Élections fédérales 2021 : Claude Moreau, Parti marxiste-léniniste du Canada

Monlimoilou a rencontré les candidat.e.s aux élections fédérales 2021 dans Beauport-Limoilou. Chacun.e a répondu à nos questions lors d’une entrevue-portrait orientée vers nos quartiers. Le 8 septembre, nous avons rejoint à la Brûlerie Limoilou Claude Moreau, candidat pour le Parti marxiste-léniniste du Canada (PMLC).

Élections fédérales 2021 : Claude Moreau, Parti marxiste-léniniste du Canada | 10 septembre 2021 | Article par Suzie Genest

Claude Moreau, candidat aux élections fédérales 2021 pour le Parti marxiste-léniniste du Canada, à la Brûlerie Limoilou.

Crédit photo: Suzie Genest

Monlimoilou a rencontré les candidat.e.s aux élections fédérales 2021 dans Beauport-Limoilou. Chacun.e a répondu à nos questions lors d’une entrevue-portrait orientée vers nos quartiers. Le 8 septembre, nous avons rejoint à la Brûlerie Limoilou Claude Moreau, candidat pour le Parti marxiste-léniniste du Canada (PMLC).

Claude Moreau travaille à l’hôpital Saint-François-d’Assise comme mécanicien de machinerie fixe, depuis 49 ans. Il y a aussi été président du syndicat et agent de grief.

Il a fait campagne plusieurs fois aux élections fédérales avec le Parti marxiste-léniniste du Canada, dont en 2015 et 2019. Il s’est aussi présenté aux élections provinciales avec le Parti marxiste-léniniste du Québec, notamment en 2018.

Quelles sont les priorités ou valeurs du PMLC qui vous ont amené à joindre ce parti?

« C’est le parti de la classe ouvrière et de ses alliés. Moi, je suis un ouvrier. Mon intérêt se trouve là. Ce qui m’a amené vers le parti aussi, ça date des années 1970, c’est l’humanisme et la nécessité de changement. Une des choses promues par un des slogans de l’époque, c’est “Une humanité, une lutte”, les humains d’abord. Solidairement avec ça, […] on considère qu’il n’y a pas de libération possible sans l’émancipation de la femme. »

« Il y avait la question d’être contre les préparatifs de guerre, et en faveur des peuples du monde et de leur libération, et ainsi de suite. Aussi, les droits des travailleurs. »

« On a 36 candidats aux élections, et 22 femmes sur 36. On joint nos actes à la parole. »

Quelle conclusion tirez-vous de vos défaites en 2015 et 2019? Qu’est-ce qui est différent aujourd’hui en 2021 et qui jouerait en votre faveur?

« Qui a été défait aux dernières élections? Trudeau et les conservateurs… C’est un gouvernement minoritaire qui a été élu. On le voit aussi à la sagesse du peuple : l’électeur qui n’a pas voulu donner un gouvernement majoritaire à ces partis.

Trudeau [déclenche des élections] en pleine pandémie, malgré qu’il y ait eu un vote à la Chambre des communes qui dit que ce n’était pas approprié […]. Malgré qu’il y a une loi au Parlement aussi qui dit que les élections doivent se tenir aux quatre ans. […] 80 % des gens n’ont pas voté pour lui aux dernières élections. Pour lui, être élu avec 20 % des votes, c’est acceptable.

Qu’est-ce que ça signifie? D’abord, que le vote informé, ça n’existe pas. On nous demande d’élire des représentants, mais ni les électeurs ni les députés ne fixent l’ordre du jour. Ce sont les puissants intérêts privés qui [le] déterminent. »

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« Nous autres, on est contre le fait qu’un parti forme le nouveau gouvernement. Les élections, c’est une occasion de mettre de l’avant ce qui favorise les gens, et non les riches et leur parti, C’est une occasion de prendre conscience de la nécessité de renouveler le processus politique au pays, en votant pour celles et ceux qui ne créent pas d’illusions sur le gouvernement d’un parti. […] On est faveur d’un vote informé. »

« À toutes les élections, j’entends toujours les mêmes choses :  ils sont tous pareils, on vote pour le moins pire… Mais les gens n’ont aucun pouvoir de décision. […] Qui décide? C’est ça la question que nous posons lors des élections. Nous décidons. […] C’est les électeurs, et non pas des intérêts privés. »

Qu’est-ce qui vous lie à Beauport-Limoilou?

