Des journalistes en chair et en os vivent dans nos quartiers. Kathryne Lamontagne est à l’emploi du Journal de Québec depuis 13 ans. De la couverture des faits divers jusqu’au bureau d’enquête, elle a gravi les échelons de l’empire Québecor. À Limoilou, elle a trouvé son petit coin de bonheur et y a fondé sa famille.
L’idée de devenir journaliste a germé dans la tête de Kathryne Lamontagne durant ses années au cégep.
Impressionné par son travail, un professeur lui a demandé si elle avait pensé faire ce métier dans la vie. L’enseignant trouvait qu’elle avait les qualités nécessaires pour faire une bonne reporter. Il avait vu juste.
« J’avais une très grande connaissance générale et j’étais extrêmement curieuse. Je posais des questions sur tout. Je me mêlais de ce qui ne me regardais pas trop », raconte Kathryne Lamontagne.
Le coup de foudre
La jeune femme a attrapé la piqûre du journalisme lors de ses années universitaires en communication publique.
« Ça a été un déclic total. Je savais que c’était ça que je voulais faire », se
remémore-t-elle.« À l’époque, on disait que c’était beaucoup d’appelés et peu d’élus, que c’était difficile de trouver un travail là-dedans. Mais ça ne me dérangeait pas. Je voulais vraiment faire ça! »
À l’Université Laval, Kathryne s’est investie dans les médias universitaires, à la radio et en presse écrite.
Passionnée de culture, elle avait un penchant pour les arts et spectacles. Elle dirigeait alors l’équipe culturelle d’Impact Campus et l’émission culturelle à CHYZ 94,3.
Pendant son parcours universitaire, elle a aussi étudié une année à l’école de journalisme de Louvain-la-Neuve. En Belgique, elle s’est ouverte à d’autres horizons.
« Je n’avais pas le choix de m’imprégner de la nouvelle, de l’actualité. J’ai aimé cette expérience. Ça me sortait de l’univers des spectacles, du théâtre, de la musique et de la poésie. J’ai trouvé ça très intéressant », se souvient-elle.
Kathryne a ensuite fait un stage de fin d’études à TVA Québec. Elle a réalisé des reportages et couvert toutes sortes de sujets différents.
« C’est comme si l’univers culturel m’avait amenée à un journalisme plus de terrain. Ça s’est dessiné comme naturellement au fil des ans », explique-t-elle.
Puis, à l’automne 2009, le Journal de Québec l’a engagée. Plus d’une décennie a passé. Elle y est toujours.
Au sein de cette entreprise, elle s’est épanouie. À travers toutes ces années, son employeur lui a permis de travailler sur des projets personnels.
Elle a notamment écrit deux livres : Le Dernier Procès – L’affaire Jacques Delisle et 105 jours en Asie, qui découle évidemment d’un voyage qu’elle a fait sur ce continent.
« Le Journal m’a toujours donné ce dont j’avais besoin pour m’épanouir comme journaliste. Je n’ai jamais pensé partir », exprime-t-elle.
L’amour est dans le quartier
En 2014, Kathryne et son conjoint sont devenus propriétaires dans Limoilou. Ils arrivaient de l’avenue Cartier et recherchaient « la même effervescence » qu’ils avaient connue là-bas. Ils n’ont jamais été déçus de leur choix. La journaliste se plaît dans le quartier et apprécie le fait qu’il y ait un peu de tout.
« C’est le meilleur de tous les mondes. »
À Limoilou, elle et son conjoint sont devenus parents de deux enfants. La propriété familiale est passée de deux à quatre occupants.
« Small is beautiful », résume Kathryne Lamontagne.
Cette dernière aime la proximité que lui offre le quartier.
« Tout est proche, c’est ça qui est le fun », dit celle qui aime se déplacer à pied.
Pour cette entrevue, elle s’est d’ailleurs rendue au café Nektar en marchant, malgré la pluie battante.
« Les transports actifs, ça me rejoint. »
En fait, elle aime beaucoup de choses de son milieu de vie.
« J’aime le dynamisme de la 3e Avenue. J’aime les arbres de Limoilou. J’aime courir sur le bord de la rivière. Ça serait difficile de quitter », partage-t-elle.
« Il y a des espaces verts et plein de parcs pour les enfants, c’est fantastique. »
À Limoilou, elle a découvert la vie de ruelle. Elle ne connaissait pas ça. Son chum non plus.
« C’est trop bien, la vie de ruelle! », lance-telle.
« Beau temps, mauvais temps, les enfants jouent ensemble dehors dans la rue. On a un voisinage exceptionnel. »
Quant à ses commerces préférés, en tête de liste se trouve le café Sobab.
« Je survis grâce au Sobab », révèle la mère de famille.
