La semaine dernière, des porte-parole de la Table citoyenne Littoral Est ont tenu une rencontre mobile avec un élu local. Le trajet à vélo dans la Zone d’innovation Littoral Est (ZILE) a permis d'entrevoir son développement dans une perspective citoyenne.
Promenade dans la ZILE : une invitation aux élu.e.s et candidat.e.s
La semaine dernière, des porte-parole de la Table citoyenne Littoral Est ont tenu une rencontre mobile avec un élu local. Le trajet à vélo dans la Zone d’innovation Littoral Est (ZILE) a permis d’entrevoir son développement dans une perspective citoyenne.
Marie-Hélène Deshaies et Marcel Paré, respectivement présidente et administrateur du conseil de quartier de Maizerets, ont orchestré l’activité. Ils ont emmené le député fédéral Jean-Yves Duclos vers trois escales durant cette première d’une série de visites. Ils espèrent en faire d’autres avec les élu.e.s et candidat.e.s de tous partis et paliers qui le souhaitent.
Le tandem était accompagné de Daniel A Guay, impliqué lui aussi à la Table citoyenne. Celle-ci s’est formée en 2020, sous l’impulsion du conseil de quartier, avec d’autres citoyens et acteurs locaux. Ils se sont mobilisés en réponse au projet d’agrandissement du Port de Québec, récemment débouté, et à celui d’une ZILE techno-industrielle, a-t-on rappelé.
Un corridor à verdir
Le parcours s’est amorcé à l’angle Canardière-Montmorency. Premier point à l’ordre du jour : gestion des matières résiduelles, qualité de l’air et santé publique. Marcel Paré a notamment fait valoir les alternatives à l’incinération et à la biométhanisation, approches retenues par la Ville de Québec. Il a questionné le discours municipal concernant ces deux pratiques.
« La Ville essaye de blanchir l’incinérateur, de le verdir, de le rendre écoresponsable », a-t-il illustré. Il a évoqué la vente envisagée de la vapeur de l’incinérateur au CHU. La Ville, a-t-il dit, veut « faire faire quelque chose qui n’était pas sa fonction d’origine » à un « équipement des années 1975 ». Celui-ci a été conçu pour l’éliminination des déchets et non leur réduction, a souligné M. Paré.
Concernant la biométhanisation, la Table estime que, quoi qu’en dise la Ville, « les méthaniseurs vont devenir une nouvelle source de polluants pour le quartier ». Marcel Paré a fait valoir les gains environnementaux du compostage, qui favorise davantage la réduction et la réutilisation.
Avant de poursuivre le trajet, Marie-Hélène Deshaies a rappelé le portrait de Maizerets et des inégalités qui caractérisent le quartier. Dans son document de « 194 pages » sur la ZILE, la Ville de Québec consacre seulement « un petit paragraphe » à cette caractérisation du quartier, s’est-elle désolée. Quelle place alors aura-t-elle dans les aménagements envisagés?
Elle a insisté sur la vaste étendue et le potentiel de la bande de terrains promis aux développements industriel, commercial, résidentiel et gouvernemental de la ZILE. Maizerets se trouve devant une « opportunité de faire passer des projets qui vont améliorer la qualité de vie et la qualité de l’environnement ». Pour la Table citoyenne, un corridor vert favoriserait la mobilité active et l’amélioration de la santé de la population. Il offrirait aussi un milieu de vie attrayant pour les résidents comme pour les commerces et services de proximité du secteur.
Un « Bâtiment 7 » au 1252 de la Canardière
Le convoi cycliste s’est ensuite arrêté devant le 1252 chemin de la Canardière, près du boulevard Henri-Bourassa. Marie-Hélène Deshaies et Marcel Paré ont souligné l’immense potentiel de requalification du bâtiment municipal et de son terrain, vers des usages communautaires. Cet ancien garage de tramway possède une bonne valeur patrimoniale, selon le Répertoire du patrimoine bâti sur le site de la Ville de Québec.
Ils y verraient bien un projet dans l’esprit du Bâtiment 7 à Pointe-Saint-Charles. Ce projet autogéré à vocation mixte a vu le jour sur d’anciens terrains du CN. Des coopératives, des organismes à but non lucratif et des citoyen.ne.s bénévoles le portent. On y trouve notamment une petite épicerie d’aliments sains de base à prix modiques et une microbrasserie artisanale. Des jardins collectifs et des ateliers collaboratifs – pour le travail du bois, la mécanique, la menuiserie, la sérigraphie, l’impression numérique et la photographie… – y sont aussi installés. Il y a un espace pour les rassemblements et activités jeunesse, un projet de CPE dans les cartons.
Il aura fallu plus de 15 ans pour concrétiser le tout à Montréal. Tout a commencé par une mobilisation en faveur d’un développement répondant aux besoins de la communauté de Pointe-Saint-Charles. Organismes et citoyens se sont opposés au projet qui devait amener là le Casino de Montréal et un centre de foires international, impliquant Loto-Québec et le Cirque du Soleil. Il a ensuite fallu parvenir à l’acquisition et à la décontamination des terrains.
À propos de contamination, qu’en est-il du bâtiment au 1252 de la Canardière? Les discussions à ce sujet, et sur d’autres éléments de la ZILE « n’ont jamais pu avoir lieu », a déploré Marie-Hélène Deshaies.
