Élections fédérales 2021 : Dalila Elhak, Parti vert du Canada

Monlimoilou a rencontré les candidat.e.s aux élections fédérales 2021 dans Beauport-Limoilou. Chacun.e a répondu à nos questions lors d’une entrevue-portrait orientée vers nos quartiers. Le 31 août, Dalila Elhak, candidate pour le Parti vert du Canada, nous attendait à Place Maizerets.

Élections fédérales 2021 : Dalila Elhak, Parti vert du Canada | 4 septembre 2021 | Article par Suzie Genest

Dalila Elhak, candidate du Parti vert du Canada aux élections fédérales 2021, dans Beauport-Limoilou. Place éphémère Maizerets, 31 août 2021

Monlimoilou a rencontré les candidat.e.s aux élections fédérales 2021 dans Beauport-Limoilou. Chacun.e a répondu à nos questions lors d’une entrevue-portrait orientée vers nos quartiers. Le 31 août, Dalila Elhak, candidate pour le Parti vert du Canada, nous attendait à Place Maizerets.

Dalila Elhak vit à Limoilou depuis mars 2012. Mère monoparentale de trois filles, elle est propriétaire d’une garderie et de Méchoui & cie, café-restaurant. Elle est également copropriétaire et directrice depuis 1999 d’une société de commerce international. Elle détient un baccalauréat en journalisme et communication obtenu en Tunisie et une maîtrise en sciences politiques de l’UQAM. Elle a travaillé entre autres dans les médias de 1993 à 1999. Depuis 2008, elle investit en immobilier, un domaine dans lequel elle a poursuivi des études.

Dalila Elhak a siégé au conseil de quartier de Maizerets de 2015 à 2016. Elle est l’initiatrice de Croque mon potager Maizerets et membre du CA de Caravane Coop, coopérative limouloise dédiée à l’entraînement en arts circassiens et connexes. Candidate pour le Parti vert du Canada dans la circonscription de Beauport-Limoilou en 2015 et en 2019, elle en est à sa troisième campagne en 2021.

Quelles sont les priorités ou valeurs du PVC qui vous ont amenée à joindre ce parti?

« C’est sûr que c’est la protection de l’environnement et la justice sociale. Et moi, qui suis journaliste de formation et qui ai une maîtrise en sciences politiques, [avec le Parti vert], je ne suis pas limitée à suivre la ligne d’un parti comme les autres partis conventionnels. Je veux avoir ma marge de manœuvre.

Si on représente les citoyens, à mon avis, on ne peut pas suivre un chef, on doit suivre la volonté de la population qui nous fait élire. C’est une priorité. »

Trois jours après notre entrevue, Dalila Elhak annonçait sur Facebook qu’elle se lançait dans la course à la chefferie du Parti vert du Canada. Elle qualifiait l’actuelle cheffe, Annamie Paul, de « honte pour le Parti vert ».

Quelle conclusion tirez-vous de vos campagnes de 2015 et 2019, qui se sont terminées par des défaites? Qu’est-ce qui est différent aujourd’hui en 2021 et qui jouerait en votre faveur?

« Moi je ne parle pas de défaites […]. Mon parcours est comme ça, c’est comme ma marque : je pars toujours de rien et j’avance. […] Je suis l’idole de mes filles, elles vont me suivre, c’est l’exemple à donner. Je suis quand même satisfaite de mes “défaites”. Ça a fait en sorte que les gens sachent que le Parti vert est là. […] J’avais bien étudié le programme, j’étais là, j’ai fait les débats avec mes connaissances personnelles… Je n’ai pas eu vraiment la visibilité pour que les gens sachent que j’étais bien candidate par conviction. »

« En 2015, j’avais proposé une serre verticale à des organismes à but non lucratif, qui n’ont pas été réceptifs à cause du manque de moyens. En 2019, j’ai avancé, mais le projet a été donné à quelqu’un d’autre, l’idée a avorté. Cette fois, je suis allée à petite échelle. J’ai proposé Croque mon potager Maizerets. […] L’idée a été adoptée par le conseil de quartier, des citoyens voulaient la concrétiser, on l’a concrétisée. Sauf qu’au niveau financier, le seul qui a voulu s’impliquer, c’est le Centre Mgr Marcoux – ni la députée fédérale ni le provincial, ni le municipal. On a commencé petit… Quand même, on avance. »

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« Il y a une urgence climatique majeure, il faut agir. Je suis la seule candidate qui n’a pas de comptes à rendre à ma cheffe ou mon chef. […] On est le seul parti qui donne la place aux candidats : ils vont changer les choses, ils veulent faire de la politique différemment. Avant la pandémie, on disait : c’est pas grave, après tout, c’est quatre ans [le mandat d’un élu fédéral]. On a vu qu’on a sacrifié nos ainés, les gens les plus démunis… On n’a plus quatre ans, on n’a plus deux ans. C’est le moment d’agir. »

Qu’est-ce qui vous lie à Beauport-Limoilou?

