Lieu d’animation très fréquenté avant la pandémie, le Relais d’Espérance a dû lui aussi se « réinventer ». À l'invitation de sa directrice Barbara Michel, Monlimoilou a assisté à sa distribution alimentaire, provisoirement l'activité centrale de l'organisme au profit d'une clientèle des plus affectée par la crise.
Relais d’Espérance : jour de distribution alimentaire sur fond de pandémie
Lieu d’animation très fréquenté avant la pandémie, le Relais d’Espérance a dû lui aussi se « réinventer ». À l’invitation de sa directrice Barbara Michel, Monlimoilou a assisté à sa distribution alimentaire, provisoirement l’activité centrale de l’organisme au profit d’une clientèle des plus affectée par la crise.
« Notre mission est d’accueillir et d’accompagner toute personne vivant des difficultés de nature psychologique, sociale, physique ou économique », rappelle Barbara Michel pour justifier ce service devenu essentiel qu’est la distribution de denrées alimentaires du Relais d’Espérance.
L’activité a lieu deux jeudis par mois dans son sous-sol réaménagé pour de multiples fonctions en 2016 :
« À l’époque, ce service a été créé au Relais pour soutenir les gens qui n’avaient pas les moyens de faire une épicerie au complet, explique la directrice. Mais le contexte a évolué, particulièrement en ce temps de pandémie où c’est devenu notre principale activité. On a dû s’ajuster en conséquence… »
Moins « gâtés » par les autres ressources alimentaires
En temps normal, le Relais d’Espérance accueille surtout des adultes seuls, principalement à son café-rencontre. Le café, c’est la « porte d’entrée » du Relais d’Espérance, dont l’absence, souligne Barbara, est dure à vivre non seulement pour les cinq autres membres de son équipe d’intervenant-e-s, mais aussi pour les bénévoles « Amis du Relais », qui ont entre autres l’habitude d’y préparer un lunch. Quelque 70 clients le fréquentaient avant cette pause forcée, en général des hommes dans la tranche d’âge 40 à 65 ans. « Mais on voit aussi de plus en plus de femmes, en proportion de 30 % », évalue la directrice.
En 10 ans à la barre de l’organisme, Barbara a tissé des liens privilégiés avec sa clientèle, déplorant qu’« il y a trop de préjugés à leur égard quand on ne comprend pas leur vulnérabilité, comme je l’ai vécue dans le passé ». Pour elle, c’est la « moins gâtée » des nécessaires distributions alimentaires :
« On est complémentaire aux autres organismes qui aident surtout les familles. Pourtant, il y a beaucoup plus de personnes seules que l’on pense : c’est comme tabou dans le communautaire, c’est pour ça qu’on les a privilégiées. Bien sûr, on ne refuse pas les familles, mais on ne leur en donne pas plus. C’est notre choix. »
Depuis ce printemps, d’autres citoyens et citoyennes se sont ajoutées aux quelque 150 par mois qui auraient en temps normal recours à ce service. Le Relais d’Espérance a mis temporairement de côté l’évaluation de leur situation et forcément, leur assiduité au café-rencontre pour évaluer leur admissibilité, souligne la directrice :
« Maintenant, la société au complet est vulnérable : avec la pandémie, les gens ont moins de services, ce qui ajoutent à leurs difficultés, à leur anxiété que je constate à la hausse. La nourriture est un besoin de base. Ce n’était pas le but au départ, mais avec les années, même avant la crise, la distribution alimentaire est devenue pour plusieurs leur entière épicerie. »
Une clientèle à la fois engagée et des plus reconnaissantes
Le lundi, soit trois jours avant la distribution alimentaire, Moisson Québec fournit ses précieuses denrées au Relais d’Espérance. Dès réception, toute une équipe met la main à la pâte, incluant des clients bénévoles qui veulent « donner » malgré, pour certains, des problèmes de santé :
« Par exemple, hier [mercredi], quatre ont remplis les 80 boîtes servant à la distribution, témoigne la directrice. Il y a du non périssable comme les conserves, les céréales et les pâtes alimentaires, aussi des produits de « luxe » comme le beurre de peanut qu’on met dans une boîte à part, et le périssable comme les fruits, les légumes et les viandes qu’on conserve dans notre chambre froide. »
En ce jeudi d’accueil, nous constatons toute la rigueur avec laquelle employés et Amis du Relais se plient aux exigences sanitaires – dans la bonne humeur, faut-il le dire! –, dès l’entrée de la clientèle tout aussi disciplinée du côté de la 10e Rue. « Les gens sont patients, même s’ils font la file à l’extérieur, qu’ils sont questionnés, qu’ils doivent se distancer », souligne Barbara.
Pour le protocole, les aliments sont étalés sur les tables. Un intervenant et un bénévole prennent du temps avec chaque personne accueillie pour discuter de leurs choix. Et au final, elles en sont des plus reconnaissantes, souligne Barbara :
« Le fait qu’on soit en isolement, ça paraît encore plus, leur joie : c’est comme leur sortie de la semaine! On se fait dire : « C’est extraordinaire ce que vous faites, on est tellement content de vous voir! » Notre présence les réconforte, car beaucoup ont eu peur que l’on interrompe ce service. Leurs remerciements, c’est pour nous un baume en ce temps de pandémie… »
En attendant le retour à une certaine normalité…
« En dépit de la crise actuelle, le Relais d’Espérance est résilient! », soutient Barbara. La directrice rappelle qu’en temps normal, l’organisme peut compter sur sa centaine de bénévoles, ses stagiaires et les personnes qui sont sur des programmes d’employabilité.
Outre la distribution alimentaire, des services demeurent disponibles malgré la pandémie. Parfois sous une forme « réinventée », tel le café-rencontre devenu temporairement le « Café-rencontre virtuel », où il est possible de discuter en ligne avec une intervenante, comme il est toujours possible de prendre rendez-vous pour une rencontre. D’autre part, la clinique SPOT a pu reprendre récemment ses interventions. De plus, avec l’approche de l’hiver, on peut compter aussi sur rendez-vous sur le comptoir vestimentaire pour se procurer des bottes et manteaux, dons d’Amis du Relais ou d’entreprises comme Pleau (surplus d’inventaires) et Hyundai (récente collecte).
Quant aux activités initialement prévues pour le 40e anniversaire de l’organisme communautaire, « on remet ça à l’an prochain! », affirme en toute confiance Barbara Michel. La directrice conclut avec ces quelques réflexions :
« Avant la pandémie, nous avions pris un tournant plus axé dans l’intervention, car on ne voulait pas déroger de notre mission première. Or l’intervention devient de plus en plus complexe. Notre clientèle étant de plus en plus fragile physiquement, nos projets d’avenir s’orientent sur leur accessibilité à nos services pour briser leur isolement, comme la livraison alimentaire même si ce n’est pas notre priorité d’intervention en temps normal. Mais en ce moment, on est plus dans la gestion de la crise, et on se dit chanceux dans les circonstances de compter sur les subventions gouvernementales pour rester ouverts. »
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