« Depuis 50 ans, je demeure dans la circonscription, à Limoilou. J’ai fondé ma famille ici, je travaille ici, dans ma 49e année de service à l’Hôpital Saint-François-d’Assise. Mes enfants ont été élevés ici. J’ai vécu tous les problèmes et toutes les luttes des gens du quartier. La suie de l’incinérateur, les poussières de tous genres : poussière rouge, poussière noire… Je dirais même poussière blanche, lors du Sommet des Amériques, lorsqu’ils nous ont bombardés avec les gaz lacrymogènes, répandus à la grandeur du quartier.

Moi-même j’ai participé à beaucoup de luttes, entre autres pour la qualité de l’air, à l’hôpital, les problèmes que les gens vivent. »

Qu’est-ce qui distingue la circonscription, sa population, ses besoins?

« Il y en a qui qualifient [la circonscription] de pauvre. Il y a beaucoup de travailleurs et de travailleuses pauvres, mères monoparentales, jeunes professionnels avec des emplois précaires. Une question qui me turlupine depuis longtemps, c’est la santé mentale. Avec toutes les coupes qu’il y a eu dans le secteur, c’est une situation critique, quasiment un effondrement du système de santé. Ce n’est pas juste la pandémie, mais tout ce qui a créé des conditions pour ça. »

« Au début, dans le quartier, il y avait beaucoup de logements avec des annexes à l’huile, des grands logements avec des familles. L’électricité est rentrée, les logements ont été transformés : deux et demi, trois et demi… pas de famille. Là, on dirait qu’on recommence encore : rénoviction, on retire des logements du marché en les mettant Airbnb. »

« Limoilou et Beauport, on a des choses en commun : le fleuve qui est proche; la pollution, on est touché par ça. »

Voici des enjeux qui intéressent particulièrement notre lectorat. Pour chacun, quel est selon vous le plus grand défi? À quoi vous engagez-vous?

Logement

« Quelque chose m’inquiète beaucoup. Je lisais une nouvelle à l’effet qu’ils vont construire quatre édifices de 20 étages. Dans le premier : aucun logement abordable, ici pas loin… C’est des enjeux d’aménagement de la ville. Je pense qu’il faut vraiment surveiller ça de près, faire nos demandes, lutter pour faire entendre notre voix.

C’est ça, mon engagement aussi : je participe à ça, faire entendre la voix des gens. Il ne faut pas laisser les autres parler pour nous. Prenez la parole! »

Transport

« Le transport en commun, il y a beaucoup de choses à faire de ce côté-là. J’ai pensé à cette histoire-là, le 3e lien. […] C’est qui qui décide, c’est qui le promoteur, c’est dans quel intérêt? Le gouvernement municipal dit qu’il agrandit le boulevard Hochelaga jusqu’au Phare […], les terres agricoles sont mises en danger […] »

« Faire arriver les automobiles en pleine ville ici… J’ai fait du porte-à-porte dans les années 1970, la pelle mécanique détruisait des logements pour faire passer l’autoroute. Toujours plus de voitures, le développement selon les anciennes méthodes, pour favoriser l’automobile. Même si les autos [deviennent toutes] électriques, il y a du caoutchouc, ça fait de la poussière de carbone, ça contribue quand même à la pollution. »

« Le prix pour prendre l’autobus est élevé, on a besoin d’un transport en commun plus accessible. Le principal problème, c’est toujours la même chose : qui décide? Nous, on s’engage à travailler avec tout le monde, […] pour créer les conditions pour que [les citoyens] puissent prendre les décisions. C’est la clé de tous les problèmes. »

Environnement et verdissement

« Ça a rapport aussi avec le transport. […] Les navires de croisière, qui marchent avec des machines diesel […] au lieu de les brancher sur l’alimentation électrique… Quand le Port est questionné, il dit que ça coûterait trop cher. Bien ça existe à Montréal déjà, pour les navires de croisières, des connexions. Ils ne sont pas obligés de faire marcher leur diesel. Le diesel, ça contribue, avec les transports automobiles et camions, etc., peut-être au tiers de cancers du poumon. C’est de juridiction fédérale. »

