédent.
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Premier affluent de la rivière Saint-Charles à son embouchure, la rivière Lairet apparaît il y a 10 000 ans lors du retrait progressif de la mer de Champlain.
Cette mer d’eau salée créée par la fonte des glaciers recouvrait l’ensemble de la vallée du Saint-Laurent, de Québec à Kingston, en Ontario. La dépression Cap-Rouge/Limoilou se trouve alors au fond de cet océan. Le réseau hydrographique de la rivière Saint-Charles se forme progressivement il y a 9 000 ans avec le retrait progressif de la mer.
Quand Champlain fonde Québec en 1608, il doit cohabiter avec 1 500 Montagnais, Micmacs et Algonquins qui forment une communauté estivale à l’embouchure de la rivière Saint-Charles et dans la baie de Beauport (carte de l’en-tête). Ils construisent des cabanes, viennent pêcher l’anguille, l’esturgeon ou le saumon et chasser le marsouin, la baleine blanche, l’outarde et la tourte. Ils organisent des festivités et nouent des alliances. La richesse de l’écosystème leur permet de faire des provisions pour l’hiver.
Au début du XVIIe siècle, l’embouchure de la rivière Saint-Charles est formée d’un immense estuaire de battures et de prairies humides, soumis aux marées qui inondent le futur quartier Limoilou jusqu’au niveau de la 10e Rue. L’embouchure de la rivière se situe alors au niveau de l’actuel pont Drouin. La rivière Lairet, très poissonneuse, se trouve à ce moment à proximité de l’embouchure.
Le développement de la ville va faire disparaître progressivement cet immense estuaire. En 1888, l’historien Ernest Gagnon décrit la rivière Lairet comme :
« Une petite rivière ou au mieux un ruisseau qui n’est qu’un mince filet d’eau à marée basse. Mais quand la crue des eaux requiert sa plus grande intensité le cours d’eau devient alors aussi large que la rivière Saint-Charles ».
En 1914 dans un dictionnaire de géographie, Eugène Rouillard décrit la Lairet comme un ruisseau à peu près asséché, très large à son embouchure et aux rives plus ou moins élevées vu les nombreux remplissages effectués. À marée haute, la rivière Lairet peut avoir une largeur de 30 pieds. Avant la construction d’un barrage sur la Saint-Charles en 1970, la rivière bénéficie deux fois par jour d’une marée d’une quinzaine de pieds qui fait sentir ses effets jusqu’à la hauteur de l’hôpital Saint-François-d’Assise.
Avant sa canalisation, la Lairet est donc jusqu’en 1960 une rivière à méandres au débit irrégulier, avec des crues importantes et de fortes marées.
Principales sources pour cette chronique : Archives de la Ville de Québec et de l’hôpital Saint-François d’Assise. Dossiers de correspondance des maires Lucien Borne et Wilfrid Hamel. Le Courrier de Limoilou, L’Action Catholique et Le Soleil de l’époque.
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Article déjà publié
Articles à suivre
- L’histoire sur les bords de la Lairet
- Les premiers signes de détérioration de la Lairet
- Enquête du département de la santé et projet de canalisation dans les années 1940
- Le projet de canalisation de la Lairet
- Les difficiles années 1950
- La réalisation du projet de canalisation de la Lairet
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