Le rêve de mon père : nos études classiques à Saint-Jean Eudes

Auteur de D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs, Denys Hawey partage pour nos lecteurs et lectrices ses souvenirs de jeunesse. Il nous confie aujourd'hui le profond désir de son père de voir ses enfants « réussir ».

Le rêve de mon père : nos études classiques à Saint-Jean Eudes | 8 août 2021 | Article par Monlimoilou

Denys et son jumeau Richard avec leurs nouveaux vélos vers 1966.

Crédit photo: Denys Hawey - Archives familiales

Auteur de D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs, Denys Hawey partage pour nos lecteurs et lectrices ses souvenirs de jeunesse. Il nous confie aujourd’hui le profond désir de son père de voir ses enfants « réussir ».

Mon père, que j’appelais par son prénom, Pierre, a toujours été un bourreau de travail. Je crois que ça lui venait en partie de son enfance. L’aîné des garçons avait profondément ressenti les difficultés financières de la famille, du temps de la crise économique, avec la fermeture du commerce familial sur la 5e Rue, puis les emplois précaires qui avaient obligé son père à s’absenter très souvent.

Mais j’imagine que l’éducation judéo-chrétienne très stricte qu’il avait reçue de ses parents avait aussi contribué à façonner le caractère travaillant du jeune Pierre. Pierre avait appris qu’on n’avait rien pour rien : il fallait que ça fasse mal, sinon, on ne recevait pas les bons résultats!

En plus de son emploi régulier comme fonctionnaire municipal, Pierre occupait toujours au moins deux side lines, des emplois à temps partiel qui l’accaparaient les soirs et weekends : boucher chez Dugal, vendeur de billets à la piste de courses, etc.

Outre ces charges de travail, mon père trouvait le temps d’entreprendre de gros travaux d’amélioration à la maison : tout son temps était compté. Il ne chômait pas!

Ses emplois à temps partiel lui permettaient de rehausser un tant soit peu le niveau de vie familial. Il pouvait ainsi acheter des bicyclettes aux jumeaux, mais surtout, il économisait afin de pouvoir envoyer les jumeaux dans un collège classique.

Lui, qui n’avait pu se payer des études, était obsédé par l’idée que ses jumeaux étudient longtemps pour détenir un titre professionnel : avocat, notaire, ingénieur, etc. Mais son rêve, c’était de voir, un jour, un de ses jumeaux – ou pourquoi pas les deux? – devenir des comptables agréés, comme son cousin Ghislain Hawey.

Lorsque Pierre revenait d’un de ses emplois de soirée, il venait se coucher avec ses jumeaux qui étaient déjà assoupis depuis longtemps. Il se collait sur l’un et sur l’autre et il leur chuchotait à l’oreille :

« Quand vous allez être grands, vous irez à Saint-Jean Eudes pour faire votre cours classique. Vous allez porter l’uniforme du collège, pis vous allez devenir des professionnels comme votre père aurait aimé. Denise, pis Pierre, on va être tellement fiers de vous!  Bonne nuit, reposez-vous! »

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Mon jumeau, Richard, allait devenir ce qu’on appelait un C.A. : un comptable agréé.

Le Cégep de Limoilou, soit l’ancien collège classique Saint-Jean-Eudes, en 1984.
Crédit photo: Archives de la Ville de Québec

Legs pour ses deux enfants et leurs propres enfants, D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs a fait l’objet d’un article sur Monlimoilou. L’histoire de famille et la vie de jeunesse de Denys Hawey, qu’il raconte en 426 pages enrichies de photos, est disponible exclusivement à la Librairie Morency.

Souvenir précédent : Nous participions à la messe en latin.

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