Pour clôturer la Semaine de la Santé mentale, la population était invitée vendredi à découvrir les attraits de Demi-Lune. Cet organisme communautaire, depuis 24 ans, accueille toute personne éprouvant des problèmes d'insomnie, en plus d'offrir un service téléphonique dorénavant étiré sur sept nuits/semaine.
Demi-Lune : visite d’un lieu phare pour les noctambules
Pour clôturer la Semaine de la Santé mentale, la population était invitée vendredi à découvrir les attraits de Demi-Lune. Cet organisme communautaire, depuis 24 ans, accueille toute personne éprouvant des problèmes d’insomnie, en plus d’offrir un service téléphonique dorénavant étiré sur sept nuits/semaine.
Animée par les intervenants de Demi-Lune, des membres et sa directrice Caroline Caron, la Journée portes ouvertes soulignait aussi la reprise depuis octobre des activités régulières de centre de nuit perturbées par la pandémie.
Niché au deuxième étage de l’immeuble de la Librairie Canadienne, face au IGA Pierre Jobidon, l’organisme a pu aussi compter sur la visite de Gilles Simard, ex-journaliste et auteur du récit autobiographique Basse-Ville blues. Il est aussi connu pour son passé d’intervenant en santé mentale et son engagement communautaire.
« Des gens partageant la même problématique, du fun ensemble. »
Laurence Déry avait raconté en 2015 sur Monlimoilou son expérience d’une nuit chez Demi-Lune. Elle y évoquait sa rencontre avec Caroline Caron, en plus des confidences d’habitué-e-s :
« 1994. Caroline, étudiante au cégep, imagine son projet pilote. L’idée d’un centre de nuit lui a été soufflée par un monsieur atteint de schizophrénie. Pour les noctambules et fidèles abonnés aux insomnies, les lieux sociaux sont limités. Les casse-croûte 24 heures demandent de consommer, pas seulement le même café froid que l’on prolonge et prolonge encore… »
Vendredi dernier, la diplômée en travail social a tenu à nous souligner sa gratitude envers ce monsieur « avec qui je m’entendais bien » : le cofondateur André Gilbert. À une époque marquée par la désinstitutionalisation, il lui avait raconté comment, lui et ses pairs qui pour plusieurs raisons – médication, choix, etc. – ne dormaient pas la nuit, en venaient à être perçus comme des clients indésirables. « Me retrouver avec du monde ayant la même problématique sans l’impression d’être jugé, et avoir du fun ensemble » : tel était le vœu qu’André avait exprimé à Caroline.
De ce désir a mijoté un projet commun qui s’est concrétisé en 1998 avec l’ouverture de Demi-Lune. « Dans un endroit central », précise la cofondatrice et directrice.
Si l’on fait exception des deux dernières années chamboulées par la pandémie, Demi-Lune accueille du jeudi au dimanche une vingtaine de personnes par nuit en moyenne, estime Caroline.
« Des exemples? Des gens qui vivent de l’isolement, un étudiant incapable de dormir, un voisin qui n’endure plus le party d’à côté… Aussi, ceux et celles qui nous fréquentent se connaissent souvent entre eux. […] Il peut arriver que des personnes itinérantes cognent à la porte, que d’autres soient en consommation. Mais on ne peut pas les accueillir, n’étant pas équipés pour faire de l’hébergement. Pour les autres, on leur demande de revenir à jeun », clarifie Caroline.
Des locaux pour diverses activités ou répondant à des besoins
Déjà, l’entrée agrémentée d’une magnifique murale laisse filtrer la chaleur qui se dégage du lieu central des activités de Demi-Lune, l’accueil des noctambules y étant assuré par les deux sympathiques intervenants Michel et Sophie.
Dans la double et vaste salle d’accueil et à manger, « on peut venir y jouer au billard, aux cartes, jaser entre amis, écouter la télé et profiter d’un goûter », résume Caroline. « On se sent comme chez soi, la seule chose que l’on vend étant les liqueurs à 1 $. » C’est ici que se tiennent les principales activités de groupe, telles que « l’activité bouffe une fois par mois, les Soirées Bingo et les tournois de billard pour les membres, et notre Souper de Noël regroupant une cinquantaine de personnes ».
La salle de relaxation est la seconde pièce en superficie. On peut y prendre pour soi quelques instants tranquilles à l’écart. Cette salle ne sert donc pas à y dormir, mais bien à développer de meilleures techniques de relaxation pour favoriser le sommeil, explique la directrice.
Pour sa part, la salle Internet, avec ses six postes de travail, a été installée il y a une vingtaine d’années. « Avec la généralisation des cellulaires, convient Caroline, sa présence est certes moins justifiée, mais il faut aussi comprendre qu’il y en a qui ne sont pas branchés chez eux. »
À toutes ces installations de Demi-Lune s’est greffée plus récemment la salle de cinéma dans un local qu’avait délaissé l’ancien propriétaire de l’immeuble, un antiquaire.
« C’était à l’origine une salle de fumeurs. Comme la loi anti-tabac est devenue plus sévère, qu’il fallait fumer dehors, nous l’avons transformé en salle de cinéma maison », explique la directrice, une cinéphile qui s’assure de bien l’alimenter en films et d’organiser des Soirées cinéma.
Enfin, Caroline adresse de bons mots à Home Dépôt pour sa récente contribution à l’aménagement d’un bureau des plus fonctionnels pour les intervenant-e-s.
Cela dit, en plus des différentes commodités et activités offertes aux usagers et usagères de Demi-Lune, un deuxième type de service a été bonifié avant les Fêtes de 2020 : l’écoute téléphonique, accessible depuis toutes les nuits, « un besoin exacerbé par la pandémie », explique Caroline. Ce service est assumé de 22h à 6h.
Sur le dévouement des usagers et usagères
Pour son fonctionnement, Demi-Lune est soutenu par le CIUSSS de la Capitale-Nationale, Centraide, des communautés religieuses. Il y aussi l’autofinancement grâce au bingo Jean-Talon et à Moisson Québec.
Comme bien d’autres organismes communautaires, le centre de nuit a certes souffert de la pandémie, mais il a tout de même réussi à maintenir le cap en dehors des périodes de fermeture engendrées notamment par un manque d’employé-e-s. « On a quand même pu fonctionner en étant seule et avec l’aide de notre Comité d’usagers », exprime la directrice avec reconnaissance.
Aujourd’hui, à défaut de bénévoles – l’aspect nocturne de Demi-Lune étant pour la plupart rébarbatif – l’implication des gens qui fréquentent l’organisme est fortement encouragée. « Par exemple, quelqu’un qui veut du café va le faire et le servir aux autres. Et le dimanche, on fait le ménage en collectivité! », conclut sur un ton amusé Caroline Caron.
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