« Un des problèmes est que la conclusion est déjà faite au-dessus de nos têtes… Ce serait des informations bonnes à avoir, mais ça n’arrive pas au conseil de quartier. On a posé la question… »
Des possibilités en friche
Les friches de l’ancien dépôt à neige sur d’Estimauville ont servi de terminus au parcours. Qui s’aventurerait par-dessus la clôture verrait que faune et flore y ont déjà leurs droits, à ce qu’on en dit. De l’autre côté de ces terrains plus vastes que ce que nos yeux devinent, il y a le fleuve, a rappelé Marie-Hélène Deshaies. Une rencontre d’information et d’échanges concernant le reboisement de ce site a eu lieu en avril dernier.
La Table citoyenne verrait bien l’autoroute à cet endroit se transformer en boulevard urbain, ouvrant sur le fleuve. Et sur les friches de l’ancien dépôt à neige, elle imagine un projet social, environnemental et urbain, un peu comme le Champ des Possibles.
Ce projet d’innovation communautaire montréalais se déploie sur environ un hectare d’anciens terrains vagues dans la partie Est du Mile End. Ces terrains, contaminés, ont été zonés Espace Vert Parc par la Ville de Montréal. Un organisme s’est constitué pour veiller à la protection de l’espace vert naturel et de sa biodiversité, mais aussi à la mise en valeur de sa flore, de son histoire et de son patrimoine. L’organisme œuvre en collaboration avec les administrations de la Ville et de l’arrondissement.
La gouvernance…
Un organisme à but non lucratif doit se former pour le suivi du développement de la ZILE, ont rapporté Marie-Hélène Deshaies et Marcel Paré. Une personne y représentera le conseil de quartier. Ce sera la seule bénévole entourée de 14 représentant.e.s à l’emploi de la Ville, de l’Université, du Port de Québec et de grandes entreprises, ont souligné les deux guides. Des acteurs consensuels partageant des intérêts différents de ceux des citoyens, et ayant de meilleures ressources à consacrer à la lecture de rapports volumineux et autres démarches, évoquent-ils.
Ce que la Table citoyenne et le conseil de quartier de Maizerets souhaiteraient plutôt, c’est un modèle de gouvernance partagée. On en retrouve notamment à Montréal, où des instances de concertation se créent et on alloue des ressources à la communauté pour les projets d’innovation sociale, a fait valoir Marie-Hélène Deshaies.
C’est entre autres le cas pour Solidarité Ahuntsic, qui planche sur la requalification de la friche d’une ancienne fourrière, le Site Louvain.
« La planification est réalisée par un Bureau de Projet Partagé réunissant des représentant.es de la Ville de Montréal, de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville et de la table de concertation Solidarité Ahuntsic (comité de pilotage Louvain Est). Cette gouvernance partagée est un projet-pilote qui a le potentiel de devenir un modèle en matière de démocratie participative dans les projets urbains », explique le site web de l’initiative.
Une prochaine étape
Ces idées et d’autres encore, Marie-Hélène Deshaies et Marcel Paré ne désespèrent pas de les faire avancer. Même si, répètent-ils, la consultation espérée pour les citoyen.ne.s sur la ZILE n’a pas eu lieu. À ce sujet, dans un communiqué du 12 juillet concernant une consultation sur les « Quartiers de la Canardière », le maire Régis Labeaume mentionnait :
« Lors de l’annonce de la candidature de la Ville pour le projet de la Zone d’innovation Littoral Est, nous avions déjà prévu de favoriser la participation citoyenne concernant le développement des milieux de vie dans ce secteur. Toutefois, avec l’arrivée du tramway, la Ville souhaite maintenant étendre sa réflexion quant à la planification urbaine aux pourtours du tracé. Celui-ci s’inscrit au coeur des quartiers de Maizerets et du Vieux-Moulin et élargit ainsi la portée de la démarche. »
Cette consultation en ligne, débutée lundi, se poursuit jusqu’au 27 septembre. Des rencontres avec des acteurs du milieux auront lieu en septembre, selon le communiqué de la Ville de Québec.
Le conseil de quartier de Maizerets et la Table citoyenne Littoral Est, eux, poursuivent leur démarche. Au-delà des idées, résolutions, questions et réactions à diverses annonces par voie de communiqué, ils ont organisé des ateliers. Un plaidoyer dévoilé à l’automne 2020 fait état de leur vision pour le développement du littoral Est, mais aussi des acteurs locaux qui ont joint leur démarche.
En février, on a assisté à un concours de design urbain, sous forme de charrette, intitulé Rêvons le Littoral Est. Des étudiant·e·s et diplômé·e·s en architecture et en aménagement du territoire ont travaillé en équipes de deux à quatre sur des propositions d’aménagements. Après un vote du public, deux équipes ont reçu un prix. Elles avaient respectivement planché sur un parc communautaire et la revitalisation des battures du fleuve (image en tête d’article).
La Table citoyenne littoral Est entend maintenant saisir l’opportunité de la double période électorale pour mener sa démarche à un autre niveau.
Pour en savoir plus ...
2025, rue Adjutor -Rivard , Québec (Québec), G1J 1S2
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