Mon oncle Armand, des As de Québec

Auteur de D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs, Denys Hawey partage pour nos lecteurs et lectrices ses souvenirs de jeunesse. Lui-même doué pour le hockey, il témoigne ici d'une leçon de vie apprise de son oncle, qui s'était illustré dans ce sport avec les As de Québec.

Mon oncle Armand, des As de Québec | 24 octobre 2021 | Article par Monlimoilou

Les As de Québec. Armand est l’adjoint, assis à la gauche. Il tient son trophée de champion compteur.

Crédit photo: Denys Hawey - Archives familiales

Auteur de D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs, Denys Hawey partage pour nos lecteurs et lectrices ses souvenirs de jeunesse. Lui-même doué pour le hockey, il témoigne ici d’une leçon de vie apprise de son oncle, qui s’était illustré dans ce sport avec les As de Québec.

Quand nous étions enfants, mon jumeau Richard et moi fréquentions régulièrement nos grands cousins, les Gaudreault. Mon oncle Armand était marié à Jacqueline Lemire, la sœur aînée et la grande amie de ma mère Denise.

Les deux familles passaient beaucoup de temps ensemble. Armand et nos grands cousins, Normand, Pierre et Jean, nous avaient notamment initiés au camping sauvage. Nous partions régulièrement camper, pendant les weekends d’été, les deux familles.

Armand devenait alors le chef de clan. Lui qui venait de Saint-Félicien, au Lac Saint-Jean, se retrouvait dans son élément, dans la nature sauvage. Mon père, qui était une fleur de macadam de Limoilou, laissait toute la latitude à Armand pour qu’il exprime son naturel.

Se concentrer sur ses forces et se faire confiance

Armand dans l’uniforme des Bruins de Boston.
Crédit photo: Denys Hawey - Archives familiales

Armand était un mâle alpha. Il était sûr de lui et en pleine possession de ses moyens. Il avait eu une carrière réussie comme joueur de hockey avec les As de Québec, du temps de Jean Béliveau. puis, pendant quelques saisons, avec les Bruins de Boston. D’ailleurs, mon cousin Jean me racontait récemment qu’il arrivait à Béliveau de quitter le Colisée incognito et d’aller passer la nuit chez mon oncle Armand, pour éviter des journalistes trop insistants.

 

Un soir, Jacqueline, ma mère Denise et mon père Pierre avaient décidé de faire des courses. Armand s’était offert pour rester chez lui, à la maison, sur la 25e Rue, pour prendre soin des plus jeunes.

Je me souviens qu’avec son fils Jean, nous jouions sous la galerie vitrée. Il y avait du sable et des bouts de bois. C’était bien assez pour nous occuper et pour créer tout un monde!

Soudain, quand j’avais mis le pied sur un bout de planche, j’avais ressenti une drôle de sensation. J’avais vu apparaître une pointe de clou qui sortait de mon espadrille. En bougeant mon pied, j’avais réalisé que le bout de planche et mon pied ne faisaient qu’un. Panique, je m’étais mis à hurler!!

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Mon oncle Armand était descendu pour voir ce qui arrivait. Quand il avait constaté l’accident, il était demeuré très calme et il m’avait soulevé pour m’amener dans la galerie vitrée.

Armand m’avait assis sur un tabouret et il s’était accroupi devant moi. Il me dévisageait : nous étions tous les deux face-à-face, à peine à quelques centimètres l’un de l’autre.

Alors, encore sur un ton très calme, Armand m’avait fixé dans les yeux. Il m’avait dit :

« Denys, tu n’es pas un bébé! Tu arrêtes de pleurnicher. Tu es un grand garçon et tu es fort. Regarde-moi dans les yeux! Je vais enlever le bout de bois. Je veux que tu te concentres et que tu me regardes dans les yeux. Tout va bien se passer. Tu vas réaliser à quel point tu peux avoir confiance en tes capacités. »

Alors, effectivement, tout en soutenant mon regard, Armand avait retiré le bout de planche et le clou de mon espadrille. Je n’avais rien dit. Puis, après avoir enlevé mon espadrille et mon bas, il avait désinfecté la blessure avec du mercure au chrome. J’avais ressenti la douleur, mais je n’avais pas réagi, sinon qu’en grimaçant un peu.

Armand m’avait alors expliqué comment, en se concentrant sur ses forces et en se faisant confiance, on pouvait surmonter bien des épreuves qui, au premier abord, pouvaient apparaître insurmontables.

Le petit cul que j’étais venait d’apprendre une leçon qui lui aura servi, tout le reste de sa vie, pour passer à travers des épreuves personnelles.

Legs pour ses deux enfants et leurs propres enfants, D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs a fait l’objet d’un article sur Monlimoilou. L’histoire de famille et la vie de jeunesse de Denys Hawey, qu’il raconte en 426 pages enrichies de photos, est disponible exclusivement à la Librairie Morency.

Lire l’épisode précédent des souvenirs de Denys Hawey : La rivière Lairet : notre terrain de jeux.

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