« Je suis ici depuis mars 2012, j’ai vécu l‘épisode de nuages de nickel et tout ce qui est métaux lourds en provenance du Port. J’étais là, à suivre Véronique Lalande et Louis Duchesne. C’est ça qui m’a encouragée à m’impliquer. Après ça, j’ai vécu un incendie et le monde ici m’a aidée d’une façon incroyable. Je n’ai pas envie de changer de scène ou d’être une simple spectatrice.

J’étais là en 2015-2016, j’ai vu que l’usine de biométhanisation – il y a de l’argent fédéral là-dedans – ils sont en train de la construire, sans consultation. »

Qu’est-ce qui distingue la circonscription, sa population, ses besoins?

« Ce qui la distingue, c’est qu’on est proche du centre-ville et de tous les polluants. On fait partie de la Basse-Ville. En Basse-Ville, il y a 10 ans de moins [d’espérance de vie] qu’en Haute-Ville. C’est connu et reconnu scientifiquement. Ce qui la distingue, c’est aussi l’entraide. Il y a beaucoup de personnes âgées, de familles, de personnes de toutes les ethnies et cultures, et l’entraide, on la trouve partout. »

Pour chacun des enjeux suivants, quel est selon vous le plus grand défi? À quoi vous engagez-vous?

Logement

« On en a parlé, ça existe dans la plateforme du Parti vert : on doit avoir une stratégie nationale de logement pour remédier à cette pénurie-là, au fait que les logements ne sont plus abordables pour les gens. […] Il faut que l’argent soit donné aux gouvernements provinciaux et municipaux, car ce sont eux qui gèrent le logement et qui ont le terrain.

Ce n’est pas juste ici, mais dans toutes les provinces, qu’il y a une urgence d’agir pour toutes les personnes qui n’ont pas les moyens. Il y en a plein, avec la pandémie, ça s’est exacerbé. »

Transport

« Si on a vraiment une volonté d’investir dans le transport en commun, on doit rendre le transport en commun gratuit. Les jeunes qui payent 60 $ par mois et qui ont 12, 13 ans, c’est inacceptable. Ils ont essayé le transport en commun gratuit dans les pays scandinaves, dans plusieurs pays. Pourquoi pas nous? Même ici, dans certaines régions, à Gatineau, ils ont essayé, ça fonctionne, ce n’est pas déficitaire. Si on veut vraiment diminuer la congestion, il faut rendre le transport en commun gratuit. »

« Si on pense à tout l’argent investi dans le tramway et le 3e lien, alors qu’on sait très bien qu’il n’y a aucune nécessité pour le projet du 3e lien… Si on investit plutôt dans la santé des gens et qu’on offre le transport en commun gratuit, ça va être l’idéal pour tout le monde. »

« C’est quoi la priorité? Le transport ou la santé? Quand on va à l’urgence, est-ce qu’on préfère avoir un tramway ou être soigné? Il faut être rationnel pour faire les bons choix au bon moment. »

Environnement et verdissement

« Ce qui me fait vraiment de la peine, surtout ici au Québec, c’est qu’il reste juste 2 % des terres agricoles. Et [le chiffre de] 2 %, ça date de quelques années… L’étalement urbain, c’est une menace. »

« Si je me fais élire, la première des choses, c’est qu’il faut mettre de l’argent pour éliminer l’incinérateur, donner l’accès à la population à la baie de Beauport et au fleuve en général. Faire en sorte qu’on préserve nos cours d’eau. Avec le réchauffement climatique, on risque de perdre 75 % de nos cours d’eau. »

« C’est une priorité, verdir nos rues. Mon projet, c’est sûr que c’est verdir toute la province, mais ici dans Beauport-Limoilou, il y a plein d’endroits à verdir. Si j’ai le choix, c’est sûr que ça va être des arbres fruitiers, pour que tout le monde puisse se servir. »