Elle aime également la bonne bouffe et prendre un verre avec des amis. La Planque et Le Cendrillon sont ses restos de prédilection.
Pour les « cadeaux de dernière minute », elle se rend à la boutique Article 721. De plus, elle fréquente l’épicerie en vrac La Récolte.
« Tous les commerces du coin nous sont utiles, presque au quotidien. Ç’est agréable. »
Une vie bien remplie
De l’avis de ses proches, Kathryne a un « agenda de ministre ».
« J’aime que mes journées soient remplies. Je déteste perdre mon temps », indique-t-elle.
Fille occupée, elle essaie de trouver le temps de tout faire. Ce qui n’est pas toujours facile.
« La vie va tellement vite. Il me faut du temps pour le travail, pour m’entraîner, pour mes enfants, pour mon chum, pour mon père, pour ma mère, pour m’amuser, pour mes amis, pour voyager, pour relaxer, pour faire mon lavage. Quand tu mets tout ça dans un agenda, tu te rends compte que ce n’est pas trop long que ça déborde. S’il y avait 35 heures dans une journée, ce serait génial. Mais chaque journée a juste 24 heures, il faut en profiter! », affirme-t-elle.
Pour que la vérité éclate
Depuis quelques mois, Kathryne est rattachée à l’équipe d’enquête de Québecor. La journaliste d’expérience apprend toujours des choses, et continue de s’améliorer dans la pratique de son métier.
« C’est encore super formateur », souligne-t-elle.
Elle creuse des histoires pour que « la vérité éclate » au grand jour.
« J’aime que les gens qui n’ont pas été entendus, qui n’ont pas eu gain de cause, pendant des années, aient une voix », précise-t-elle.
Dernièrement, Kathryne Lamontagne a écrit sur le climat toxique chez SOS violence conjugale. Le syndicat avait dénoncé la situation, mais personne n’avait vérifié les faits.
Elle s’est donc entretenue avec des anciens employés, qui ont confirmé des gestes de harcèlement et de manque de respect de la part de la direction.
« J’aime faire du journalisme utile », mentionne-t-elle.
Il y a plusieurs années, en 2014, Kathryne et un collègue du Journal de Montréal, Stéphan Dussault, ont remporté le prix Judith-Jasmin dans la catégorie Journalisme de service. Dans leur reportage intitulé « Payer pour du mauvais poisson », ils ont mis en lumière un problème important, méconnu et qui touche tout le monde.
Ils ont multiplié les démarches pour exposer la fraude tout au long de la chaîne d’approvisionnement, jusque dans nos assiettes. Ils ont aussi démontré le laxisme des autorités, qui devraient pourtant nous protéger.
Le jury a été séduit par la rigueur de leur travail et l’équité du traitement journalistique. Au total, le duo a fait analyser en laboratoire 167 échantillons de poissons.
« On avait fait le tour du Québec », se rappelle-t-elle.
« Chaque fois qu’on allait dans un restaurant ou une poissonnerie, on commandait des trucs et on partait avec des échantillons de poissons, dans ma sacoche, dans des éprouvettes. », relate-t-elle.
« Au bout de cette enquête, qui s’est étirée sur presque six mois, on s’est rendu compte que dans la moitié des cas, ce qu’on commandait, ce n’est pas ce qu’on recevait. (…) C’était difficile de retracer où il y avait un manque dans la chaîne d’approvisionnement, mais chose certaine, il y a quelqu’un, quelque part, qui s’en mettait plein les poches. Au final, c’est le consommateur qui paie plus cher pour un produit qui n’a pas cette valeur. Ce genre de journalisme m’allume. »
Sans surprise, le dossier le plus marquant de sa carrière est définitivement celui de Jacques Delisle.
Initialement, l’ex-juge avait été reconnu coupable d’avoir tué son épouse, et a finalement été libéré dernièrement de l’accusation de meurtre prémédité qui pesait contre lui. Le juge avait prononcé l’arrêt du processus judiciaire en raison de la violation des droits constitutionnels de M. Delisle, ce qui en fait un homme libre.
Kathryne n’en a pas encore fini avec cette saga judiciaire, entamée il y a dix ans.
« J’ai commencé à travailler sur cette affaire en 2012. À ce moment, je n’avais pas de chum, pas d’enfant, pas de maison. Ça faisait trois ans que j’étais au Journal. Encore aujourd’hui, à 36 ans, avec maintenant un chum, deux enfants et une maison, je n’ai pas fini de travailler là-dessus. »
À l’écouter parler, on en déduit facilement qu’elle a fait le bon choix de carrière. Kathryne Lamontagne est née pour devenir journaliste. Ça fait partie de son ADN.
« J’aime tellement mon métier. J'ai du plaisir à être journaliste. C’est une passion! »