Félix Girard, illustrateur : quand la passion trace la voie
Depuis 2011, Félix Girard se distingue comme artiste, notamment par le regard ludique qu’il porte sur son coin d’adoption. Dans sa maison-atelier de Lairet, le jeune peintre et illustrateur originaire de Sainte-Brigitte-de-Laval nous raconte son parcours et partage quelques-unes de ses réalisations.
Au début de sa déjà fructueuse carrière, le talent de l’artiste autodidacte avait été mis au profit de notre collectivité pour une campagne de financement après l’incendie de Fourrure Roméo Falardeau. Il a immortalisé l’événement alors qu’il habitait tout près de là. Depuis, Félix Girard a joint les rangs de nos nombreux créateurs limoulois qui font rayonner leur quartier au-delà de ses frontières…
L’étape de l’esquisse… sous l’étalage de nombreuses canettes de bière de La Souche.
D’où vient ta passion pour la peinture, Félix, et comment l’as-tu cultivée jusqu’à en faire plus tard ton métier?
Très jeune, j’ai baigné dans la peinture, mes parents étant aussi artistes. On avait un atelier à la maison, et ils m’ont encouragé à dessiner. Je m’inspirais de bandes dessinées européennes comme Spirou ou, par exemple, de la revue québécoise Safarir. Clairement, la peinture et l’illustration m’attiraient, mais pas encore dans l’idée d’en vivre un jour.
En 2007-2008, à 18 ans, j’ai séjourné en France. J’avais un petit appartement à Lyon. Dans des bars et café, j’ai fait mes premières expositions de peinture, incluant une trentaine de tableaux d’acrylique. J’ai visité plein de villes en Europe, je me promenais dans les musées… Ça été très formateur. En plus des ventes sur place, j’avais déjà des commandes par internet. Pierre Martin entre autres, architecte de Québec et ami de la famille, m’a beaucoup aidé par ses achats, et je tiens à le remercier.
De retour au Québec, j’ai étudié en architecture, un autre intérêt que j’ai développé en Europe. J’ai fait mon baccalauréat à l’Université Laval, et j’y ai rencontré ma blonde! Mais après, j’ai vraiment réalisé que la peinture et l’illustration, c’est ce que je voulais faire dans la vie. Je me suis lancé, j’ai fait de la promotion, et mon début de carrière a été plutôt rapide.
Une œuvre fraîchement reproduite tirée d’une imprimante haut de gamme.
Quelles sont tes sources d’inspiration, tes sujets préférés? Comment peut-on décrire ton style?
Mes sujets? C’est ce qui m’entoure : beaucoup Limoilou que j’habite depuis 2013, la nature où j’ai grandi, les voyages… En fait, tout m’inspire! Mais j’essaie de traiter ces sujets dans une perspective différente. Je reproduis donc dans mes tableaux ce que je vois en y ajoutant des éléments puisés de mon imagination, de la vie de quartier, de l’entraide à Limoilou. Aussi, je reprends souvent les thèmes de l’environnement et des transports alternatifs. Je ne me considère pas « activiste », mais ça me préoccupe. Pour l’avenir de ma génération comme celui de mes deux enfants.
La nouvelle étiquette d’une canette de bière que je prépare pour La Souche est un bon exemple pour expliquer mon processus de création. Quand j’ai une commande du genre – on parle ici d’une bière à l’airelle –, je fais d’abord une esquisse à l’ordinateur. Une fois l’illustration numérique approuvée par les propriétaires de la microbrasserie, j’utilise l’acrylique pour créer l’original, un peu comme on travaille l’aquarelle : je la dilue avec beaucoup d’eau afin de rendre au tableau son aspect translucide. Je commence par la couleur de fond, puis je superpose jusqu’à une trentaine de couches de peinture pour le résultat final.
La signature finale authentifiant la reproduction.
Justement, si on parlait de ta clientèle?
Pour revenir à La Souche, j’ai un contrat d’exclusivité avec ses propriétaires : j’en suis rendu pour eux à plus de 70 étiquettes de canettes! Après avoir vu l’une de mes expositions, ils m’avaient approché en prévision de l’ouverture de leur usine de production à Stoneham. Cette forme de visibilité que me donne La Souche m’a fait beaucoup connaître.
Parmi les autres commandes, je poursuis l’illustration de romans ou de livres jeunesse pour différentes maisons d’édition, comme Les Oreilles de Chester, qui vient d’être publié. J’ai aussi illustré la pochette du DVD de Fred Pellerin . Il m’avait contacté après avoir entendu parler de moi : une belle surprise! Autre exemple, ma participation en 2017 à une campagne de pub pour Jay Peak, au Vermont.
Cela dit, si je vends à l’occasion des tableaux originaux pour des collectionneurs, une grande partie de mes revenus découlent surtout de la vente, pour le grand public, de mes reproductions en plusieurs formats. En plus de ma boutique en ligne sur mon site web, comme Fred Jourdain me l’avait proposé je me suis associé avec Les Trafiquants d’art de la 3e Avenue en y louant un espace, à défaut d’avoir pignon sur rue.
Avant la pandémie, je consacrais beaucoup de mon temps à des salons comme le Toronto Outdoor Art Exhibition, le plus gros du genre au Canada, ou à des événements locaux comme le Grand Bazar des ruelles. Avec la COVID, je me suis viré de bord, j’ai mis davantage mes efforts sur la promotion en ligne et en acceptant plus de commandes d’illustrations : j’ai le loisir de les choisir, je prends ce qui me tente! Je dois donc dire que je m’en sors bien dans les circonstances…
Le parcours d’initiation à l’acériculture urbaine tenu du 27 février au 7 mars sur le site d’ExpoCité,
Quels sont tes autres projets récents et à venir, en guise de conclusion?
Dernièrement, le Grand Marché m’avait commandé la bande dessinée qui illustrait avant la relâche son rallye familial extérieur d’initiation à l’acériculture urbaine. En ce moment, je planche aussi sur un projet de petit livre pour Parcs Canada destiné aux enfants pour les sensibiliser sur une espèce de lézard en voie de disparition.
Autre projet de plus grande envergure, je travaille sur un film d’animation dont je suis le directeur artistique pour le studio To Blink. Il y a deux ans, j’ai fais un stage en République tchèque avec son équipe et Geefwee Boedoe, illustrateur sur plusieurs des films de Disney et de Pixar. Comme par ce stage, j’ai appris beaucoup sur la rédaction de récits, ça m’a aussi inspiré pour un projet plus personnel d’écriture à réaliser plus tard, soit un livre qui offrira un aller-retour entres images et histoire.
Enfin, je ferai sûrement d’autres salons quand ils seront de nouveaux autorisés. En attendant, mon carnet de commandes est plein pour plusieurs mois!
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