Auteur de D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs, Denys Hawey partage pour nos lecteurs et lectrices ses souvenirs de jeunesse. L'auteur raconte avec beaucoup d'humour une autre tradition religieuse de son époque : le commerce des indulgences
Le commerce des indulgences
Auteur de D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs, Denys Hawey partage pour nos lecteurs et lectrices ses souvenirs de jeunesse. L’auteur raconte avec beaucoup d’humour une autre tradition religieuse de son époque : le commerce des indulgences
Mon grand-père était un fervent croyant catholique. Il n’était pas pour autant un mystique fini. Non, tout en étant pratiquant, grand-papa Hawey était aussi un homme pratique.
J’en tiens pour preuve cette pratique, justement, qu’il avait d’offrir des indulgences pour ses proches. Pour ceux qui nous avaient quittés, évidemment, mais aussi pour les autres qui vivaient encore, voire pour lui-même.
Et il n’était pas le seul! Le commerce des indulgences avait autrefois été très fructueux. Depuis plusieurs siècles, et jusque dans les années 1960, les catholiques achetaient des indulgences pour éviter les flammes de l’enfer, ou encore pour réduire leur temps à passer au purgatoire.
La « Wawanesa » de l’au-delà
Les indulgences constituaient en quelque sorte des crédits qui étaient soustraits de la valeur des péchés. C’était un peu comme une assurance-vie, la « Wawanesa » de l’au-delà! On aurait presque pu lire des promotions du genre « Protection Réclamations pardonnées » ou « Programme de fidélité assurée », « Offrez-vous le ciel : profitez de privilèges qui s’accumulent au fil des années! »
Le problème, c’était que, dans « l’autre monde », il n’y a rien d’assuré! Et puis, le temps constitue une variable plutôt floue, dans ces Eaux-là!
La réduction de temps au purgatoire, consentie à l’achat d’une indulgence, aurait pu s’apparenter aux rabais offerts par certains commerces terrestres. Par exemple, ceux de « Sears », comme disait grand-maman Hawey : « 30 % de rabais sur les matelas ». C’était bien
alléchant, mais la publicité ne disait rien sur le prix régulier ni sur le nouveau prix après rabais.
Alors, un peu comme pour ajouter des bretelles à sa ceinture, mon grand-père avait aussi adopté l’habitude de faire chanter des messes pour ses proches disparus. Il contribuait activement au commerce religieux par l’achat régulier de messes pour ses parents et pour ses amis.
Au final, il devait planifier un budget, tout de même assez imposant dans ce bas-monde, pour donner la chance à ses proches, et à lui-même, de se préparer une meilleure vie dans l’autre monde.
Croire pour gagner son Ciel
D’une certaine façon, grand-papa était un joueur « intemporel », qui s’appuyait sur l’église, dans l’espoir d’obtenir une deuxième vie meilleure, un peu comme d’autres, plus « terre-à-terre », dépensent de petites fortunes en pariant dans les jeux de hasard, espérant améliorer leur sort ici-même par un gain immédiat.
En un sens, grand-papa était un tenant du pari de Pascal. Vous savez, ce monsieur Blaise Pascal, philosophe et mathématicien français, qui avait mis au point un argument tentant de prouver qu’une personne rationnelle a tout intérêt à croire en Dieu, que Dieu existe ou non.
Ainsi, selon l’argumentaire de Pascal, si Dieu n’existe pas, le croyant et le non-croyant ne perdent rien ou presque. Par contre, si Dieu existe, le croyant gagne le Ciel, alors que le non-croyant risque de se retrouver enfermé en enfer pour l’éternité. Et, comme tout le monde le sait, l’éternité, c’est long… surtout vers la fin!
Legs pour ses deux enfants et leurs propres enfants, D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs a fait l’objet d’un article sur Monlimoilou. L’histoire de famille et la vie de jeunesse de Denys Hawey, qu’il raconte en 426 pages enrichies de photos, est disponible exclusivement à la Librairie Morency.
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