La présentation du projet Laurentia par des représentants de l’Administration portuaire de Québec et du CN a suscité de nombreuses préoccupations auprès des citoyens, mercredi soir, lors du conseil de quartier du Vieux-Limoilou.
Laurentia suscite la grogne et l’inquiétude
La présentation du projet Laurentia par des représentants de l’Administration portuaire de Québec et du CN a suscité de nombreuses préoccupations auprès des citoyens, mercredi soir, lors du conseil de quartier du Vieux-Limoilou.
Transport de matières dangereuses dans les conteneurs, bruit et pollution de l’air ont figuré parmi les enjeux soulevés lors de la rencontre citoyenne, qui a attiré une cinquantaine de personnes sur la plateforme en ligne Zoom. D’ailleurs, quelques liens ont circulé parmi les détracteurs du projet, dont celui de Bloquons Laurentia.
« Ce n’est pas une présentation corporative, mais une présentation visant à apporter des pistes de réponses et bonifier le projet au besoin. (…) On est dans un mode collaboratif, en vue de l’acceptabilité sociale », a résumé Anick Métivier, directeur des relations avec la communauté au Port de Québec.
« Pas à minuit moins cinq »
« On aurait aimé ce processus consultatif plus en amont, pas à minuit moins cinq. L’inquiétude est palpable chez les citoyens, et ce n’est pas une opinion marginale. (…) Dans une étude scientifique réalisée en 2018-2019 à Limoilou, près de 90 % des citoyens se sont dits préoccupés par la qualité de l’air », a rappelé Raymond Poirier, président du conseil de quartier du Vieux-Limoilou.
La conseillère municipale du district de Limoilou, Suzanne Verreault, a rappelé son opposition au projet.
« Avec mes collègues, on s’oppose à Laurentia dans sa forme actuelle. Vous parlez de faire la deuxième phase sur la rive-sud, dans un secteur moins densément peuplé qu’à Limoilou. Mais pourquoi ne commencez-vous pas par cet endroit? », a-t-elle demandé.
Le directeur principal du projet Laurentia, Hugues Paris, a mentionné que le terrain sur la rive-sud doit être à développer au complet et qu’il comporte une forte pente. « On ne peut développer ce terrain dans un horizon de cinq ans, qui représente la fenêtre d’opportunité du mouvement qu’on voit avec les conteneurs », a-t-il expliqué.
Passerelle cyclo-piétonne
Selon l’inspecteur de police du CN, Pierre Bergeron, l’enjeu majeur à Limoilou est le passage à niveau sur la piste cyclable du corridor du littoral, à la hauteur du boulevard Montmorency, entre la White Birch et l’entrée du Domaine de Maizerets. Dans le cadre du projet Laurentia, ce passage à niveau sera éliminé afin d’être remplacé par une passerelle. La Ville de Québec oeuvre de concert avec le CN et le ministère des Transports du Québec en vue de réaliser cette passerelle.
Michaël Gosselin, fervent défenseur des cyclistes qui compte parmi les administrateurs du conseil de quartier du Vieux-Limoilou, a indiqué que ce n’est pas le vélo qui devrait passer par dessus le train, mais plutôt le contraire. « On ajoute une difficulté supplémentaire pour les cyclistes », a-t-il dit.
« Je constate les efforts du port pour amoindrir les effets du projet. Malgré tout, ça demeure un obstacle pour le futur de Limoilou et de la mobilité active », a renchéri Madeleine Cloutier, citoyenne de Limoilou, investie colistière de la cheffe de Transition Québec Jackie Smith depuis mardi.
Bruit, circulation et qualité de l’air
En réponse au bruit potentiel accru évoqué par quelques citoyens, le directeur des affaires publiques au CN, Olivier Queneville, a souligné que la compagnie de chemin de fer compte installer des graisseurs de roue dans les triages. « Et les opérations plus bruyantes, comme le couplage de train, sur fera à Beauport et non à Limoilou », a précisé M. Queneville.
Quant au transport de matières dangereuses dans les conteneurs, les représentants du CN ont indiqué qu’elles oscillaient entre 2 % et 3 % sur un train unitaire de conteneurs de 12 000 pieds carrés. « Ce sont des produits souvent emballés et peu dangereux, comme de la peinture ou du lave-vitre », a indiqué M. Paris.
La circulation de transit créée par le camionnage devrait représenter en principe 10 % des opérations. « Sur les 700 000 conteneurs (la moitié en import et l’autre moitié en export), 10 % seront transités par camion. Le nombre de camions dans l’étude est plafonné; l’ingénierie du projet fait en sorte qu’on ne peut dépasser ce nombre », a expliqué le directeur principal du projet.
La qualité de l’air – un autre enjeu soulevé – devrait être touchée quelques jours durant l’année.
« La modélisation du pire scénario a été faite par des experts, SNC-Lavalin. On parle de dépassements dans le secteur à raison d’un à deux jours par année, mais notre objectif, bien sûr, est de zéro dépassement (du seuil acceptable de contaminants pour la santé humaine) », a conclu Philippe Charest-Gélinas, chef de projet – Études environnementales et relations avec les communautés chez Englobe.
Échéancier prévu de Laurentia
- Fin mars 2021 : dépôt du document à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AÉIC)
- Fin mai 2021 : livraison du rapport final
- Fin juin 2021 : décision du ministre de l’Environnement fédéral
- Septembre 2021 : décision rendue sur Laurentia si le ministre de l’Environnement demande un avis au gouverneur en conseil
- Été 2022 : début des travaux si le projet est accepté
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