« Un autre projet que j’ai, c’est d’acquérir les terres des Sœurs de la Charité et les développer  avec des étudiants de l’Université de Sherbrooke et de l’Université Laval, pour créer la première serre verticale dans la ville. Comme ça, on n’a pas besoin d’aller chercher nos aliments aux États-Unis, payer le transport. Notre autonomie doit commencer maintenant […] en matière d’eau et alimentaire. On doit protéger nos cours d’eau, […] faire le ménage, […]  laisser la biodiversité vivre. […] Une fois après les élections, moi ça va être rapide et drastique! »

Main-d’œuvre et relance économique

« Moi aussi, j’ai une petite entreprise, on vit ça au quotidien. Ottawa a démontré son incapacité à gérer les programmes d’immigration. Ils sont même incapables de régler le problème des paies Phénix, qui date de Steven Harper! »

« Pour moi, c’est important de donner aux provinces, surtout que le Québec a déjà son programme en matière d’immigration, le programme des travailleurs temporaires, le programme de la réunification familiale. Même au niveau des réfugiés… Si on donne plus de marge de manœuvre au Québec, il va gérer les nouveaux arrivants, les intégrer doucement. Ils vont devenir des acteurs dans la relance économique. »

« Les entreprises sont en train de fermer! Ma fille la plus jeune a 13 ans, elle a appliqué pour un job d’été. Ils lui donnent un temps complet, maintenant elle a ses cours. Ça n’a pas de sens! […] Pourquoi on n’a pas eu la même gestion de la pandémie que la Nouvelle-Zélande? Pour un pays comme nous, je trouve ça honteux. »

Littoral Est

« Moi je m’engage, avant n’importe quel projet […], s’il y a de l’argent fédéral injecté là-dedans,  à ce qu’il y ait une consultation, être à l’écoute des gens. On ne doit pas imposer des projets juste pour des intérêts économiques, pour donner ça à des multinationales étrangères. »

« J’ai participé aux activités contre ce projet-là et j’ai vu à quel point le monde en a ras-le-bol. Il n’y a personne qui les écoute. […] C’est important de mettre de l’argent dans le bien-être des gens, de faire en sorte qu’ils soient entendus, qu’on améliore leur qualité de vie. »

Qu’est-ce que les citoyens de Beauport-Limoilou vous ont appris jusqu’ici

« Ce que j’ai appris des gens d’ici, c’est qu’il est possible de réaliser des projets à petite échelle. Il y a un groupe de citoyens super inspirants, Croque ton quartier à Beauport, qui ont pris une terre qui appartenait à la Ville, pour faire de l’agriculture urbaine, faire un espace de vie pour les enfants, les aînés. C’est la même chose qu’on essaie ici, à Maizerets. »

« Il ne faut pas baisser les bras, il faut s’organiser, […] les citoyens de la circonscription, ça fait tellement longtemps qu’ils attendent! Avec la pandémie, ça a réveillé un esprit révolutionnaire, une façon de prendre les devants. »

Qu’est-ce qui est important que les gens sachent ou comprennent bien quant au rôle de leur député.e fédéral.e?

« Depuis que je me suis présentée avec le Parti vert en 2015, les gens parlent du vote stratégique : il faut battre les libéraux avec les conservateurs ou les conservateurs avec les libéraux. […] On a vu que partout dans le monde, des élu.e.s [du mouvement des Verts mondiaux] peuvent changer la donne. Pas besoin de voter stratégique comme avant. Maintenant, notre vie est en jeu, il faut voter pour quelqu’un qui est impliqué. »

« On veut quelqu’un qui est engagé dans son comté et qui est présent. C’est une question de jours pour commencer à travailler sur le terrain. […] On a besoin de leadership et de force; quelqu’un qui est élu, cette force-là, il peut la transmettre aux gens. »

Tou.te.s les candidat.e.s confirmé.e.s au 1er septembre ont été contacté.e.s pour une entrevue. Les journalistes sont partis du même questionnaire de base, en modulant des questions de relance au besoin. Les portraits paraissent dans l’ordre où ils ont pu être complétés. Les propos des candidat.e.s ont été édités en fonction de critères de longueur, de format et de lisibilité. Les arguments, données, exemples et sources qu’ils contiennent sont rapportés sans intervention ni vérification.

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