« La protection des terres agricoles, à Beauport… Les gens qui aménagent des jardins collectifs, les jardins communautaires […]. Aujourd’hui, il y a beaucoup de gens éduqués dans le comté sur les questions de [qualité de l’air], il faut encourager ça. »

Main-d’œuvre et relance économique

« Il faut investir dans le capital humain. Je connais plusieurs personnes qui sont retardées de retourner sur le marché du travail après une maternité, parce qu’ils n’ont pas accès à une garderie. Viande, qu’ils investissent dans les garderies! Pourquoi les compagnies ne payent pas pour ça? Ça va libérer de la main-d’œuvre… Ça, ça touche à la direction de l’économie. »

« [Notre engagement], ça serait d’arrêter de payer les riches, première des choses. Et d’investir massivement dans le secteur de la santé, des services sociaux et de l’éducation. Ça veut dire investir dans la main-d’œuvre, la formation… C’est par là que la relance économique va se faire. »

Littoral Est

« La clé dans tout ça, c’est tout le temps : qui décide? Ce que je constate dans ce projet-là, c’est que les gens se plaignent : on n’est pas consultés. Non seulement il faudrait que les gens soient consultés, mais il faudrait que les gens décident, car ça les concerne directement. Pourquoi ce n’est pas le cas? Parce qu’il y a des intérêts privés derrière ça. […] Ils s’appellent les développeurs et les décideurs. […] Tout est fait pour nous écarter de la décision.

Il ne faut pas lâcher ce morceau-là. Si on a été capables d’empêcher certaines choses, comme pour les terres agricoles à Beauport… Ce n’est pas seulement d’être un groupe de pression. Il faut revendiquer, présenter nos demandes, mais il faut développer ça avec l’objectif de créer des conditions pour que ce soit nous qui prenions les décisions. »

Qu’est-ce que les citoyen.ne.s de votre circonscription vous ont appris jusqu’ici?

« Que ce soit les gens le plus ordinaires ou les plus éduqués, il y a quelque chose qui relie ces gens-là. Je dirais quasiment la joie de vivre! C’est le fait qu’il y a toujours eu des groupes, des citoyens qui sont organisés pour revendiquer, défendre leurs droits… C’est ce que je retiens de toutes ces voix-là qui sont mises à l’écart mais qui ne lâchent pas, au fil des années. »

« Les jeunes se questionnent beaucoup sur la direction de l’économie : qu’est-ce que je fais, à quoi ça sert, pour quoi j’irais dans ça? Ils sont préoccupés par les questions environnementales. C’est comme un souffle de vie nouvelle qui vient animer tous les comtés, à travers le Canada. »

Qu’est-il important que les gens sachent ou comprennent bien quant au rôle de leur député.e fédéral.e?

« Je ne crois pas en la démocratie représentative, qui porte au pouvoir des partis et prive de voix les électeurs, les citoyens. Je crois que les députés doivent former le nouveau gouvernement, élire le premier ministre, et choisir le chef d’état, ses fonctions et son mandat. »

« Je crois qu’il faut mettre fin au vestige colonial de la présence d’un monarque étranger, la reine d’Angleterre, à la tête de l’état, et se débarrasser en même temps des reliques médiévales que sont les gouverneurs généraux. Je crois que le rôle du député, comme celui d’un délégué, qui porte les revendications de ce que les gens ont décidé, et leur rend des comptes.

Qui décide? C’est nous qui décidons. Il faut saisir cette opportunité de faire un pas pour éliminer des vestiges étatiques conçus pour écarter le peuple du pouvoir. »

Tou.te.s les candidat.e.s confirmé.e.s au 1er septembre ont été contacté.e.s pour une entrevue. Les journalistes sont partis du même questionnaire de base, en modulant des questions de relance au besoin. Les portraits paraissent dans l’ordre où ils ont pu être complétés. Les propos des candidat.e.s ont été édités en fonction de critères de longueur, de format et de lisibilité. Les arguments, données, exemples et sources qu’ils contiennent sont rapportés sans intervention ni vérification.

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