Histoire de la patinoire de la Saint-Charles : 1- Allons patiner sur la rivière!

Nous réactualisons les articles de l’historien Réjean Lemoine qui ont particulièrement retenu l’attention de 2010 à 2014. Dans ce premier texte de la série, il souligne l'engouement du patinage sur la rivière à la fin des années 1970, à tel point que la Ville de Québec planifiait alors d'en faire un attrait touristique majeur.

Histoire de la patinoire de la Saint-Charles : 1- Allons patiner sur la rivière! | 13 décembre 2020 | Article par Réjean Lemoine

La patinoire de la Saint-Charles en amont du pont Drouin. 3 janvier 1977.

Crédit photo: Archives de la Ville de Québec

Nous réactualisons les articles de l’historien Réjean Lemoine qui ont particulièrement retenu l’attention de 2010 à 2014. Dans ce premier texte de la série, il souligne l’engouement du patinage sur la rivière à la fin des années 1970, à tel point que la Ville de Québec planifiait alors d’en faire un attrait touristique majeur.

L’équivalent de 50 patinoires extérieures

Le 3 janvier 1976, les citoyens de Québec sont invités, pour une première fois, à chausser leurs patins pour venir patiner sur la rivière Saint-Charles. Ce jour-là, la Ville de Québec inaugure une patinoire qui s’étire sur trois kilomètres de longueur entre les ponts Dorchester et Marie-de-l’Incarnation (journal Le Soleil, 5 janvier 1976, page 3). Large d’une soixantaine de pieds, elle équivaut en superficie à cinquante patinoires extérieures! Un pavillon à la Marina Saint-Roch permet de chausser ses patins en toute sécurité et une roulotte est installée pour les patineurs près du pont Lavigueur.

À l’hiver 1976, la première année d’opération de la patinoire de la rivière Saint-Charles s’avère un franc succès. Plus de 125 000 personnes fréquenteront la surface glacée ouverte pendant huit semaines en janvier et février de cette année. Le patinage constitue le sport le plus naturel et le moins dispendieux des Québécois : il fait intimement partie de leur vie hivernale.

Faire de la Saint-Charles une attraction touristique

À l’époque, la Ville de Québec est profondément convaincue du potentiel récréatif diversifié de la rivière Saint-Charles. L’administration du maire Gilles Lamontagne vient alors de terminer, après cinq années, les travaux de bétonnage des murs de la rivière. Elle a également construit un barrage au coût de 1,6 M$ à son embouchure, afin de s’assurer d’avoir toujours un niveau d’eau constant dans la rivière, surtout durant la période estivale. En 1974, la Ville a également lancé le projet Kabir Kouba, qui prévoit la construction d’espaces récréatifs et de 2000 logements le long des berges du côté de Saint-Roch.

Après avoir utilisé la Saint-Charles comme un égout à ciel ouvert pendant plus d’un siècle, la Ville veut du coup réhabiliter ce cours d’eau. Son projet d’animation consiste alors à aménager une immense patinoire durant la saison hivernale et à permettre le canotage durant l’été.

La vaste patinoire connaît durant les premières années d’opération un succès fulgurant! À la fin de la décennie 1970, plus de 400 000 personnes viennent patiner sur la rivière chaque année. Pourquoi un tel succès? D’abord, la Ville met tout en œuvre pour assurer la réussite de l’opération. Elle consacre un budget de plus de 200 000 $ à la patinoire. L’ambition de la Ville de Québec est de faire de la Saint-Charles une destination courue, au même titre que le Canal Rideau, à Ottawa.

Dès la mi-décembre 1975, en espérant que la météo soit de leur côté, les employés municipaux se mettent au travail pour ouvrir la patinoire avant Noël. Dès que la glace a quatre pouces d’épaisseur, ils déblaient la rivière. Lorsque la glace atteint sept pouces, camions et chenillettes débarquent pour préparer la surface glacée. L’entretien de la patinoire se fait de nuit, les employés étant payés souvent en temps supplémentaire. Pour procéder à son arrosage, on perce une trentaine de trous dans la glace le long de la rivière où l’on pompe l’eau.

La Ville s’assure d’une animation constante sur la patinoire en lui associant étroitement les activités du Carnaval de Québec. Présence du Bonhomme, courses de motoneiges, fêtes populaires : en plus des citoyens des quartiers Saint-Roch, Saint-Sauveur et Limoilou, tout cela attire des résidents de toute la région, et de nombreux touristes participent eux aussi aux activités carnavalesques.

Mais l’engouement pour la patinoire de la rivière Saint-Charles ne durera pas dans les années 1980. Cette attraction connaît alors une baisse de popularité constante. De 400 000, le nombre d’utilisateurs de la rivière chute rapidement à 300 000, puis à 200 000, pour atteindre un creux historique en 1991 avec 20 000 personnes.

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Surveillez la suite de la série historique Histoire de la patinoire de la Saint-Charles :
2- L’agonie de la patinoire
3- Une solution de remplacement

Du même auteur, d’une série précédente : Une histoire du Colisée de Québec.

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