Léandre Syrieix, prêtre iconoclaste à Limoilou

Vif d’esprit, jovial, verbomoteur et rempli de compassion envers son prochain : voici Léandre Syrieix, le nouveau vicaire de la paroisse Saint-François-de-Laval, à Limoilou. Ordonné prêtre le 24 juin, il est l’un des plus jeunes du diocèse de Québec à avoir embrassé la vocation religieuse. Ce prêtre iconoclaste aime bousculer les traditions.

Léandre Syrieix, prêtre iconoclaste à Limoilou | 16 octobre 2020 | Article par Véronique Demers

Crédit photo: Véronique Demers

Vif d’esprit, jovial, verbomoteur et rempli de compassion envers son prochain : voici Léandre Syrieix, le nouveau vicaire de la paroisse Saint-François-de-Laval, à Limoilou. Ordonné prêtre le 24 juin, il est l’un des plus jeunes du diocèse de Québec à avoir embrassé la vocation religieuse. Ce prêtre iconoclaste aime bousculer les traditions.

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir prêtre?

Ayant grandi dans une famille chrétienne (au Cameroun et ensuite en France), j’ai vécu plus jeune une rencontre personnelle avec Jésus-Christ. J’ai ressenti des moments de grande profondeur à la grotte de Lourdes, en France. Puis, en juillet 2011, je suis arrivé au Québec. J’étais ingénieur avec trois contrats. J’avais tout pour être heureux. Mais pendant une prière d’adoration eucharistique, j’ai réalisé que j’étais triste à mourir.

Je trouvais ma vie plate; j’étais à la recherche de sens. De fil en aiguille, la question de la vocation s’est posée. […] Je souhaite vraiment que le monde puisse vivre la même expérience (d’avoir une rencontre personnelle avec Jésus-Christ)! En 2012, je suis entré au Séminaire de Québec pour commencer ma formation. Quand on m’a demandé quelles étaient mes attentes, j’ai dit que je ne voulais pas entrer dans un moule.

Comment abordez-vous votre rôle à Limoilou?

De 2017 à 2019, alors que j’étais séminariste en stage de formation à Limoilou [il a ensuite été posté à l’église Saints-Martyrs-Canadiens en 2019 avant de revenir à Limoilou en août 2020], j’ai fréquenté en civil les bars et les parcs du quartier. La plupart du temps, j’étais seul, pour favoriser les rencontres, le dialogue. Je veux aider les gens à donner un sens à leur vie, mais il n’y a aucune garantie. Un faible pourcentage de gens me rappellent. Je sème des graines dont je ne connais pas le type de terre [le coeur des gens] et la manière dont ça va germer. Je prie au bon Dieu.

Récemment, une jeune fille est venue me voir pour se confesser. Elle m’a rencontré il y a deux ans, alors que j’étais en stage. Si je n’avais pas fait d’évangélisation de rue et qu’elle n’avait pas lu des articles à mon sujet, elle ne serait probablement pas revenue.

De quelle manière parlez-vous de Dieu aux Limoulois?

Mon but n’est pas nécessairement d’amener les gens à l’église, mais d’être présent pour eux. Dans mon agenda, le temps que je passe dans les bars et les parcs, je ne suis pas en rencontre où à l’horaire à Saint-Albert, où je préside la messe. La liturgie à l’église est faite pour les initiés. Abbé Julien Guillot [le curé principal de la paroisse Saint-François-de-Laval] croit à la présence (des prêtres) partout dans Limoilou. Mais à cause de la COVID-19, je ne vais plus dans les bars.

Dans une vidéo où l’on peut vous apercevoir torse nu, avec vos tatouages, vous enfilez ensuite la soutane, en qualifiant la prêtrise de « sport extrême de l’engagement humain ». Pourquoi cette définition?

Mes tatouages [symboles religieux représentant ses aspirations] ont été faits deux ans avant mon ordination. C’est un sport extrême de l’engagement dans le sens où il faut se faire l’ami de tous, s’asseoir à la table des riches, des pharisiens, des collecteurs d’impôt, etc. Je ne peux annoncer l’Évangile s’il n’y a pas un lien, une relation.

Que pensez-vous des reconversions d’églises impliquant plusieurs acteurs du milieu et de nombreuses négociations, comme l’église Saint-Charles de Limoilou?

Il serait intéressant de savoir si tout ce monde qui revendique une appartenance au bâtiment paie sa capitation à la paroisse. La fabrique de la paroisse ne met pas des bâtons dans les roues [au projet pour l’église Saint-Charles de Limoilou]; au contraire, pendant 5 ans, on a refusé tous les autres projets et on a versé chaque année 80 000 $ pour l’entretien. […]

Certes, l’Église a déjà commis des erreurs par le passé que je condamne. Mais l’Église peut apporter aussi des changements positifs, et ce serait bien que les gens en prennent aussi conscience.

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